Vers une instrumentalisation du cinéma d’animation ?
De la propagande à la censure : l’exemple de Blitz wolf de Tex Avery (1942)
FICHE PROFESSEUR
Problématique :
– En quoi un dessin animé peut-il être agent ou objet d’histoire ?
– Montrer en quoi la caricature animalière est un vecteur adapté et pertinent pour transmettre une idéologie à travers l’exemple du cinéma d’animation (plus particulièrement de l’adaptation d’un conte) mais aussi de la bande dessinée ?
Objectifs :
– Analyser et interpréter un dessin animé au prisme de la méthode historique.
– Montrer que les règles de la propagande politique sont aisément transposables au cinéma d’animation.
– Analyser l’utilisation et la fonction de la caricature animalière dans différents vecteurs médiatiques et populaires (conte, dessins animés, bandes dessinées)
I. The Blitz wolf : une source historique
The Blitz Wolf, dessin animé de Tex Avery parut en août 1942, apporte la preuve du rôle primordial que peut jouer l’image en mouvement dans la perception des évènements historiques. Ainsi, ce film d’animation est un objet d’Histoire à plus d’un titre.
D’abord, parce qu’il (re)présente à grands traits stéréotypés l’idéologie d’une époque. En effet, ce dessin animé Le titre The Blitz wolf fait sans doute référence à la tactique de blitzkrieg (guerre éclair) menée par les allemands au début de la guerre daté de 1942 retrace un pan entier du conflit et de la guerre des nerfs qui opposa les démocraties aux dictatures.
Ensuite, parce qu’il révèle comment un outil de culture (le cinéma d’animation) peut être détourné de son rôle premier de divertissement destiné principalement aux plus jeunes pour devenir une arme redoutable de propagande alors destinée aux adultes dans le contexte de la deuxième guerre mondiale.
Enfin, parce qu’à posteriori certaines scènes originales ont été gommées dans l’édition parue en DVD. Ainsi, selon la Warner, leurs connotations racistes (même si elles sont à recontextualiser dans la conjoncture de l’époque) n’ont plus lieu d’être aujourd’hui !! Cela fait mauvais effet !
A tous ces niveaux, The Blitz wolf peut donc être envisagé comme un document d’Histoire au même titre qu’une affiche, qu’un discours, qu’un article de presse … Il mérite donc tout notre attention critique.
II. The Blitz wolf : un instrument idéologique au service de l’effort de guerre
Il s’agit de rappeler le contexte dans lequel ce dessin animé a été réalisé.
Jusqu’à l’entrée en guerre des Etats-Unis consécutive à l’attaque de Pearl Harbor par l’aviation japonaise, les studios d’animation américains semblaient peu préoccupés dans leurs choix esthétiques par les enjeux du conflit qui se déroulait en Europe Toutefois, quelques exceptions restent notables comme une commande du gouvernement canadien pour quatre films de propagande chez Disney. Seul d’un point de vue financier, les conséquences du conflit se faisaient ressentir car le marché européen ne permettait plus de débouchés.
Cependant, le 7 décembre 1941 marque un tournant. L’Amérique attaquée se retrouve partie prenante du conflit. Immédiatement, le gouvernement U.S. réquisitionne tous les studios d’animation : la machine de guerre américaine se met en marche. Disney assume alors la lourde tâche de vulgariser les enjeux du conflit, ses tenants et ses aboutissants. Toutes les stars de la compagnie sont mises à contribution et participent à l’effort de guerre.
La fibre patriotique est exacerbée et tous les thèmes sont utilisés : de la nécessité pour tout bon citoyen de payer ses impôts en temps et en heure (The new Spirit) à la manipulation de la jeunesse allemande par le régime nazi (Education of Death.
Dans cette perspective, Tex Avery et les studios Warner ne sont pas en reste, The Blitz Wolf se manifeste comme une contribution originale à la propagande de guerre antifasciste : le mal est incarné par le personnage du grand méchant loup qui représente Hitler.
L’objectif ici est de convaincre les partisans du « bien » d’acheter des bons du trésor nécessaires à la victoire des démocraties face au régime totalitaire nazi.
