Civil War, un regard acéré, une prémonition … ?
Les États-Unis s’apprêtent à vivre une nouvelle élection présidentielle d’une importance capitale. Peut-être s’agit-il de la plus importante de son histoire. Marquée par l’affrontement entre Kamala Harris et Donald Trump, cette élection, au-delà de son impact national, est scrutée par le monde entier.
Moscou, Kiev, Bruxelles, Bejing, Tokyo, Téhéran, Tel-Aviv ; il n’existe que peu d’endroits actuellement secoués par des crises géopolitiques majeures, qui ne seront pas directement impactés, d’une façon ou d’une autre, par le résultat à venir. Les choix politiques américains influencent des domaines aussi variés que l’économie mondiale, les questions environnementales, la sécurité internationale et les droits humains. En ce sens, chaque élection présidentielle américaine est devenue au fil du temps un événement d’intérêt global. Mais celle-là semble l’être encore plus.
À quelques heures du scrutin, les tensions ne cessent de monter autour de ce duel politique. Aux États-Unis, la polarisation politique et sociale atteint des niveaux inédits, attisés par des enjeux économiques, sociaux et identitaires qui fragmentent la société. Les électeurs sont face à des choix de société profonds, opposant des visions diamétralement opposées de l’avenir du pays, et ce climat tendu révèle des divisions qui ne cessent de s’approfondir.
Dans ce contexte, il est intéressant de se pencher sur le rôle du cinéma dans la représentation des enjeux politiques et sociaux américains, notamment à travers le travail du réalisateur Alex Garland. Civil War, sorti au printemps dernier, semble depuis quelques mois être une forme de prémonition. À moins qu’il ne s’agisse au contraire d’un sortilège de protection. Comme si montrer le pire nous en protègerait.
Le cinéma est une fenêtre privilégiée pour observer et réfléchir aux divisions politiques américaines, et aux rôles que les médias et la culture populaire jouent dans ce paysage complexe.
Montée des tensions
Cette campagne, marquée par une rhétorique virulente et des tensions idéologiques, illustre l’ampleur de la polarisation politique américaine. Pour de nombreux citoyens, cette élection est perçue comme un choix décisif entre deux visions opposées de la société, et les débats autour des valeurs américaines et du futur du pays n’ont jamais semblé aussi clivant. Dans ce contexte de rivalité et de divisions, le duel Harris-Trump est bien plus qu’une simple compétition électorale : il incarne une lutte pour l’identité et l’âme des États-Unis.
Le contexte de création du film : le travail d’Alex Garland
Alex Garland est un réalisateur et scénariste britannique reconnu pour son approche singulière du cinéma, mêlant science-fiction et thriller psychologique. Il se fait connaître connaitre dans l’industrie cinématographique en tant que scénariste de 28 Days Later (2002) et Sunshine (2007), en collaboration avec le réalisateur Danny Boyle.
Ces projets annoncent déjà son style caractéristique : des intrigues axées sur l’introspection, des atmosphères tendues, des thèmes existentiels.
Avec son passage derrière la caméra, Garland gagne en reconnaissance pour ses films Ex Machina (2014) et Annihilation (2018).
Dans Ex Machina, il explore par exemple l’intelligence artificielle et les frontières floues entre humanité et machine. Le film suit un jeune programmeur invité par un magnat de la technologie à tester une IA dotée d’une apparence et d’une conscience humaineVoir cet excellent article de Michael Sragow pour le magazine Film Comment : https://www.filmcomment.com/blog/deep-focus-ex-machina/[/footnote]. Garland utilise ce huis clos pour interroger la définition même de l’humain, posant des questions sur l’éthique et la conscience, tandis que l’isolement des personnages crée une atmosphère à la fois oppressante et introspective[footnote]Voir pour aller plus loin, une autre source : https://www.rogerebert.com/reviews/ex-machina-2015.
Le cinéma hollywoodien et la politique américaine
Depuis ses débuts, le cinéma hollywoodien s’est passionné pour la politique américaine, et en particulier pour les campagnes électorales, les scandales, et les jeux de pouvoir. Hollywood a souvent utilisé le grand écran pour présenter les rouages internes du système politique, offrant aux spectateurs des récits qui démystifient, questionnent, et parfois critiquent les processus électoraux. Ces films, en exposant les coulisses du pouvoir, jouent un rôle important dans la formation de l’opinion publique : ils permettent au public de mieux comprendre les dynamiques politiques tout en éveillant la réflexion sur la démocratie, l’éthique, et la transparence. De All the President’s Men (1976) à The Ides of March (2011) en passant par Primary Colors (1998), les exemples sont nombreux.
Ces films offrent un regard critique et nuancé sur la politique américaine. Ils sont autant de regards percutants sur des aspects spécifiques des campagnes et du pouvoir. En s’attaquant à des sujets comme l’ambition, l’intégrité et la quête de vérité, Hollywood contribue à une meilleure compréhension des processus politiques tout en encourageant le public à réfléchir aux réalités parfois sombres de la démocratie et des élections.
Analyse du film Civil War
Synopsis :
Une équipe de journalistes parcourt les États-Unis en proie à une guerre civile sans précédent. Ces derniers ne sont alors qu’armés de leur matériel. L’armée américaine, de son côté, est chargée de tirer à vue sur les reporters.
