Lee Miller, d’après une incroyable histoire vraie,

Sorti en salle le 9 octobre 2024 en France, la réalisatrice Ellen Kuras, nous offre un biopic poignant et juste de la  vie de Lee Miller. L’occasion est donc toute trouver de retracer la vie de Lee Miller, et d’exploiter le film en classe. 

1. La vie ou les vies de Lee Miller

Elizabeth Miller est née à Poughkeespie le 23 avril 1907 dans l’État de New York, aux États-Unis. Son enfance et son adolescence sont marquées par un abus sexuel et la noyade de son petit ami. Ces évènements tragiques modèlent la vie de cette femme, autodidacte, nourrie d’opinions progressistes. Voici, en quelques lignes et sans aucune prétention rédactionnelle, les vies de Lee Miller. 

  • De l’étudiante à la mannequin 
Lee Miller
Genthe Arnold (1869-1942)
photographe américain d’origine allemande

 

C’est dans les années 1920 que Lee Miller rencontre la photographie. Elle entreprend des études de théâtre et d’art plastique à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris (1925), puis New-York (1927). Durant cette période elle travaille, puis pose, très rapidement, pour  Edward Steichen, ou encore Arnold Genthe ( voir cliché ci-dessus) . En effet, Lee Miller est repérée par Condé Nast, le fondateur du magazine Vogue…

  • De mannequin à Muse de Man Ray…

Elle décide  » de prendre une photographie plutôt que d’en être une » et s’établie en 1929 à Paris avec Man Ray Avec cet artiste surréaliste, Lee Miller devient son assistante, sa collaboratrice, son modèle et son égérie… Jusqu’à leur rupture violente en 1932. A la suite de cela, l’artiste américaine retour aux États-Unis et ouvre son studio avec son frère Erik…

  • …De photographe reconnue à modèle pour Picasso…

Les talents de Lee sont reconnus, mais elle s’envole pour Le Caire, en 1934, à la suite de son mariage avec Aziz Eloui Bey. Elle n’abandonne pas pour autant, sa passion pour la photographie et ses amis surréalistes. Elle rencontre Pablo Picasso en 1937, et devient un de ses modèles à plusieurs reprises. C’est à ce moment qu’elle rencontre Roland Penrose, avec qui elle s’installe à Londres, en 1939.

  • …De Photographe pour Vogue photographe de guerre…

A son arrivée à Londres, elle devient photographe free-lance pour Vogue. Elle couvre la Blitz, et, en 1944, elle obtient son accréditation de l’Armée américaine.  Dès lors, elle suit les troupes américaines en Europe et se lie d’amitié ( et de passion) avec David Sherman, photographe de guerre pour le magasine Life. (photo ci-dessous)

 

© Lee Miller Archives, England 2013. All rights reserved. www.leemiller.co.uk

 

En tant que photographe accréditée, Lee transmet ses clichés et ses comptes-rendus à Audrey Whiters, qui les publie dans le Vogue britannique et les fait suivre au Vogue américain. On doit à Lee Miller des photographies du siège de Saint Malo, de la Libération de Paris, des combats en Belgique et au Luxembourg, et surtout la découverte des camps de concentration de Buchenwald et Dachau…

 

Droits d’auteur : © Lee Miller Archives, England 2013. All rights reserved. www.leemiller.co.uk
Droits d’auteur : © Lee Miller Archives, England 2013. All rights reserved. www.leemiller.co.uk

 

 

A gauche:  Lee Miller dans la baignoire d’Hitler

 

A droite : Photographie de l’entrée du camp de Buchenwald.

 

 

 

 

  • … À la suite de la guerre…

Après la guerre, Lee ne rentre pas à Londres, mais continue son errance dans l’Est de l’Europe. L’artiste sombre alors dans l’alcoolisme et la prise d’amphétamine. Elle rentre chez elle en 1946 et se marie avec Roland Penrose. A partir de là, elle continue son partenariat avec Vogue, jusqu’à la naissance de son fils, puis sa mort en 1977, à la suite d’un cancer…

La vie de Lee Miller est fascinante et donne à voir une femme qui a traversé une période obscure de l’Europe. La découverte de ses clichés par son fils, la publication des archives et la réalisation du film d’Ellen Kuras, sont des outils puissants de mise en lumière et en image de cette artiste et des horreurs qu’elle a subies et vues. 

2. Le biopic et un avis sur la question…

Vous trouverez ici, dans la plus grande simplicité et volonté d’esprit de synthèse, la bande annonce et mon avis sur le film.