Par ses ressorts propres et sa mise en scène attractive, le dessin animé est alors un formidable instrument de manipulation la population. De fait, il acquiert un pouvoir d’influence considérable sur la foule Voir les travaux du sociologue français Gustave Le Bon et notamment son ouvrage Psychologie des foules paru en 1885. et devient un support adapté à la propagande politique. Dans ce film, il existe en effet une intention, une idéologie, une interaction avec un message.
III. The Blitz wolf : l’actualisation d’un objet de médiation culturelle
La caricature animalière est un procédé ancien. On la retrouve dans les papyri égyptiens, dans les fables d’Esope ou celles de La Fontaine, dans les contes… l’originalité ici est qu’elle est au service d’un média relativement nouveau : le cinéma d’animation.
Pour réaliser The Blitz Wolf, Tex Avery puise son inspiration dans un conte anonyme du folklore anglo-saxon : les trois petits cochons (Three little pigs) dont les premières traces remonteraient au XVIII siècle, bien que le conte soit sans doute plus ancien.
Ainsi, dans le conte comme dans le dessin animé, les principales fonctions narratives sont assumées par des animaux.
Toutefois, Tex Avery prend des libertés avec le conte d’origine en le pastichant.
En effet, dans le dessin animé, le message s’il correspond relativement bien au conte originel, s’en trouve actualisé par les temps de guerre. Le courage et le sens des responsabilités sont d’autant plus valorisés que la paresse et l’insouciance sont pointés comme des dangers face à la menace hitlérienne.
Dans la version de Tex Avery, les deux premiers petits cochons construisent leur maison le plus rapidement possible sans se soucier du conflit qui se prépare. Leur foi dans le pacte de non agression signé avec le grand méchant loup qui n’est autre que la caricature d’Hitler les incitent à rester insouciant et à goûter au plaisir de l’oisiveté.
Quant au loup connoté négativement depuis le Moyen-âge, il symbolise dans le conte tout ce qui fait peur à l’enfant (peur d’être dévoré, peur de l’étranger, peur d’être dans la pénombre, peur d’être puni, peur d’être kidnappé…). Il est alors naturel qu’il soit associé à Adolf Hitler dans le dessin animé.
Conclusion
Au XX siècle, la caricature animalière semble alors trouver dans ce nouveau média qu’est le cinéma d’animation un nouveau terrain d’élection qu’elle partage avec la bande dessinée.
C’est pourquoi, il peut aussi être intéressant d’établir dans notre étude des passerelles avec l’œuvre de Calvo CALVO, La bête est morte, Futuropolis, 1947. intitulé La bête est morte sous titrée La guerre mondiale chez les animaux ainsi que l’excellent ouvrage Maus d’Art Spiegelman SPIEGELMAN Art, Maus, Flammarion, 2 volumes, 1987..
Exploitation du dessin animé par jean-pierre Meyniac. Nouveauté : VOIR LE DOCUMENT. !
La fiche pour les élèves : Guerre et propagande : BLITZ WOLF
Quelques informations
En août 1942 Tex Avery réalise ce dessin animé, qui, pour la 1ère fois, met en scène « Wolf » un des personnage-clef de son œuvre. Tex Avery (1908-1980) est le créateur, entre autre, de Droopy.
Le contexte : en août 1942 les Etats-Unis sont en guerre depuis moins d’1 an contre le Japon et ils viennent d’inverser la situation après la bataille de Midway en juin. Ils préparent leur intervention contre l’Allemagne nazie qui commencera par le débarquement de leurs troupes en Tunisie en novembre.
Dans ce dessin animé Tex Avery pastiche l’histoire des 3 petits cochons.
Le travail : généralités
Ce dessin animé est clairement de la propagande : en effet cette technique n’est pas réservé aux régimes totalitaires mais aussi largement utilisée par les démocraties en guerre.
Le film dure un peu moins de 10 minutes. Il est en VO et sera passé 2 fois : la 1ère sans arrêt ; la 2nde avec quelques pauses pour traduire ou expliquer. Votre travail consiste à mettre en application ce que vous avez appris sur la propagande durant cette année : ses techniques, ses cibles, le décryptage, etc.
