Guerre d’Algérie – Ils ont été appelés en Algérie au moment des « événements » en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d’autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois il suffit de presque rien, d’une journée d’anniversaire, d’un cadeau qui tient dans la poche, pour que quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.
Dans Des hommes, adaptation du roman de Laurent Mauvignier, Lucas Belvaux tisse les voix et les souvenirs de ces hommes qui furent envoyés en Algérie mener une guerre qui ne disait pas son nom. Notre dossier pédagogique propose des repères pour aborder le film (entretien avec le cinéaste Lucas Belvaux et l’historien Benjamin Stora), et des fiches d’activités élèves pour travailler au lycée sur l’histoire et la mémoire de la Guerre d’Algérie (Programme d’Histoire et d’Histoire géographique, géopolitique et sciences politiques), mais aussi sur la question de l’adaptation et la thématique de l’Humanité en guerre (Programme de Français et d’Humanités, littérature et philosophie).
Un film de Lucas Belvaux, sortira le 02 juin 2021
Dossier pédagogique « Des hommes »
Dossier pédagogique
Des hommes
Films pour le programme de troisième
Sélection de films
programme de troisième
Raphaëlle BRANCHE
Papa, qu’as-tu fait en Algérie ?
Enquête sur un silence familial
De 1954 à 1962, plus d’un million et demi de jeunes Français sont partis faire leur service militaire en Algérie. Mais ils ont été plongés dans une guerre qui ne disait pas son nom. Depuis lors, les anciens d’Algérie sont réputés n’avoir pas parlé de leur expérience au sein de leur famille. Le silence continuerait à hanter ces hommes et leurs proches. En historienne, Raphaëlle Branche a voulu mettre cette vision à l’épreuve des décennies écoulées depuis le conflit.
Fondé sur une vaste collecte de témoignages et sur des sources inédites, ce livre remonte d’abord à la guerre elle-même : ces jeunes ont-ils pu dire à leur famille ce qu’ils vivaient en Algérie ? Ce qui s’est noué alors, montre Raphaëlle Branche, conditionne largement ce qui sera transmis plus tard. Son enquête suit ensuite les métamorphoses des silences et des récits jusqu’à nos jours. Elle pointe l’importance des bouleversements qu’a connus la société française et leurs effets sur ce qui pouvait être dit, entendu et demandé dans les familles à propos de la guerre d’Algérie. Elle éclaire en particulier pourquoi, six décennies après la fin du conflit, beaucoup d’enfants ont toujours la conviction qu’existe chez leur père une zone sensible à ne pas toucher.
Grâce à cette enquête, c’est plus largement la place de la guerre d’Algérie dans la société française qui se trouve éclairée : si des silences sont avérés, leurs causes sont moins personnelles que familiales, sociales et, ultimement, liées aux contextes historiques des dernières décennies. Avec le temps, elles se sont modifiées et de nouveaux récits sont devenus possibles.