Trailer…
Il n’y aura pas de prise de partie dans cet article, mais plutôt une réflexion sur le Black history month et le cinéma.
Mon fil rouge : le héros noir et l’héroïne noire au cinéma.
Pour le plan mis en oeuvre, il est simple : une petite histoire du Black History month et des oeuvres cinématographiques qui permettent d’illustrer mes propos… Bonne lecture !
1. Le Black history month, qu’est-ce que c’est ?
Le mois de l’histoire des Noirs, est une célébration annuelle consacrée à la reconnaissance de la contribution des populations afrodescendantes à l’histoire et à la culture.
Tout commence en 1926 avec les travaux de l’historien américain Carter G. Woodson et le lancement, par l’association ASNLH de la Negro History Week.
Leur objectif est simple : mettre en avant les héritages et la contribution des communautés noires. Suite à cette entreprise, Carter G Woodson est surnommé le « père de l’histoire noire ».
2. Men and women in black sur fond blanc
- Invisibilité et clichés
Au début du cinéma, les rôles offerts aux acteurs noirs étaient souvent stéréotypés et secondaires. Les personnages noirs étaient fréquemment relégués à des rôles de serviteurs, de criminels ou de figures comiques.
En France, Rafael Padilla incarne le personnage Chocolat que l’on retrouve dans les films des Frères Lumières et dont la mémoire est réhabilitée en 2016 avec le film éponyme de Roschsdy Zem.
Aux États-Unis, des films comme « La Naissance d’une nation » (1915) de D.W. Griffith, bien que techniquement innovants, véhiculent des stéréotypes racistes et une vision déformée de l’histoire.
Bon… L’image du héros et de l’héroïne, noire n’est pas encore prégnante… Même si une femme, va marquée l’histoire du cinéma noir américain :
L’avez vous reconnue ?… Oui?! Bravo, il s’agit de Hattie Mc Daniel. Née en 1895 et décédée en 1952, c’est la première a recevoir l’oscar de la meilleure actrice dans un second rôle en 1940 pour son rôle de Mamma dans Autant emporte le vent…
Malgré les polémiques récentes au sujet de ce film, notamment concernant le racisme subit par Hattie Mc Daniel en pleine période de ségrégation raciale aux Etats-Unis. Force est de constater la puissance et le talent de cette femme qui casse les codes et ouvre la voie à de nombreux acteurs… Cette actrice aura tout de même jouer dans 300 films… Respect !
- Break the rules… Thank you Mister Poitier!
Les acteurs noirs vont obtenir des rôles plus substantiels dans les années 1950 et 1960. Parmi eux : Sidney Poitier. Le palmarès de Sidney Poitier est impressionnant (cliquez ici). Né en 1927 et mort en 2022, il est une figure emblématique et remporte l’Oscar du meilleur acteur en 1964 pour son rôle dans Lilies of the Field. Il est pionnier en la matière, car c’est le premier acteur noir obtenir un Oscar…
La bande annonce de Lilies of the field (Le Lys des Champs) de 1964
Pas mal, le Sidney…
Durant cette période, d’autres acteurs font aussi leur apparition, tel que Harry Belafonte, que l’on connait surtout pour le fameux Banana Song… Allez, petit plaisir :
Du côté de la gente féminine, il y a Dorothy Dandridge (1922-1965) qui sera la première femme noire à s’imposer à Hollywood. Son premier rôle arrive bien tard, en 1953, lorsqu’elle donne la réplique à Harry Belafonte dans Bright road ( La route radieuse)
- Blaxploitation !
Les années 1970 voient l’essor du cinéma blaxploitation, un genre qui met en scène des héros noirs dans des films d’action et de crime. Bien que souvent critiqué pour ses stéréotypes et sa violence, ce genre a permis à des acteurs comme Pam Grier et Richard Roundtree de devenir des icônes.
Pam Grier (1949-), a incarné des héroïnes fortes et indépendantes dans des films comme « Coffy » et « Foxy Brown ». En voici un exemple dans le trailer de Foxy Brown de 1974
Richard Roudntree (1942-2023), quant a lui incarne Shaft, un détective privée à la recherche de la fille d’un gangster kidnappée par des mafieux.Ce personnage continue d’exister dans d’autres épisodes où John Shaft est joué par Samuel L.Jackson dans les années 2000.
Bon, nous sommes bien ancrés dans une imaginaire stéréotypée et hypersexualisée…
La Blaxploitation n’a pas duré longtemps, mais permet de mettre en exergue des héros afro-descendants. En France, la présence de héros noirs dans les films est plus que timide ou liée à une catégorie de films peu recommandable à une heure de haute écoute…
- La diversification des rôles
Les décennies suivantes ont vu une diversification des rôles et une reconnaissance accrue des talents noirs. Des acteurs comme Denzel Washington, Whoopi Goldberg et Morgan Freeman ont remporté des Oscars et sont devenus des figures incontournables du cinéma hollywoodien.
Des films abordent des thèmes historiques et sociaux importants, mettant en lumière l’expérience afro-américaine. Parmi ces films, il y a La couleur pourpre. C’est une adaptation de l’œuvre épistolaire d’Alice Walker publié en 1982. Steven Spielberg nous offre là une oeuvre frappante.
On reconnait la jeune Whoopi Glodberg et Danni Glover… Ce film, je pense, a marqué une génération. Il a même été re-produit en 2023 par Oprah Winfrey, Steven Spielberg, Quincy Jones et Scott Sanders.
