Le cours
En classe de première scientifique (mais transposable en ES ou en L, de même qu’en STG), dans le cadre du chapitre sur la France de la Belle-Epoque à la veille de la 2° Guerre, et plus particulièrement dans le cadre du cours sur « La France et les français durant la 1ère Guerre Mondiale ».
La progression
Un DM de type « Etude d’un ensemble documentaire » est donné aux élèves sur le traumatisme causé par la Grande Guerre.
1ère heure de cours : la Première Guerre Mondiale, origines (rapidement) ; déroulement (à partir de cartes) .
2° heure de cours : la Grande Guerre au prisme du film « La chambre des Officiers ».
3° heure de cours : la Grande Guerre, première « guerre totale » : les caractères et un approfondissement sur la guerre des propagandes à travers des petits films d’animation produits entre 1917 et 1918.
4° heure de cours : le traumatisme, correction du DM et approfondissement sur les thème des monuments aux morts.
La séance utilisant « La chambre des Officiers »
Le cadre : la classe entière ; un vidéoprojecteur ; les extraits ont été préparés avant par l’enseignant (DvDShrink). L’enseignant présente le film mais ne raconte pas l’histoire (une dizaine d’élèves l’ont vu).
1er extrait : la remise des décorations à Adrien (début du film, durée 40 s)
Q1 : quand se déroule la scène (recherche des indices) ? Où ?
R : fin de la guerre (après le 11 novembre 1918) : nature de la cérémonie ; uniformes… La cours des Invalides.
Q2 : intention du réalisateur ? Moyens filmiques ?
R : poser de suite son sujet : les gueules cassées à travers le parcours d’un soldat. Solennité de la cérémonie (soldats au garde-à-vous ; officier sur-décoré…) ; mouvement de camera autour d’Adrien : découverte de son visage.
2nd extrait : le départ d’Adrien sur le quai de la gare (1mn45s)
Q1 : quand se déroule la scène (recherche des indices) ? Atmosphère ? Explications visibles dans l’extrait ?
R : début août 1914, la mobilisation. Cette scène se répète partout en France. Une joie –> la « fleur au fusil » : les cris (« Berlin » ; « Strasbourg » ; « victoire ») ; les inscriptions sur les wagons ; les drapeaux ; la fanfarre = un profond sentiment d’exaltation nationaliste + une court dialogue « Je reviendrai très vite » = guerre que l’on pense courte.
Q2 : quelle question doit-on se poser à ce moment là ?
R : le réalisateur a-t-il raison de montrer une mobilisation comme cela ? Est-ce « historique » ? Le professeur mène une réflexion avec les élèves pour déconstruire et expliciter.
3° extrait : les blessés attendent et Adrien est dans l’ambulance (1mn25s)
Q1 : quand se déroule la scène (recherche des indices) ? Qu’apprenons-nous ?
R : toujours en août 1914 (uniformes ; rappel bataille de la Marne…). Une guerre tue et blesse ; les batailles de l’été 14 sont dures (chez les élèves, la guerre c’est avant tout les tranchées).
Q2 : analyse de la tenue des soldats.
R : les « pantalons rouges » (explications).
Q3 : comment le réalisateur filme-t-il cette scène ?
Avec la volonté de dramatiser : râles ; blessés quasi abandonnés ; dans l’ambulance il y a 2 cadavres ; râle d’Adrien ; grimace des infirmiers et du médecin…
Extrait complémentaire : l’assaut menée par Manech dans « Un long dimanche de fiançailles »
Afin de donner des compléments sur les aspects militaires je passe 2 mn26s du film de Jp Jeunet (depuis la présentation de Manech jusqu’à son arrestation). Cela permet de voir une autre façon de filmer la Guerre à la « Ryan ». On aborde rapidement : guerre de tranchées ; assauts inutiles ; modernisation de la guerre ; mutilations volontaires ; exécutions).
4° extrait : le désespoir d’Adrien et sa volonté de suicide (1mn15s)
Q1 : quand / où se déroule la scène (recherche des indices) ?
R : dans un hôpital (le Val de Gràce) ; mais on ne sait pas quand (apport du professeur sur la chirurgie pendant la Grande Guerre).
Q2 : la scène : interprétation et façon de filmer.
R : le désespoir (on voit son visage déjà en partie reconstruit ; il remonte d’une courte et impromptue visite dans une salle de soldats blessés) –> le traumatisme individuel. Le suicide impossible ; le rôle de l’infirmière. Le réalisateur filme en plan rapproché et fixe. Aucune musique, aucun dialogue –> émotion (demander aux élèves si ils on senti cette émotion).
5° extrait : le retour à la vie (la fin du film, depuis le métro, 2mn50s)
Q1 : quand / où se déroule la scène (recherche des indices) ?
R : après le 11 novembre 1918 ; Paris (le métro).
Q2 : comment interpréter le fait qu’un voyageur se lève pour céder sa place alors qu’Adrien est jeune et valide ?
R: le respect pour l’ancien combattant marqué dans sa chaire (rattacher au cours ultérieur sur le traumatisme).
Q3 : le réalisateur montre le retour à la vie (à la fois matérielle mais aussi morale d’Adrien) : comment ?
R : en filmant 2 moments forts
* la scène avec la petit fille : il joue avec sa blessure pour apprivoiser l’enfant –> « je fait rire de mon malheur » ;
* la scène avec la jeune femme qui le percute avec la portière de la voiture : en gros tel est pris qui croyait prendre –> Adrien plaisante de son malheur mais la jeune femme (par son attitude et le dialogue) montre qu’elle l’accepte tel qu’il est) –> Une fin plus optimiste que celle du roman de M Dugain : happy end ? Optimisme ?
Au final : une séance qui a permis d’illustrer certains éléments du cours n°1 et qui seront aussi réutilisé dans les cours n°3 et 4 ; une réflexion sur cinéma et histoire ; une approche du langage cinématographique.