MI5 – série – Vous connaissez James Bond, l’indéboulonable espion du MI6, au service secret de Sa Majesté? Oubliez le, voici les “Spooks” (espions) du MI5.
Apparue le 13 mai 2002 à la télévision britannique, Spooks a réuni, pendant 10 saisons et 86 épisodes jusqu’au 23 Octobre 2011, de 5 à 7 millions de telespectateurs, accrochés aux rebondissements de cette brillante série.
Mais, là où ce bellâtre de Bond se balade de yacht en casino, les espions de cette série volontairement réaliste, vivent et travaillent à Londres, ont des problèmes de loyer et de garde d’enfants. Cet aspect terre à terre se retrouve également dans le quotidien professionnel des espions, leurs questionnements éthiques, leurs choix de terrain et les conséquences parfois dramatiques de ceux ci.
Fondé en 1909, le MI5 a une fonction de collecte d’informations concernant la sécurité intérieure de la Grande Bretagne, et, s’ils le font dans certains cas, ses agents n’ont pas vocation à intervenir, laissant cela à la Special Branch de la police. Le MI5 est connu pour sa culture du secret , qui est telle que son existence n’a été officiellement reconnue qu’en 1986, et ses méthodes très partiellement dévoilées lors d’un procés en 1996.
MI5 – série – Les espions aussi ont des problèmes de loyer
Cette série, immersive, sombre et palpitante explore le microcosme de la section D du MI5, dirigée par Harry Pierce (magistral Peter Firth) face au macrocosme des dangers multiformes qui guettent la GB. Alors que le fantôme de l’IRA et de ses soldats perdus continuer de hanter et de menacer le pays, la série explore les nouvelles menaces, du terrorisme d’état avec l’Iran, aux islamistes, en passant par l’extrême droite, l’extrême gauche ou les groupes ecolo terroristes. A partir de la 4eme saison, l’ombre du 7 juillet plane sur la série, ajoutant encore un poids sur les épaules de nos Spooks.
Flirtant parfois avec l’uchronie et la dystopie (et malgré quelques rares facilités scénaristiques), la série évoque également les relation entre presse et démocratie britannique mais aussi les relations complexes et ambigues avec les alliés français et américains.
Le propos est volontiers subtil, loin des dichotomies gentils/méchants de nombreuses séries américaines, les arrangements avec la morale et l’éthique, le peu de poids des “ dommages collatéraux, face à la raison d’Etat sont traités sans angélisme, donnant parfois du MI 5 une image glaciale et glaçante.
La mise en scène est nerveuse, la photo reste sur des teintes froides, la violence et ses conséquences ne sont pas éludées (l’épisode 2 de la saison 1 a d’ailleurs fait l’objet de nombreux signalements), et Spooks nous apprend, 10 ans avant Game of Thrones, à ne pas trop nous attacher aux personnages même principaux,la mort brutale et inattendue de ceux ci étant une des caractéristiques de la série. L’absence de noms des acteurs au générique renforce d’ailleurs cette impression que ces hommes et ces femmes ne sont que des pièces interchangeables au service de l’Etat.
Spooks (en français MI5, je recommande of course la VO) Une série crée par David Wolstencroft
Kodos for BBC, à voir en replay sur Polar +
Pour aller plus loin: Christopher Andrew The defence of the Realm: the authorized history of MI5,
Londres, Allen Lane, 2009, 1032 p.