Partenaires des Clionautes, Zéro de conduite nous propose ce dossier pédagogique – En attendant la critique du film à venir.

Il est des figures historiques qui par leur parcours exceptionnel consti-tuent le miroir d’une époque. Simone Veil (1927-2017) est de celles-là :
de son expérience des camps de la mort nazis à la présidence du premier Parlement européen élu, en passant par son combat pour la légalisation de l’IVG, elle a incarné à elle seule les tragédies et les espoirs du XXe siècle. Tour à tour fille, sœur, épouse, mère, femme, française, juive, européenne, magistrate, députée, ministre… Simone Veil a eu tant de vies que porter son histoire à l’écran relevait de la gageure. Le cinéaste Olivier Dahan a choisi d’en dresser un portrait impressionniste et éminemment romanesque, s’affranchissant des pesanteurs de la chronologie pour mieux saisir la Simone intime, mais aussi pour faire résonner le message d’humanité et de tolérance qu’elle n’a eu de cesse de porter. Ce message, plus que jamais nécessaire (comme l’actualité ne cesse hélas de  nous le rappeler), ce film est l’occasion de le faire vivre et de le transmettre aux jeunes générations. SIMONE, LE VOYAGE DU SIÈCLE permettra ainsi d’illustrer de manière incarnée et sensible de nombreuses notions qui sont au cœur des programmes officiels d’Histoire et d’Enseignement Moral et Civique. 

Les Clionautes ont vu pour vous – Héloïse Ménard

Simone le voyage du siècle (Olivier Dahan, 2022)

Avec Elsa Zylberstein, Rebecca Marder, Élodie Bouchez, Judith Chemla, Olivier Gourmet, Mathieu Spinosi, Sylvie Testud et Philippe Torreton.

Le film s’ouvre sur une scène classique de la biographie historique : le personne principal se souvient des éléments marquants de son histoire. Sans surprise, ce biopic dédiée à Simone Veil présente dès le début le combat pour faire adopter la loi qui porte son nom en 1974. Les prises de paroles enflammées sont bien connues et Elsa Zylberstein, chignon et tailleur de circonstances, campe une Simone Veil très crédible. Si le film prend des allures de panégyrique, c’est en partie à cause ou grâce à l’incroyable force de la femme dont on nous raconte ici l’histoire, ou plutôt dont “elle“ raconte son histoire, puisque le récit est émaillé de ses réflexions.

La suite du film n’est pas linéaire, ce qui évite d’avoir toute une première partie sur la déportation, puis une seconde sur son engagement politique. Ce parti-pris d’alterner les scènes d’enfance et de vie d’adulte est intelligemment mené par Olivier Dahan, et montre à quel point les combats menés par Simone Veil sont imprégnés de son expérience personnelle. La figure maternelle (incarnée par Elodie Bouchez) y tient une place centrale.

Ses difficultés avec l’administration pénitentiaire quand elle critique l’insalubrité des prisons françaises, son amitié avec la réalisatrice Marceline Loridan-Ivens (rencontrée à Auschwitz), sa volonté tenace de devenir avocat (on ne dit pas encore “avocate“) ou encore la visite cauchemardesque des prisons en Algérie au moment des “événements“ (qu’on n’osait appeler “guerre“) sont autant de temps forts où Simone Veil parvient à imposer des réformes capitales.

Enfin, le film est évidemment profondément marqué durant ses 2h20 par l’expérience concentrationnaire vécue par Simone et les siens, déportés depuis Drancy vers Auschwitz et la Lituanie. Les flash-backs font surgir des images de livres d’histoire : l’appel sous la pluie glacée de la Pologne, la marche de la mort en janvier 1945 qui pousse les déportés titubants d’Auschwitz vers Dora puis Bergen-Belsen, l’entrée sinistre du centre de mise à mort avec son inscription célèbre. Le mur de silence auquel se heurtent ensuite les rescapés à leur retour, insupportable, transparaît dans les crises d’angoisse de Simone, ses cris la nuit et sa volonté farouche de parler, de témoigner. “Vous ne me faites pas peur, j’ai survécu à pire que vous“, lance-t-elle près de 40 ans plus tard aux militants d’extrême-droite venus l’insulter lors d’un meeting tenu pour les élections européennes de 1979.

On ne peut pas tout dire de la vie de cette femme d’exception, allez voir le film et emmenez-y vos élèves.
La voix de Simone Veil résonne en chacun de nous et son voyage du siècle est le nôtre.

A consulter : le dossier réalisé par Zéro de conduite à l’occasion de la sortie du film.

Ce dossier pédagogique a pour ambition de donner aux enseignants les quelques ressources et outils nécessaires pour travailler autour du film.

Le dossier pédagogique

Simone Veil

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Étudier les évolutions sociales de la France de 1974 à 1988 avec SIMONE, LE VOYAGE DU SIÈCLE

Histoire

Le film de Olivier Dahan met en scène la vie de Simone Veil, depuis les années 1930 jusqu’au début du XXIe siècle. S’affranchissant de la stricte chronologie, le montage du film multiplie les allers-retours entre les époques, en faisant ressortir les événements les plus marquants de sa vie et de sa carrière. Parmi ces événements marquants, il y a ses deux passages au Ministère de la Santé, et les réformes qu’elle a alors mises en œuvre : le vote de la loi légalisant l’interruption volontaire de grossesse en 1975 et la lutte contre l’épidémie de VIH-Sida entre 1993 et 1995.
SIMONE, LE VOYAGE DU SIÈCLE est donc au cœur de deux « points de passage et d’ouverture » essentiels pour saisir le «tournant social, politique et culturel de la France entre 1974 et 1988 » (chapitre 2 du thème 3) du programme d’histoire de Terminale : « 1975 : la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse : un tournant dans l’évolution des droits des femmes »
et « l’épidémie du SIDA en France : recherche, prévention et luttes politiques ».
Il permet plus largement de comprendre les évolutions de la société française et la manière dont les pouvoirs politiques les ont accompagnées dans la seconde moitié du XXe siècle