En France, les acteurs noirs sont à l’écran. Parmi les grands, nous avons Isaac de Bankolé, Alex Descas, Jacques Martial, Pascal Légitimus, Firmine Richard, Mouss Diouf…
Firmine Richard ( 1947- -) Née à Pointe-à-Pitre, elle arrive en métropole à l’adolescence, y travaille avant d’intégrer le conseil régional en 1979. Cependant, elle est repéré dans un restaurant parisien, et apparaît pour la première fois à l’écran en 1988 dans le film Romuald et Juliette de Coline Serreau…Aujourd’hui Firmine Richard, a plus d’une trentaine de films à son actif.
Du côté des hommes ils sont plus nombreux, mais pour faire un lien entre la France et les Etats-Unis, penchons-nous sur Zachari Bankolé ( 1957 – ) autrement nommé Isaac de Bankolé.
Il débute sa carrière en France et la poursuit aux Etats-Unis. Son premier grand rôle date de 1986 lorsqu’il donne la réplique à Jacques Villeret dans Black Mic-Mac. Il obtiendra d’ailleurs le César du meilleur second rôle l’année suivante. Assez lassé des rôles qui lui sont proposés en France, toujours stéréotypé et réducteur, selon lui. Il s’installe aux Etats-Unis en 1997. Sa plus récente apparition, en tant qu’héros est celle du chef de la Tribu Rivière dans les films Black Panther.
- L’explosion de talents
Le XXIe siècle a vu une explosion de talents noirs au cinéma, avec des réalisateurs comme Spike Lee, Ava DuVernay et Barry Jenkins qui racontent des histoires diverses et nuancées.
Des films comme 12 Years a Slave (2013), Moonlight (2016) et Black Panther (2018 et 2022) ont non seulement remporté des succès critiques et commerciaux, mais ont également redéfini ce que signifie être un héros ou une héroïne noire au cinéma.
Le monumental 12 Years a Slave de Steve Mc Queen reçoit, entre autre, l’oscar du meilleur film en 2014. Cette oeuvre met en avant à la fois l’histoire de l’esclavage, ainsi que la percée et la reconnaissance de producteur et d’acteurs noirs talentueux : Chiwetel Ejiofor qui détient le rôle principal et Lupita Nyong’o. En voici le trailer :
En France, les réalisateurs et réalisatrices n’ont pas à rougir de leurs réalisations.
Pour preuve, on doit à Euzhan Palcy, la Rue case Nègre .
Synopsis « 1930. Au milieu d’une immense plantation, la rue Cases Nègres : deux rangées de cases de bois désertées par les adultes partis travailler la canne à sucre. La rue appartient aux enfants et surtout à José, 11 ans, orphelin élevé par sa grand-mère, M’an Tine. Celle-ci n’a qu’un rêve : faire étudier José. Mais pour cela, il faudra quitter la rue Cases Nègres.. » Source : sens critique
Du côté de la gente masculines, les réalisateurs semblent plus nombreux. On peut retenir Lucien Jean-Baptiste, Ladj Ly, Simon Moutaïrou, Jimmy Laporal-Trésor,… Ils produisent et réalisent des films variés qui illustrent que le cinéma porté par des afro-descendants est une réalité en France, et qu’il a encore de beaux jours devant lui. Vous pouvez trouver ci-après quelques exemples de films sortis récemment et utilisables en classe
- Le film de Jimmy Laporal-Trésor : Les Rascals
- Le film de Simon Moutaïrou : Ni chaînes, ni maîtres et le regard d’un Clionautes
Quant aux actrices et acteurs, ils sont de plus en plus nombreux et s’inscrivent dans le récit cinématographique français, américains ou encore mondial. Si, je vous l’assure. Omar Sy, Zendaya, Aïssa Maïga, Nadège Beausson-Diagne, Sonia Rolland, Fabrice Eboué, Jean-Claude Zadi, Thomas Ngijol, Ashton Sanders… L’occasion peut-être d’un autre article…Qui sait.
Pour conclure
Le Black History Month est donc une célébration qui rappelle l’importance de l’histoire et des contributions des Afro-Américains.
Au cinéma, l’évolution des rôles des héros et héroïnes noirs reflète les luttes et les progrès de la société. De Sidney Poitier à Chadwick Boseman, en passant par Pam Grier et Lupita Nyong’o, ces figures ont non seulement enrichi le paysage cinématographique, mais ont également inspiré des générations à embrasser leur identité et à revendiquer leur place dans l’histoire.
Donc si les figures du héros noir et de l’héroïne noire ont gagné en visibilité et en diversité, des défis subsistent : la question des opportunités, le poids des stéréotypes, la nécessité d’une représentation authentique… MAIS, je constate que le chemin parcouru est immense et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle…
C’est à ce moment…que : je drop the mic !
Sources complémentaires :
Régis Dubois, Les Noirs dans le cinéma français, Lettmotif
https://www.cinematheque.fr/cycle/shaft-icone-de-la-blaxploitation-1103.html
https://en.wikipedia.org/wiki/Black_History_Month
https://blackhistorymonth.gov/
https://www.bbc.com/afrique/articles/cpqlxzyz4wzo
https://www.britannica.com/story/why-is-black-history-month-celebrated-in-february
https://www.agenceecofin.com/grand-format/0410-69805-isaac-de-bankole-un-parcours-extraordinaire-qui-devrait-finalement-le-ramener-aux-sources-en-cote-d-ivoire