Les harkisUn film de Philippe Faucon

Fin des années 50, début des années 60, la guerre d’Algérie se prolonge. Salah, Kaddour et d’autres jeunes Algériens sans ressources rejoignent l’armée française, en tant que harkis. Á leur tête, le lieutenant Pascal. L’issue du conflit laisse prévoir l’indépendance prochaine de l’Algérie. Le sort des harkis paraît très incertain. Pascal s’oppose à sa hiérarchie pour obtenir le rapatriement en France de tous les hommes de son unité.

Les harkis – AU CINÉMA LE 12 OCTOBRE 2022

Voici un film qui mérite assurément d’être vu, avant une éventuelle exploitation en classe, compte tenu des difficultés que cela peut représenter, à la fois en termes d’organisation matérielle, mais également sur le fond.

Lorsque l’on réside dans les villes de l’arc méditerranéen de l’Hexagone, entre Nice et Perpignan, on est forcément confronté, particulièrement autour du 19 mars, à l’expression bruyante parfois, des nostalgiques de l’Algérie française. Sur la Cliothèque que nous avons déjà souvent abordé ce sujet, ce qui nous a valu parfois des menaces. Il est évident que traiter un sujet de ce type dans le contexte actuel où, quoi que l’on en dise, le pas de vagues se maintient, le professeur qui conseillerait ce type de film pourrait s’exposer à différentes oppositions.

Celle des nostalgiques de l’Algérie française qui se livrent régulièrement à l’entretien des cicatrices mémorielles sur « l’abandon » de leur pays de naissance. Au début de ma carrière, dans les années 80, j’ai eu à subir quelques pressions de cet ordre de la part de parents d’élèves qui se considéraient comme dépositaires d’une vérité unilatérale.

Celle des jeunes gens qui reprennent le discours mémoriel des autorités algériennes sans aucun recul critique, bien souvent entretenu par la télévision satellitaire du pays d’origine. Inévitablement, pour des jeunes issus de l’immigration algérienne, les harkis peuvent être considérés comme des traîtres, avec des jugements sans nuance.

Et puis sans doute, car j’ai pu être confronté directement à un problème de ce type, celui de jeunes gens, descendants des harkis qui ont été pour beaucoup d’entre eux implantés dans le sud de la France du côté de Lodève ou de Narbonne.

Cela nous amène à insister sur cette question sur l’importance de la mise en perspective historique. Il faut évidemment tordre le cou à ces déclarations péremptoires de quelques personnalités du show biz qui affirment avec suffisance que l’on ne traite pas de la guerre d’Algérie à l’école, et selon les points de vue, que l’on a traite forcément pas « la vraie guerre d’Algérie ».

Sans vouloir développer dans le cadre de la présentation d’un dossier pédagogique sur l’ensemble du conflit, il suffit simplement de rappeler que la constitution de ces troupes de supplétifs, qui ont dû attendre le début du XXIe siècle pour que l’on reconnaisse, entre 2001 et 2022, les responsabilités de la France dans leur abandon, la promulgation de la loi qui exprime la reconnaissance de la nation, est la conséquence d’une triple guerre.

  • Une guerre franco-algérienne qui s’inscrit dans le contexte global de la décolonisation et du mouvement des indépendances.
  • Une guerre franco-française qui aura pour conséquence une crise institutionnelle dont la constitution de la Ve République est issue.
  • Une guerre civile en Algérie qui se terminera tragiquement par de sanglants règlements de comptes à partir du 4 juillet 1962. À propos du nombre de victimes, le nombre se situe entre 60 et 80 000.

Les harkis