L’Europe en surchauffe : avec le réchauffement climatique, la probabilité de voir le thermomètre dépasser les 50 degrés en Europe n’est pas du tout exclue.
En tous cas, les vagues de chaleur voient leur intensité s’accroitre et l’Europe de l’Ouest connait une progression fulgurante en la matière. Si le reportage fait le point sur les conséquences physiques de cette élévation de température, il montre également ce qu’il serait judicieux de faire en matière de prévention et d’adaptation.
La canicule de Paris en 2003
C’est par cet évènement extrême qui date déjà de 20 ans que débute le reportage. Cette canicule a fait 650 morts en 3 jours et les victimes logeaient surtout dans des chambres de bonnes, sous les toits, dans de véritables étuves. Les vacances estivales n’aidant pas, il a fallu conserver les corps dans des camions frigorifiques loués pour l’occasion en attendant le retour des proches des défunts.
Des éléments de définition
La canicule est définie par des températures élevées en journée et durant la nuit. La chaleur se bloque comme sous un dôme, les perturbations le contournent au lieu de le dissiper. Les courants d’air rapide ou jet stream sont modifiés également et sont déviés ailleurs qu’en Europe alors qu’ils avaient pour fonction de rafraichir. Les canicules sont ainsi successives.
Politiques de prévention
La bonne nouvelle, c’est qu’on peut les prévoir, parfois jusqu’à 7 jours à l’avance.
Alors, on peut adapter les horaires comme c’est déjà le cas en Espagne en aménageant des temps de pause au plus chaud de la journée. On développe les pistes cyclables. On propose des plans canicules avec des niveaux de risques. On propose des cartographies des zones d’ombre et des points d’eau. Et surtout, on sensibilise en donnant des noms aux canicules comme pour c’est déjà le cas pour les cyclones : en entendant parler de telle canicule préalablement nommée, on pourra mieux anticiper.
Les impacts sur les corps
Les performances sont modifiées : le temps passe plus vite, les décisions sont prises plus rapidement et donc entrainent des erreurs. La chaleur affecte nos interactions, on est moins patient et plus agressif, moins altruiste. La transpiration est l’atout clé face aux autres espèces (d’ailleurs, il est rappelé que c’est grâce à cet avantage physiologique que l’homme a pu gagner les chasses à l’épuisement). L’exposition plusieurs jours à la chaleur permet au corps de s’adapter : la hausse de la température est forte au début des premières journées de chaleur mais plus tellement ensuite. Encore faut-il que la chaleur soit sèche…c’est pour cela que les régions tropicales chargées de chaleur humide sont plus vulnérables et verront leur population migrer.
En urbanisme
L’Europe en surchauffe pose également la question des villes. Ces dernières doivent adapter l’habitat, les métropoles surtout qui sont des aimants à chaleur. Le Lyon de 2050 sera la Madrid actuel. Avec la domination du béton et du ciment, le soleil donne de l’énergie à ces bâtiments qui les restituent à la nuit tombée : ce sont donc les îlots de chaleur urbain qui ne sont pas sans gêner le sommeil. La disposition des bâtiments est à interroger également. L’ilot de chaleur est maximisé sur un agencement géométrique aux hauteurs similaires et aux espaces trop réguliers. De ce fait, une disposition plus aléatoire avec des distances variables est souhaitable mais également avec des hauteurs différentes pour casser les renvois d’énergie.
A Paris, l’exemple d’une centrale de production de froid qui dessert de l’eau glacée est citée en exemple : baptisée « Fraicheur de Paris », elle voit l’eau pompée dans la Seine et refroidie puis redistribuée un peu partout en ville. Réchauffée, elle réintègre le réseau et est ensuite refroidie à nouveau. « Fraicheur de Paris ».
La climatisation est la fausse bonne idée et ne fait qu’augmenter la chaleur. D’autres pistes passent par la peinture blanche sur les toits, l’installation de parasols géants comme « Las Setas », sorte de champignon protecteur géant à Séville. Les voilages blancs tendus entre les bâtiments sont prisés également. Enfin, les espaces verts sur les toits sont plébiscités car ils accueillent la pluie qui pourra s’infiltrer et refroidir les structures.
Agriculture et irrigation
On assiste parfois à des détournements des eaux illégalement pour irriguer. En Espagne, le risque de désertification est réel et n’est pas aidé par le choix fait de la monoculture des oliviers notamment. Historiquement, ils étaient irrigués naturellement par la pluie qui se réduit encore. Il y a un risque pour l’approvisionnement alimentaire.
Océans et perturbation de la vie marine
Les canicules ne sont pas que terrestres, on parle aussi de vagues de chaleur océaniques. Cela concerne la couche superficielle de l’océan surtout. Les vents brassent normalement les différentes couches des océans mais s’ils faiblissent, la chaleur stagne. Ces canicules marines sont plus durables que leurs homologues terrestres. Les océans ont absorbé trop de CO2, ils ont et sont toujours surstimulés.
Il y a un bouleversement des chaines alimentaires. Des espèces invasives font leur apparition comme le barracuda pêché à Marseille et des algues toxiques prolifèrent. En parallèle, on assiste à une mort massive des coraux qui servent à fournir ombre et lieu de reproduction aux autres espèces qui disparaissent à leur tour.
La Méditerranée est une mer fermée alors ces problèmes y sont exacerbés.
L’Europe en surchauffe : penser en système
Le reportage se conclut en rappelant que les canicules se terminent souvent par des orages violents avec des inondations qui leur sont associées. De même, les feux de forêt qui commencent de plus en plus tôt dans l’année. Ainsi, il est urgent de rappeler la même conclusion : réduire au maximum nos émissions de CO2 pour minimiser les impacts de ces vagues de chaleur qui seront de toutes façons amenées à se multiplier.