Approche pédagogique
J’utilise ce film en 5e, en éducation civique dans le chapitre traitant du refus des discriminations (en alternance avec « Ma vie en rose » d’Alain
Berliner). Je le passe dans son intégralité en VO sous-titrée et, exploitation comprise, cela prend trois heures (soit une semaine). Je leur distribue la fiche technique avant la 1ère heure de diffusion et le
questionnaire à la fin de la diffusion ; ils sont autorisés à travailler en groupes : c’est même hautement recommandé.
Dans l’évaluation, je leur propose de raconter la suite du film en prenant la place du héros, de retour chez Gramp’.
Fiche technique
Le Garçon aux Cheveux verts
– Auteur : LOSEY Joseph, d’après une nouvelle de Betsy Beaton.
– Année : 1948
– Pays : États-Unis
– durée : 82 Minutes.
– Couleurs.
Synopsis
Dans un commissariat, un petit garçon affamé, au crâne rasé, raconte son histoire au Dr Evans. Depuis le départ de ses parents Peter est allé de maison en maison, recueilli par les uns et les autres, jusqu’à son arrivée chez Gramp. Avec le vieil homme, ancien comédien, l’enfant réapprend ce qu’est un foyer et retrouve de la tendresse. A l’école de la petite ville, il trouve sa place dans la classe de Miss Brand. Lors d’une exposition sur les orphelins de guerre, Peter a un choc en découvrant que ses parents sont morts. Puis un matin, il se réveille avec les cheveux verts. Le regard que le monde porte sur lui change alors complètement. Devenu étrange et étranger, il éveille la curiosité, l’agressivité…Gramp se décide à le faire tondre.
Peter supporte l’épreuve puis s’enfuit. Gramp et l’institutrice viennent le chercher. Gramp donne alors à Peter la très belle lettre que son père lui avait écrite avant de mourir. Le vieil homme et l’enfant rentrent au foyer, unis.
Générique
– Titre original : The Boy With Green Hair.
– Production : RKO.
– Scénario : Ben Barzman et Alfred Lewis levitt,
– Producteur exécutif : Dore Schary.
– Producteur : Adrian Scott, puis Stephen Ames.
– Réalisateur : Joseph Losey.
– Assistant du réalisateur : James Lane.
– Directeur de la photographie : Georges Barnes.
– Directeur artistique : Albert d’Agostino, Ralph Berger.
– Décors : Darrell Silvera et William Stevens.
– Costumes : Adele Balkan.
– Conseiller visuel : John Hubley.
– Musique : Leigh Harline.
– Chef d’orchestre : Constantin Bakaleinikoff.
– Montage : Franck Doyle.
Interprétation
– Pat O’Brien (gramp),
– Robert Ryan (Dr Evans),
– Barbara Hale (Miss Brand),
– Dean Stockwell (Peter),
– Richard Lyon (Michael),
– Walter Catlett (le Roi),
– Samuel S.Hinds (Dr knudsen),
– Regis Toomey (Mr Davis),
– Charles Meredith (Mr Piper),
– David Clarke (le coiffeur),
– Billy Sheffield (red),
– John Calkins (Danny),
– Teddy Infuhr (Timmy),
– Dwayne Hickman (Joey),
– Eilene Janssen (Peggy),
– Curtis Jackson (un camarade de classe),
– Charles Arnt (Mr Hammond).
Deux avis sur le film
Par France Demarcy
Le garçon aux cheveux verts se classe dans la catégorie des « premiers films » qui révèlent un talent et un auteur. Mais son auteur, loin d’être un débutant, y confirme son art de la mise en scène autant que la conception sociale et critique qu’il a de l’expression artistique. Ce premier long métrage décide toutefois de la suite d’une carrière qui sera alors entièrement consacrée au cinéma. Il souligne aussi l’intérêt que Losey porte au thème de la relation entre enfants ou adolescents et adultes qu’il traitera sous des angles beaucoup plus sombres et troubles dans Cérémonie secrète et Le Messager . Le jeune garçon de ce premier film malgré les épreuves douloureuses auxquelles il est confronté conserve jusqu’au bout sa fraîcheur d’âme, son innocente intégrité psychologique ou morale et l’optimisme foncier de son âge. Toutes choses qui donnent au film sa tonalité poétique, celle d’un conte moderne. Tonalité rare, unique même dans l’œuvre d’un cinéaste, qui offrira ensuite une vision plutôt » noire » ou pessimiste des rapports humains ou sociaux centrée sur les relations de pouvoir, de domination et même de manipulation dont il explore les zones les plus obscures.
Ce premier film de Losey, dans un contexte peu favorable à la liberté d’expression, témoigne autant de la singularité d’un studio, la RKO, qui permit à nombre de cinéastes les plus originaux et modernes de l’époque (O.Welles, N.Ray…) de faire leurs débuts, que des mêmes qualités chez ce nouveau venu. Sa longue expérience du théâtre et de la direction d’acteurs (particulièrement sensible dans ce film dont le jeune héros et interprète n’a que douze ans) de même que ses opinions « critiques » le conduisent à mettre en scène un des films les plus beaux et les moins conventionnels du cinéma U.S sur l’enfance.