Lee Miller, d’après une incroyable histoire vraie – La bande annonce 

 

  • Le film et sa critique

Le biopic dure 1h57, et nous emmène dans la vie de Lee Miller avec poésie, humanité et sensibilité, sans pour autant verser dans le pathos.  On y perçoit les traumatismes et les errances de l’artiste, tout comme les émotions saisissantes dans les moments les plus critiques. Kate Winslet, qui a voulu faire se film avec Ellen Kuras, a réussi à rendre accessible la vie de cette femme. Tous les clichés pris par Lee Miller sont réels et consultables sur le site des archives éponyme.

Non loin de moi la volonté de divulgâcher le film… Mais sachez que Paul Eluard est mis à l’honneur, que l’on comprend, subtilement, le statut des femmes durant la guerre; que les artistes et leur sensibilité sont décryptés, et que l’esthétique est véritablement léchée et soignée.

La découverte de l’habitation d’Hitler et des camps dans le film s’accompagnent d’une expérience sensorielle. La réalisatrice a réussi à montrer le malaise de David Sherman, de confession juive, chez Hitler, tout comme l’horreur et l’odeur des corps inertes et empilés.

A la fin du film, il m’a fallu quelques minutes pour revenir au monde. Quand cela nous arrive, c’est que le travail cinématographie est au rendez-vous… Et c’est là… que mon instinct de professeure d’histoire-géographie a repris vie : Il faut l’exploiter en classe ! 

3. Une piste d’utilisation pédagogique, parmi tant d’autres

Voici les liens pédagogiques qui peuvent être faits entre le biopic et l’exploitation en classe.

  • Le rappel du Bulletin officiel de la Troisième à la Terminale
    • En Troisième 

Thème 1 : L’Europe, un théâtre majeur des guerres totales 1914-1945, et les chapitres portant sur les expériences totalitaires, la Deuxième guerre mondiale et la France défaite et occupée.

    • En Terminale générale 

Thème 1 : Fragilité des démocraties, totalitarismes et Seconde guerre mondiale et le chapitre 3 sur la Seconde guerre mondiale.

Thème 2 : La multiplication de acteurs internationaux dans un monde multipolaire et le chapitre 1 sur la fin de la Seconde guerre mondiale et le début d’un nouvel ordre mondial

    • En Terminale technologique 

Thème 1 : Totalitarisme et Seconde guerre mondiale avec la question obligatoire sur l’affirmation des totalitarismes et la guerre et le sujet d’étude sur la guerre d’anéantissement à l’Est et le génocide des Juifs

    • En Terminale en DNL Anglais

Thème 1 : Fragilité des démocraties, totalitarismes et Seconde guerre mondiale et le chapitre 3 sur la Seconde guerre mondiale, notamment l’étude sur les Etats-Unis ou la Grande Bretagne dans la guerre.

    • En Terminale HGGSP 

Thème 3 : Histoire et mémoire OTC L’histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes. Et les Jalons sur les lieux de mémoire du génocide des Juifs et des Tsiganes, et le génocide dans la littérature et le cinéma

  • Pourquoi utiliser le film ?

Le film peut être exploité car on y voit :

-la montée du nazisme

-la bataille d’Angleterre

-l’engagement des Américains dans la Libération de l’Europe

-l’épuration

-le bilan matériel et humain en Europe

-la découverte du réseau concentrationnaire et des centres de mise à mort.

  • Comment peut-on l’exploiter ? 

Pour ma part, je commencerais par une critique externe de l’oeuvre en amont du visionnage pour mettre le film en contexte. Pour ce qui est de l’activité des élèves, je l’ai décrite, dans les grandes lignes ci-dessous.

 

Les capacités travaillées :

Maîtriser et utiliser des repères chronologiques et spatiaux

  • Identifier et expliciter les dates et acteurs des grands événements
  • Mettre en relation des faits ou événements de natures, de périodes, de localisations différentes

S’approprier les exigences, les notions et les outils de la démarche historique

  • Construire et vérifier des hypothèses sur une situation historique
  • Procéder à l’analyse critique d’un document selon une approche historique

Questions posées après le visionnage :

  1. A partir de la carte distribuée, localisez et datez ses déplacements. A quoi correspond-ils, historiquement ?

  1. Rédigez courte biographie de Lee Miller. Pourquoi peut-on dire que ses photographies sont des objets de mémoire et d’histoire ( pour l’HGGSP)
  2. Recherchez trois photographies liées aux évènements de la guerre mis en exergue dans le film. Résumez-les.
  3. A l’aide de votre travail et du cours sur la Seconde guerre mondiale, vous rédigerez une synthèse sur l’Europe  dans la Seconde guerre mondiale.

L’intérêt de ce film, d’un point de vue pédagogique est son exploitation comme synthèse de la fin de la Seconde guerre mondiale et le bilan humain et matériel qui en ressort.  Il permet aussi d’interroger la part de l’affect dans le traitement du génocide et des crimes contre l’Humanité. 

4. Sources utilisées et utilisables pour  aller plus loin :