Le travail : tâches à accomplir (à rendre à la prochaine heure de cours)
1. Classez dans un tableau à 2 entrées (cf. ci-dessous) les éléments de dénotation (ce que je vois ou j’entends) et de connotation (ce que je comprends). Puis regroupez-vous par 4 et mettez en commun vos tableaux. Mettez-en 1 au propre et rendez-le moi.
2. Répondez ensuite aux questions posées ci-après (commencez en cours et terminez chez vous) :
– Comment Tex Avery explique-t-il le déclenchement de la guerre ? Quel rôle y fait-il jouer aux Etats-Unis ? Est-ce conforme à la réalité ?
– Relisez le petit paragraphe sur le contexte : montrez que le film colle à ce contexte.
– Ce dessin animé reflète certains aspects de la guerre : entre autre que cette guerre est « technologique » à justifiez-le.
– Démontrez que ce dessin animé cherche à galvaniser les américains (= donner du courage) et à les inciter à soutenir l’effort de guerre.
3. Pour conclure voici une colle : en janvier 2004 ce dessin animé ressort dans un DVD compilant l’œuvre de Tex Avery. Or on constate que 2 séquences (que vous voyez dans le film) ont été l’une trafiquée et l’autre purement et simplement enlevée. La raison ? Elles n’étaient plus « politiquement correctes » dans le contexte de 2004. Pourriez-vous dire lesquelles et pourquoi ?
Le tableau
|Ce que je vois et j’entends|Ce que je comprends|
|-|-|
La fiche pour le professeur, BLITZ WOLF : quelques informations
—- Le personnage « Wolf »
Tex Avery n’avait utilisé ce personnage qu’à trois reprises pendant sa période Warner. Le Loup est le véritable héros des premières années à la M.G.M. Il interviendra dans 12 cartoons jusqu’en 1949 et autant que Droopy sur toute la période Métro de Tex Avery. Il fait ses débuts dans Blitz Wolf (1942), la parodie antinazie des Trois petits cochons. Magistralement transfiguré en Hitler – veule, hypocrite, traître, arrogant, violent -, il est le méchant absolu.
Fréderick Bean AVERY est né le 26 Février 1908 à Taylor au Texas. En 1928, il est engagé par Walter LANTZ. Il travaille sur la série « OSWALD le lapin ». En 1935, il rejoint Leon SCHLESINGER qui dirige le département animation de la Warner Bros. « Gold Diggers of 49 » est le premier dessin animé de Tex AVERY avec Porky Pig comme héros. En 1949, Tex AVERY réalise « A wild hare » avec Bugs Bunny. En 1941, il travaille pour la série « Speaking of animals ». Et en 1942, « Grazy cruise » est son dernier film chez la Warner. Il part pour la MGM et réalise « Blitz wolf ». En 1943, c’est la premiére apparition de Droopy dans « Dumb Hounded ». 1943, il crée l’écureil fou pour « Screwball squirell ». En 1946, George et Junior apparaissent dans « Henpecked hoboes ». En 1954, il quitte la MGM pour retourner travailler avec Walter LANTZ. En 1955, Chilly Willy apparait dans « I’m cold ». « Sh-h-h-h-h » est le dernier dessin animé de Tex AVERY. Il tournera ensuite des publicités. En 1980, Tex AVERY meurt à BURBANK, victime d’un cancer.
Source : http://j.knoertzer.free.fr/tex%20avery.htm
—- Un exemple d’utilisation : le document base d’une heure de cours –> la critique de l’industrialisation : début de Les Temps Modernes, C. Chaplin, 1936.