Aussi éloignés des clichés lénifiants ou démagogiques sur le sujet que de leur envers misérabiliste ou mélodramatique le film nous communique un portrait d’enfant tout à la fois réaliste, fin, nuancé et poétique. A travers le récit autobiographique du jeune garçon, il nous livre deux points de vue : celui du jeune narrateur et celui plus distancié du cinéaste, qui laissant inexpliquées certaines « étrangetés « , ou invraisemblances de ce récit, n’en rend que plus sensible l’expérience intime que l’enfance fait du monde, et des adultes dans un contexte difficile voire cruel. Ce portrait à la fois léger et grave dans lequel on a vu surtout une parabole et un apologue pacifiste et antiraciste non sans raison, reste en définitive celui d’une enfance dont la vitalité, l’exigence d’authenticité, la force de conviction sont des qualités trop souvent sous estimées voire réprimées par et dans le monde adulte.
France Demarcy
Par Jacques Aumont, Cahiers de notes sur…Le Garçon Aux Cheveux Verts, école et cinéma, les enfants du deuxième siècle Paris.
Le film raconte donc, en fin de compte, simplement le passage de l’enfance à autre chose que l’enfance, et la lutte, dans ce passage et pour s’en rendre maître, entre plusieurs puissances : celle de la société civile, avec ses faiblesses, ses certitudes mesquines, mais aussi sa sécurité ; celle de la société angélique des forces du bien et du vrai, avec ses âmes et ses mains pures – mais aussi , son absence de mains ; celle de la Nature, au sein de laquelle incessamment l’enfant est tenté de se replonger. Les cheveux verts sont le déclencheur- apporté par le vent du hasard, comme de petites graines invisibles- à partir duquel ces puissances vont pouvoir se manifester, conflictuellement. La société des hommes n’a à proposer qu’une chose, un rite collectif, purificateur et initiatique, dont le film évoque deux variantes, sauvage et spontanée, dans la clairière, ou organisée et civilisée, dans un lieu de rencontre civile ( voire civique), le salon de coiffure. Les anges de la Paix, eux, offrent un autre passage, une autre façon de grandir : devenir prophète et témoin ; s’exclure volontairement du social pour sauver le monde ; devenir pur, coïncider avec une volonté et un principe.
Le Garçon aux Cheveux verts
Auteur LOSEY Joseph
Année 1948
Pays États-Unis
Le questionnaire
1ERE PARTIE : COMPREHENSION DE L’INTRIGUE
- Dans quel pays et à quelle époque se tient l’action du film ?
- Qui est le héros du film ?
- Quel événement déterminant pour lui intervient au début du film ? En est-il conscient ? Que devient-il ?
- Quelle est la profession de celui qui recueille le héros en définitive ?
- Quel accueil est fait au héros dans son école puis dans la ville en général ?
- Lors de la collecte pour les orphelins, de quoi le héros prend-il conscience ? Comment, d’abord, réagit-il ?
- Quelle est sa seconde réaction ?
- Quel sujet semble préoccuper les adultes dans l’épicerie ? Comment le héros réagit-il à leur discours ?
- Lors du dîner suivant, quel élément porteur d’espoir Gramp désigne-t-il ?
- Que se passe-t-il le lendemain matin ?
- Comment le héros réagit-il ? De la petite fille ? De Gramp ? Des autres adultes ? De ses camarades ?
- Quelle solution envisage-t-il face à la réaction des autres habitants de la ville ? Pourquoi y renonce-t-il ?
- De quel message se fait-il le porteur ? Est-il entendu ?
- Que se passe-t-il dans les bois lorsque le héros s’y rend pour la seconde fois ?
- Quelle décision Gramp et le héros prennent-ils à l’issue de ces événements ?
- Que se passe-t-il la nuit suivante ?
- Comment se conclut l’entretien avec le docteur Evans, au commissariat ?
- Quelle décision le jeune héros prend-il en définitive ?
2E PARTIE : LE SENS DU FILM ET LE « MESSAGE » DU REALISATEUR
- Qu’est-ce qui fait du héros un personnage « différent », « isolé » au début du film ?
- Quand cet isolement semble-t-il prendre fin ?
- Quel incident rappelle au héros sa singularité ?
- Pourquoi, dans un premier temps, cette singularité est-elle acceptée par le reste de la société ?
- Comment cette singularité est-elle, par la suite, concrétisée ? Est-elle réelle ? Pourquoi cette couleur ?
- Quels sont les arguments qu’apporte la société pour rejeter cette particularité ?
- Comment peut-on nommer un tel rejet ?
- Comment, malgré tout, le héros fait-il de cette singularité un atout ?
- Quels sont les deux passages du film au cours desquels cette singularité est-elle rejetée par la société ?
- Qu’est-ce qui prouve que l’intégralité de la société rejette le héros et sa différence ?
- Qui, dans la société accepte la différence ? Pourquoi sont-ce justement ces personnages ?
- En quoi la décision finale du héros montre-t-elle que celui-ci a « grandi », gagné en maturité ?
- Finalement, qu’est-ce qui est indispensable pour combattre la discrimination ?
- Qu’est-ce qui importe dans l’attitude du héros aux yeux des deux médecins ?