Les hasards d’un email « communiqué de presse » comme j’en reçois tellement, m’ont amené à répondre dans la foulée en manifestant mon intérêt pour cette série documentaire consacrée à la France périphérique, la France des marges pour les géographes, qui sera présentée le mercredi 13 novembre dans le cadre des cafés géopolitiques des Clionautes à la médiathèque André Malraux de Béziers.

 

A partir du lundi 11 novembre à 23.45

Femmes en jaune

Longtemps invisibles, ces femmes qui revendiquent une place dans le mouvement des Gilets jaunes ont décidé d’ouvrir leur cœur et leurs portes. En prenant la parole, elles racontent la spirale de la précarité. Elles sont infirmières, aide-soignantes, étudiantes, retraitées, citoyennes et Gilets jaunes. Un an après novembre 2018 qui a marqué l’histoire sociale et politique de notre pays, cette collection documentaire dresse le portrait de ces femmes qui ont décidé de descendre dans la rue pour dénoncer leurs difficultés quotidiennes. Les antennes régionales de France 3 et France Ô donnent la parole aux femmes qui résistent et qui près de chez vous se sont rassemblées pour manifester leurs colères.

La marche des femmes – lundi 11 novembre
Un documentaire réalisé par Anne Gintzburger

C’est une marche pacifique dans laquelle se sont engagées les femmes gilets jaunes du sud de la France. En décidant de rallier Marseille à Paris à pied, Sarah, Manon, Fabienne, Marie et leurs camarades ont fait le choix de quitter pendant un mois, leurs enfants et leur travail. Leur marche citoyenne est un acte de résistance. Au fil de leur voyage et au hasard des rencontres, se dessinent une France en colère et des habitants qui souffrent des mêmes maux. Ensemble les femmes ont choisi de lever le voile sur la précarité de leurs vies, et veulent témoigner dans ce film de la solidarité née sur les ronds-points.

Le premier de ces documentaires, la marche des femmes, voit son action se dérouler quelque mois après le début de ce mouvement qui a très largement agité le pays, et qui a représenté en termes de temps d’antenne, une couverture inédite pour un mouvement social.

On remarquera que par les temps qui courent, une fois les vacances estivales passées, et d’autres préoccupations très largement développées dans les grands médias, que ce mouvement des gilets jaunes semble avoir disparu des écrans. Au sens propre, comme au sens figuré.

C’est pourtant le temps de l’analyse, et les documentaires de de Anne Gintzburger, Anouk Burel et Claire Perdrix, pourront certainement aider le géographe, l’historien des mouvements sociaux, à comprendre ce qui a bien pu se passer sur les ronds-points, dans les rues des villes et des villages de cette France périphérique qui a pu crier son désespoir lors de ces manifestations hebdomadaires, les fameux samedis de mobilisation.

Le premier lien de visionnage que j’ai eu la chance de regarder raconte l’histoire de ces femmes, venues des Pyrénées orientales mais aussi de Marseille, qui se sont retrouvées pour marcher en direction de Paris.

Elles ont accepté de quitter leurs enfants, leur quotidien, pour porter témoignage, pour essayer de fédérer ce qui apparaît toujours comme un mouvement en mal de leaders, de porte-paroles   et d’organisation.

En même temps, ces femmes prennent conscience d’une dimension qu’elle ne connaissait peut-être pas auparavant, celle de la solidarité et de la main tendue. Les personnages principaux, comme Sarah, Manon, Fabienne, Marie, sont très clairement des novices de la politique et de la prise de parole. Elle témoigne simplement des difficultés de leur quotidien, et elles rencontrent à Montchanin en Bourgogne comme à Montceau-les-Mines des femmes et des hommes qui sont dans les mêmes galères.

Elles témoignent du cumul de deux emplois, des services publics fermés, de l’effondrement de la valeur immobilière dans les villes moyennes, la fermeture des commerces et de tant de choses qui paraissent évidentes depuis des années. Et on s’en cette impatience monter, celle d’un peuple qui s’exprime incontestablement, de façon minoritaire, il faut aussi le dire, mais qui peut être, semble porté par bien plus de gens, par procuration.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : au plus fort du mouvement, ce sont peut-être 300 000 gilets jaunes maximum qui ont pu se manifester sur l’ensemble du territoire, lors de l’occupation des ronds-points. Dans ce premier volume de l’ensemble documentaire proposé, il n’y aura pas de manifestation de rue, pas de vitrines brisées, pas de black blocks ni de CRS ou de gendarmes mobiles. On voit des femmes qui chantent, des sourires, mais aussi des visages marqués. Ce gilet jaune est une chasuble, celle de ces nouveaux canuts, ou plutôt de leur femme, qui ne portent pas, comme dans cette première chanson de la révolte lyonnaise, « chasuble d’or » ou vêtements ciblés Gucci pour actualiser davantage.