L’importance de l’année 1942, comme tournant de la guerre, quelles mesures : Blitz Wolf, Tex Avery, août1942. L’Allemagne de Weimar et l’expressionnisme Metropolis, de Fritz Lang, 1926. Ici on étudie le courant artistique en même temps que le contexte historique, et on atteint alors le niveau du document patrimonial. La propagande dans les années 1930. Les Raisins de la colère, de John Ford, 1940 et le détournement des images par la propagande hitlérienne
Dans ce cas, le film est un document comme un autre. C’est pour cela qu’il est indispensable d’utiliser un film contemporain du sujet. Le film n’a pas été tourné pour être un document d’Histoire, mais rien ne nous empêche de le questionner comme tel. Les Raisins de la colère sont bien certainement une illustration des difficultés pendant la dépression des années 30, mais il est dommage de le limiter à cet aspect. En effet il reflète l’engagement auprès de Roosevelt de nombreux intellectuels. De plus il permet d’affiner la notion de propagande qu’on a trop souvent tendance à réserver aux régimes totalitaires, en la montrant grossière voire outrancière. Il ne faut pas hésiter à l’étudier aussi dans le camp des démocraties. On peut alors s’interroger sur les tenants et aboutissants de la propagande et son fonctionnement. L’exemple de Blitz Wolf peut être utilisé facilement en 3e et permet de comprendre à la fois la coupure de 1942, et la notion de guerre totale. Si l’exploitation est bien faite, des élèves moyens peuvent comprendre ce qu’on a parfois du mal à faire passer. Dans le cas d’utilisation d’un extrait de film comme document principal, il est bon de le confronter à d’autres documents utilisés plus rapidement : reprise d’images des Raisins par la propagande nazie ; textes sur la nécessité d’armement nouveau pour Blitz Wolf.
L’intégrale des dessins animés de Tex Avery édité par Warner Home Video ne l’est pas tout à fait. Il manque deux films dans ce récent coffret commercialisé pour les fêtes. Il s’agit de Uncle’s Tom Cabana (« La Cabane de l’Oncle Tom ») de 1947 et de Half Pint Pigmy (« Le Pygmée demi-portion ») de 1948. Le premier est un pastiche désopilant de La Case de l’Oncle Tom. Le second raconte l’hilarante traque de deux explorateurs à la recherche du plus petit Pygmée du monde, celui-ci, en dépit de sa petite taille, s’ingéniant à leur échapper perpétuellement avant de leur présenter un membre de sa famille… encore plus petit que lui !
La raison de cette disparition apparaît plus évidente lorsqu’on découvre que sept autres courts métrages ont été coupés, notamment des plans montrant un personnage transformé, à la suite d’une explosion, en créa-ture noirâtre, aux cheveux crépus et aux grosses lèvres. Dans Blitz Wolf (« Le Très Méchant Loup ») de 1942, contribution à la propagande de guerre et pastiche des Trois petits cochons dans lequel le loup ressemble à Adolf Hitler, les éléments antijaponais ont disparu. Un panneau sur lequel est écrit « No Japs » est gommé numériquement, et une séquence montrant le Japon coulant au fond des eaux comme un vulgaire navire a été coupée.
C’est bien plus de ce que nous aurions rêvé (quoique il manquerait la plupart des cartoons signés par Avery à la Warner de 1936 à 1942). La qualité vidéo est franchement bonne, la Warner française ayant utilisé les masters de l’édition en laser-disc, que peu possèdent, avec une résolution satisfaisante. Les paroles, en anglais et en français ont été recrées en stéréo. Mais alors, qu’est-ce qui ne va pas ?
C’est que cette merveille a été immolée sur l’autel du politiquement correct, l’horrible maladie actuelle qui risque d’effacer notre mémoire artistique et historique.
Sur un total de 65 dessins animés, il en manque 2 (Half Pint Pygmy et Uncle Tom’s cabana), tandis que 7 autres (Happy Go Nutty, Henpecked Hoboes, Lucky Ducky, Garden Gopher, Daredevil Droopy, Droopy’s Good Deed et Blitz Wolf, comme l’ont établi des membres attentifs du groupe it.hobby.home-cinema) ont été lourdement censurés par la coupure de quelques scènes et l’effacement de phrases écrites, caractéristiques de l’humour de Tex Avery.
Tout cela est si grave qu’il existe une pétition en ligne pour protester vivement auprès de la Warner française et demander une réédition correcte de ces chefs d’œuvre, pétition qu’il est urgent de signer. Pour avoir au moins la conscience tranquille. Ne pensez-vous pas ?
