COMPAGNONS de François Favrat avec Najaa, Agnès Jaoui, Pio Marmaï le 2 mars prochain au cinéma.

Présentation du distributeur

Passionnée de Street Art, Naëlle est contrainte de suivre avec d’autres jeunes un chantier de réinsertion. Touchée par la jeune fille, Hélène, la responsable du chantier, lui présente un jour la Maison des Compagnons de Nantes, un monde de traditions qui prône l’amour du travail artisanal et la transmission des savoirs. Naëlle découvre un univers aux codes bien différents des siens… qui, malgré les difficultés, pourrait donner un nouveau sens à sa vie.

Ce film de fiction suit le parcours d’une adolescente en échec scolaire, qui va s’ouvrir et s’épanouir dans une formation manuelle dans un contexte familial compliqué. Le film nous semble être un excellent outil à présenter aux adolescents s’interrogeant sur leur avenir, qui démontre les vertus de l’apprentissage professionnel, l’épanouissement possible dans le travail manuel, l’autonomie vite acquise, l’encadrement bienveillant qu’on peut y trouver…

A travers le parcours de cette adolescente, à laquelle de nombreux élèves en difficulté peuvent s’identifier, le film balaie les préjugés négatifs liés à la voie professionnelle et met en évidence le fait que celle-ci peut aussi être une voie d’excellence.

Même si le film sort le 02 mars au cinéma, vous pouvez organiser une projection dès maintenant pour vos élèves. Il vous suffit de contacter la salle de cinéma la plus proche de votre établissement ou celle avec laquelle vous avez l’habitude de travailler, pour réserver une séance.
Si vous ne connaissez pas les coordonnées du responsable du cinéma, n’hésitez pas à en faire la demande auprès de programmation@wildbunch.eu

Compagnons – le film – L’avis des Clionautes

Voici un film dont il serait possible de tirer profit lorsque l’on est PLP lettres histoire, affecté en lycée professionnel. On a pu parfois reprocher aux associations de professeurs d’histoire-géographie en général, y compris aux Clionautes, de ne pas avoir d’intérêt pour la filière professionnelle.
Cela est d’autant plus inexact, – au moins pour l’auteur de ces lignes, qui y était destiné, en raison d’une scolarité chaotique – , que l’association cherche, avec constance, à intégrer dans ses rangs cette catégorie de professeurs.

Au-delà de ces péripéties de la vie associative, des difficultés qu’elle rencontre, en raison d’une baisse de l’engagement, c’est bien à une réflexion sur l’excellence du travail manuel, sur l’intelligence de la main, que ce film nous invite.

Dans les différents chantiers du bâtiment et des travaux publics dans lesquels j’ai pu exercer mon activité d’électricien, j’ai pu rencontrer des compagnons. Ils étaient issus des « compagnons du devoir », fiers de leur métier et de leur savoir-faire. Lorsque dans un chantier les différents corps de métiers travaillent ensemble, il arrive souvent que les frictions aient lieu. La cohabitation entre l’électricien et le plâtrier, ou encore avec le plombier, peut-être parfois compliquée.

Mais pour avoir travaillé avec des plombiers « compagnons du devoir », force est de constater que la différence est parfaitement visible. La précision des gestes, la rigueur dans la mise en place du chantier, la qualité du résultat final, sont le résultat d’un apprentissage rigoureux, basé sur une transmission à partir du savoir-faire d’un maître.
Une certaine forme de mépris du travail manuel a malheureusement conduit à ce que les lycées professionnels se transforment en établissements de relégation. Ce sont les jeunes issus de milieux sociaux culturels défavorisés qui sont souvent envoyés–par défaut–dans ces filières.

Faut-il pourtant rappeler qu’un ouvrier hautement qualifié dans différents secteurs du bâtiment et des travaux publics peut accéder à des niveaux de rémunération largement équivalents à ceux d’un professeur, y compris agrégé, en milieu de carrière ?

Au-delà de la rémunération , ces compagnons du devoir sont également les dépositaires d’un savoir-faire qui, dans de très nombreux domaines, associe à la transformation de la matière l’intelligence de l’homme.

Oui, l’enseignement professionnel est à réhabiliter. Lorsque l’on parle de pénurie de main-d’œuvre dans des secteurs sous tension, peut-être faudrait-il s’intéresser à cette dimension de la formation. Et justement, au-delà des apprentissages techniques, les PLP lettres histoire ont bien évidemment un rôle à jouer. Il n’est pas sûr que la diminution de la part des enseignements généraux dans les lycées professionnels soit le bon message.

En attendant, j’exprimerai un désaccord avec la communication du distributeur de ce film.

S’il peut être montré à des élèves des lycées professionnels, je considérerai plutôt qu’il serait sans doute encore plus pertinent à présenter dans les filières générales. D’abord pour montrer qu’il existe une alternative à des métiers non manuels. Ensuite pour faire prendre conscience à des jeunes, souvent en difficulté dans les filières générales, qu’ils peuvent être dépositaires d’autres aptitudes. Mieux encore, ce savoir-faire manuel, cette intelligence de la main, peut-être une porte d’entrée vers l’abstraction, la capacité à exprimer dans la transformation de la matière, un goût de l’esthétique comme expression de la sensibilité.

Finalement, je me demande si on ne devrait pas montrer ce film dans des établissements comme Sainte Geneviève à Versailles, Stanislas à Paris, où l‘école alsacienne. Peut-être que dans ces « ghettos de luxe » ce film pourrait ouvrir des esprits. Et pas seulement ceux des élèves !