Évidemment, quand on est observateur attentif de la vie politique et sociale, on s’interroge sur la spontanéité cette organisation, sur cette débrouillardise aussi qui permet d’organiser une « assemblée des assemblées », réunissant des gilets jaunes de la France à Montceau-les-Mines. Oui mais finalement, qu’en ressort-il ? Si ce n’est un constat d’impuissance peut-être. Alors cette rage, ces femmes l’expriment et racontent leur quotidien entre la queue à la banque alimentaire, et ces moments où l’on compte sous par sous pour arriver à la fin du mois. On est ému évidemment devant les gestes de solidarité, ceux qui regardent passer ces femmes avec leurs drapeaux régionaux, breton, occitan, peu importe et leurs gilets jaunes. Comment un accessoire de sécurité automobile a pu devenir une sorte d’étendard de la révolte, rappelant les premiers drapeaux rouges et noirs de ces révoltes du tout début du XIXe siècle.

Dans ce premier opus c’est plutôt le temps du dialogue de l’échange, le temps du sourire aussi plutôt que celui de la confrontation. Les élus des petites villes qui accueillent sont bienveillants, solidaires peut-être aussi de ce qui seraient leurs administrés.

On passe donc un excellent moment et ces petits commerçants, ces agriculteurs qui accueillent ces femmes en marche nous racontent aussi une histoire. Celle de ces gens qui travaillent, qui se lèvent tôt mais dont l’avenir reste bien incertain.

Toutes solidaires – lundi 18 novembre
Un documentaire réalisé par Anne Gintzburger

Elles sont « les Amajaunes » et elles ont pris la tête de la fronde des femmes en territoire Grand Est. Chacune est venue avec son histoire et s’inscrit dans un récit collectif qui parle de précarité et de solidarité. Anne Lyse, Emilia, Mauricette, Emi et leurs camarades se battent pour l’avenir de leurs enfants dans une région lourdement marquée par la fin des industries. Ensemble avec les gilets jaunes, les femmes défendent la liberté de pouvoir vivre dignement de son travail.

 

Les femmes du rond-point – lundi 2 décembre
Un documentaire réalisé par Anne Gintzburger

Elles se sont connues sur un rond-point un samedi de novembre 2018, dans l’une de ces campagnes de Normandie où l’engagement des femmes a marqué le mouvement des gilets jaunes. Après des mois de mobilisation, Stéphanie, Catherine, Sandra, Evelyne et Christine n’ont pas baissé les bras. Le petit groupe a décidé de ne pas se quitter et de poursuivre la lutte, autrement. Les femmes ont maintenant une conviction : pour gagner du pouvoir d’achat il faut revenir à la terre.

 

Des femmes en colères – lundi 9 décembre
Un documentaire réalisé par Anne Gintzburger

Pour  Sabrina, Lydie, Marie et leurs camarades, la résistance s’est écrite sur un rond-point. Toutes ensemble les femmes gilets jaunes se dressent pour défendre l’avenir de leurs enfants et faire entendre la voix de toutes les familles précaires. A Montchanin et à Montceau-les-Mines, dans ce bassin minier marqué par des années de crise, les femmes relèvent la tête et témoignent des inégalités qui progressent. En sortant de l’ombre elles ont aussi découvert dans la mobilisation qu’elles n’étaient plus seules.

 

Les combattantes – lundi 16 décembre
Un documentaire réalisé par Anouk Burel

Loin de Bordeaux où les manifestations ont été intenses, ce film part à la rencontre d’un petit groupe de femmes Gilets Jaunes, réunies autour du rond-point Auchan Sud de Poitiers. Magali, Peggy, Françoise, Nadine et Charlotte ont lutté pacifiquement pendant un an et elles n’auraient jamais eu l’occasion de se connaître en dehors de ce mouvement. Ce film témoigne de leur lien au-delà des barrières sociales, de leur solidarité entre femmes, de la façon dont elles ont retrouvé une place et sont sorties ensemble de leur isolement.

 

 

Et sur France Ô 
Les gardiennes de l’île – Jeudi 24 octobre 2019 à 20.55

Un documentaire réalisé par Claire Perdrix

Elles ne se connaissaient pas il y a un an. Elles ont des âges, des parcours, des situations sociales différentes, mais elles partageaient sans le savoir une même révolte contre la vie chère, les perspectives d’avenir bouchées et le mépris de ceux qui prennent les décisions à 10 000 km de là. Pour la première fois de leur vie, les femmes réunionnaises ont décidé de ne plus se taire, de ne plus laisser aux hommes le monopole du combat. Elles sont montées au front dès le début du mouvement, vêtues de leurs chasubles jaunes, sacrifiant, s’il le fallait, leur vie professionnelle et parfois même leur vie de famille. À travers le portrait de cinq femmes, dans leur intimité et au sein du groupe, ce film est le récit d’une lutte qui perdure au-delà des barrages et qui a transformé chacune d’elles en profondeur. Voir plus