– Nous revenons aujourd’hui plus en détails sur cette affaire avec la » réponse » de Warner Home Vidéo France et la discussion que nous avons eu l’honneur d’avoir avec Patrick Brion…
C’est une triste réalité : 7 courts métrages amputés d’un ou plusieurs plans et 2 courts métrages totalement évincés ! Mais pourquoi ? Comme nous vous l’avions précisé dans notre précédent article, il s’agissait ici pour la MGM de ne pas s’attirer les foudres des communautés africaines et de ne pas risquer un procès. Il a donc été décidé de prendre les devants en éliminant purement et simplement « Half Pint Pygmy » et « Uncle Tom’s Cabaña » et en coupant tous les plans présentant un personnage transformé en caricature d’africain après une explosion. Voici la liste des films censurés dans les coffrets actuellement vendus en France :
– Happy Go Nutty
– Henpecked Hoboes
– Lucky Ducky
– Garden Gopher
– Daredevil Droopy
– Droopy’s Good Deed
Blitz Wolf comporte également des censurés : l’écriteau de la maison des cochons qui indiquait « interdit aux japs » est maintenant peinturluré en jaune au niveau du mot « japs » et le plan où l’un des obus des cochons coule littéralement le Japon a totalement disparu.
Le « mal » est fait. Mais que penser ? S’incliner devant l’éventuel vexation de personnes qui ne comprennent plus l’humour ? Effacer définitivement ces témoignages d’un temps dont nous sommes peu fiers ? Le débat est ouvert. Qu’en pensez-vous ? C’est la question que nous vous posions également la semaine dernière et voici quelques extraits du nombreux courrier que nous avons reçu : Un dessin animé, tout comme un film, est un reflet des mentalités de l’époque qui l’a engendré. L’édulcorer par crainte de critiques c’est faire preuve de lâcheté. Bel exemple pour les générations futures […] Warner a jugé bon de « nettoyer » certains dessins animés. On peut, à l’extrême limite, l’admettre. Mais, ce que je n’admets pas c’est qu’aucun avertissement n’ait été diffusé quant à ces coupes. Cela frise la malhonnêteté, voire l’escroquerie. Warner savait très bien que ce coffret était ardemment attendu par tous les admirateurs de Tex Avery.
Philippe L.
Sous couvert d’évolution des moeurs on flirtait bien souvent avec l’hypocrisie totale. J’en veut pour signe premier le mot « Nègre » qui devint petit à petit péjoratif (il ne l’était pas au départ, pensez à la Revue Nègre de Joséphine Baker), et donc remplacé par le mot « Noir »… qui aujourd’hui devient péjoratif à son tour, on le remplace de plus en plus souvent par l’anglo-saxon « black » (ça doit être moins noir, donc moins génant…) […] je me dis que si ces DVD doivent être vus par des enfants, autant qu’on ne leur présente pas forcément les noirs comme des bons sauvages ou des chanteurs de blues […] Qu’on le veuille ou non, les choses se sont passées ainsi, protéger nos enfants aujourd’hui est une chose, dissimuler un passé peu glorieux en est une autre […] En espérant que le MLF ne fasse pas supprimer les épisodes avec la rousse et la SPA ceux avec le loup…
Christophe A.
Vous le voyez, ce n’est évident pour personne, mais le minimum aurait été de prévenir le consommateur.
Moins une !
Cela va vous paraître encore plus fou, mais figurez-vous que nous l’avons tout de même échappé belle par rapport aux américains qui regardent ces films à la télévision où la censure est encore plus importante ! Toutes les scènes « violentes », présentant des armes à feux ou même celles où l’on voit des cigarettes sont censurées ! Et malgré les coupes du coffret français, il subsiste tout de même un ou deux plans par-ci par-là de « black » ou d’asiatique qui sont impitoyablement éliminés aux Etats-Unis. Pour la forme, voici donc la liste des rescapés qui sont intacts dans le coffret zone 2 mais qui ont été charcutés à la télévision américaine :
– Red Hot Riding Hood
– Jerky Turkey
– The Hick-chick
– What Price Fleadom
– Little Tinker
– Bad Luck Blackie
– The Cuckoo Clock
– The Car of Tomorrow
– Magical Maestro
– The TV of Tomorrow
– Dixieland Droopy
– The First Bad Man
A la limite, ça vaut tout de même le coup de prendre le coffret pour « sauver » ceux-là avant la prochaine vague de censure…
La « réponse » de Warner.