Dans Civil War, Alex Garland nous plonge au cœur d’une Amérique en proie à des tensions extrêmes. L’intrigue suit plusieurs personnages de milieux sociaux et politiques opposés, évoluant dans un pays divisé par des années de discours polarisants, de conflits sociaux, et de désinformation. Le film explore la montée du militantisme politique, la méfiance envers les institutions, et le repli identitaire dans une société au bord de la rupture.
Le film se construit essentiellement autour d’un trio. Kirsten Dunst alias Lee est le personnage central. Joel (Wagner Moura) et Jessie (Cailee Spaeny) partagent avec elle le fait d’être des journalistes. Ils sont obnubilés par leur métier, mais aussi tiraillés par leurs doutes. Tout autour, à des degrés divers, gravitent des mais, des personnages secondaires. Touts sont pris dans la tourmente d’une guerre civile qui ravage les USA.
Au fil de l’histoire, les personnages tentent, souvent en vain, de trouver des solutions pour faire entendre leur voix et rétablir un dialogue dans une démocratie fracturée. Les thèmes de la division sociale et de la désillusion sont omniprésents, et Garland met en scène la difficulté d’établir une communication authentique entre des citoyens polarisés par des années de propagande et de rivalités politiques.
Cet extrait est l’un des moments les plus forts du film. Le point culminant des tensions se tisse dans un dialogue de sourds. Civil War rappelle qu’une démocratie ne peut survivre sans une volonté collective d’écouter et de comprendre les points de vue opposés. Jesse Plemons est tout simplement incroyable.
Cette interview est importante pour comprendre le travail du réalisateur
La nature des questions restées sans réponse
Alex Garland explique qu’il a ses propres réponses aux questions posées par le film, mais que ces réponses se trouvent de manière implicite dans le film, par indices ou suggestions, sans être explicites. Il précise qu’il a choisi un style de narration différent, semblable au journalisme, où les événements sont montrés sans commentaires directs. Garland indique que son approche diffère de celle d’un film traditionnel, car il voulait que le spectateur interprète les scènes plutôt que de lui donner des réponses claires. Ce choix fonctionne parfaitement. Nous sommes bien seuls devant l’écran, avec nos doutes, nos questions.
Le Président et le système politique
Le président est un fasciste qui attaque ses citoyens, démantèle des structures légales et transgresse la Constitution. Garland défend l’idée que ces éléments permettent de comprendre le comportement des personnages et la nature des scènes, mais qu’ils ne sont pas signalés de manière évidente. Pour lui, cette façon de construire l’histoire est la meilleure pour refléter le contexte. Ceci permet en effet une immersion encore plus grande, sublimée par la scène avec Jesse Plemons.
Vie politique aux USA
Civil War se présente comme une allégorie puissante de la situation politique actuelle aux États-Unis, capturant les fractures sociales, économiques, et idéologiques qui s’y creusent. Garland prend le parti de mettre en scène des scènes de confrontations verbales et physiques. D’une certaine façon ceci peut illustrer comment l’hostilité et la méfiance ont remplacé le débat constructif. La tempérance n’existe plus, la modération non plus. Seule comptent les passions, sans limites.
Le président lui-même est ailleurs. Dans sa bulle, il est seul et ressemble un peu à Donald Trump, en 2020, après sa défaite. Non je n’ai pas perdu. Le peuple me veut. Je reste.
À travers ce film, Alex Garland expose donc la réalité d’une Amérique où l’appartenance politique devient un marqueur identitaire, creusant des fossés entre amis, familles et collègues. Les personnages incarnent des archétypes de cette division : des activistes de différents bords, des citoyens désabusés qui se réfugient dans une sorte de vérité alternative, loin des tourments du monde, des personnalités politiques manipulatrices, et des électeurs dont les préoccupations ont été ignorées.
Le travail des journalistes
Les journalistes jouent un rôle central dans Civil War. Ils en sont le moteur. C’est en vérité ce qui m’a le plus durablement surpris.
Comment informer dans un contexte de méfiance généralisée et de polarisation ? Comment aborder les crimes d’une guerre fratricide ? Faut-il dénoncer, ou simplement montrer ?
Alex Garland s’efforce de montrer comment les médias, qui devraient être les garants de la vérité et de l’équilibre, sont eux-mêmes pris au piège des tensions politiques et sociales. Un journaliste, confronté à des manifestants des deux camps, doit-il hésiter à publier un reportage révélateur par crainte de représailles ou d’accusations de partialité ?
Ces questions sont au cœur de l’approche du réalisateur : souligner le dilemme éthique auquel les journalistes sont confrontés en temps de crise. Comment rester impartial et informer sans attiser davantage les tensions ?
Le film explore avec finesse l’impact des médias sur la perception des événements politiques : les journalistes, souvent sous pression pour attirer l’audience, se retrouvent dans une position délicate où chaque mot peut être interprété et détourné. Civil War met en lumière les sacrifices personnels et professionnels que ces acteurs de l’information sont prêts à faire pour maintenir leur intégrité dans un environnement qui leur est hostile. En fin de compte, