L’extrait projeté est la première séquence de Danton d’A. Wajda (1982). Il s’agit du premier film de ce réalisateur polonais tourné en dehors de son pays natal. A.Wajda a dû fuir la Pologne après l’interdiction du syndicat « Solidarité » dont il était un membre actif et après la déclaration de l’Etat d’urgence décrétée par le gouvernement communiste en 1981.
QUESTIONS
– Dans quel type d’espace se situe la première séquence du film de Wajda ?
– Enumérez tous les procédés utilisés par le cinéaste dans l’image et dans la bande-son pour créer un climat de tension dès les premiers instants de son film ?
– Quelle image du sans-culotte nous est donnée ici ? (s’aider du document 5 page 177).
CORRECTION
– On se situe dans la zone de l’octroi, le passage séparant la campagne de la ville. L’octroi marque la frontière entre deux mondes, c’est une zone étroitement contrôlée (contexte de crise économique, les sans-culottes sont violemment opposés au marché noir), mais également une zone de taxe.
– Les éléments de tension sont créés par :
- dans l’image : les rangées d’arbres qui forment un triangle et rappellent le couperet de la guillotine, les gardes à cheval qui coupent le champ et passent devant la caméra (effet d’amplification), l’univers sombre et indéfini de la campagne. Dans la zone de l’octroi : le sans-culotte qui surgit du hors champ créant un effet de surprise. Les mouvements de caméra associent un travelling à un panoramique : on perd ses repères : volonté de perdre le spectateur. La calèche passe l’octroi mais quelqu’un la suit (surveillance).
Dans la ville, la main sur le brasero évoque le froid alors que s’inscrit paradoxalement le mot « printemps ». , une seule calèche entre dans une place déserte (isolement, image de l’entrée aux enfers). La guillotine est théâtralisée : objet entouré d’un drap noir (mort, rideau du théâtre qui laisse apercevoir le tranchant), enfin un fondu enchaîné permet de passer des yeux de Danton à la lame de la guillotine (allusion au destin tragique du personnage). - dans le son : la musique choisi est dysharmonique, alternant notes très aïgues et très graves, elle s’apparente à celle de Bernard Hermann, le compositeur d’Hitchcock. Les phrases prononcées par le sans-culotte sont très courtes, sa voix est blanche (veiller toute la nuit). Enfin, le son de la pique qui entre dans les fagots est fortement exagéré. C’est un trucage du bruitteur : on entend le bruit d’une pique entrant dans du foin, or il s’agit de bois : y-aurait-il quelqu’un caché ? Enfin, de nombreux sons nous parviennent sans qu’on sache d’où ils viennent exactement.
– Le sans-culotte correspond bien au portrait qui nous en est donné dans le document. Physiquement, son vêtement est collé sur lui, il est sale, dépenaillé. C’est également un être suspicieux (mise en application de la loi des suspects : parallèle avec la situation en Pologne), armé (pique). On le voit appeler un autre personnage et chuchoter avec lui sans comprendre les propos échangés (thème du complot).