Comme on peut s’en douter, elle est malheureusement plus tournée vers le commerce que vers la culture et le fanatisme… En fait, la seule réponse est celle-ci :
01.53.20.92.13
C’est le numéro de téléphone du service consommateur de Warner Home Video France où vous pourrez déposer vos plaintes (merci de rester calme et courtois). Mais n’espérez pas de miracle ! Non, les coffrets ne seront pas réédités avec les plans et films manquants. Point final. Toutes les pétitions du monde n’y changeront rien ; il s’agit là d’une décision juridique et elle ne sera pas remise en cause. No comment.
– Avis #4, l’avis de l’expert.
Cette affaire m’aura par contre amené à m’entretenir avec une légende de la télévision française. Pour qui a découvert les Tex Avery le dimanche soir sur FR3 et son « cinéma de minuit » dans les années 70/80, et pour qui a découvert tout un pan du cinéma mondial grâce à ses choix et commentaires éclairés, Patrick Brion est la voix de bon nombre de cinéphiles et le spécialiste incontesté de Tex Avery en France (il lui a consacré un livre). Etant l’un des ouvriers de ce coffret (il a écrit et commenté l’un des 2 documentaires du 5ème DVD du coffret collector), il était normal de lui demander son avis sur cette affaire.
Extraits.
Il est bien évidemment au courant de l’absence des deux courts métrages : « Les deux dessins animés dont vous parlez ne peuvent plus être diffusés ni à la télévision, ni au cinéma, ils ont été retirés complètement du catalogue par le service légal de Warner aux Etats-Unis. ». En ce qui concerne les coupes, « j’ai passé un coup de fil aux gens de la Warner […] quand je leur ai parlé de coupes, ils m’ont dit qu’ils ne voyaient pas du tout comment c’était possible puisque c’était les bandes qui étaient toujours diffusées à la télévision […] quand on les a passé sur FR3 on partait de matériels 35mm original ».
Ce qui fait froid dans le dos, ce sont les « méthodes » de la Warner : « quand ils m’ont dit qu’il n’y aurait pas les deux dessins animés, j’étais vraiment d’abort extrêmement triste, absolument scandalisé sur le principe, et ils m’ont dit que de toute façon c’était la condition sine qua non. Et le Legal Department de la Warner a été très très clair : si vous voulez mettre les deux dessins animés vous ne le faites pas […] pour la Warner aujourd’hui, ces deux dessins animés n’existent pas… on en parle pas puisqu’ils n’existent pas » vous avez dit révisionnisme ?
Et ce n’est peut-être pas tout : « il y en a un autre qui est menacé, c’est « Lucky Ducky » […] une organisation homosexuelle trouve que le canard a une démarche homosexuelle et est en train de se manifester auprès de la Warner pour dire que c’est inadmissible ». Comme nous l’avons vu, le positionnement n’est pas chose aisée : « c’est une arme à double tranchant […] si on prend l’aspect histoire du cinéma, c’est inadmissible, mais si on prend un aspect société avec tout ce qui se passe aujourd’hui, c’est plus délicat… »
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Le côté « définitif » est également inquiétant : « ce coupes sont tout de même terribles, ce qui est grâve c’est que c’est irréversible […] dans 10 ans les gens n’auront plus accès qu’à ces versions… ».
Conclusion : alors que faire ? Boycotter ? Râler ? Tout est possible. Vous avez le numéro de téléphone de Warner plus haut, vous pouvez vous abstenir et des pétitions commencent à fleurir sur le Net… Même si les décisions présentes semblent inflexibles, espérons tout de même que toutes ces réactions apporteront plus de reflexions au sein des éditeurs.
Learning English with cartoons = langue et civilisation à travers le dessin animé /
Noceto, Claude / Trentinella, Lindsay.- CRDP Montpellier, 1993 .- 65 p. : ill..- Réf.
340PC902
Propositions d’exploitation pédagogique de 5 dessins animés de Tex Avery, dans le but de
favoriser la communication en classe.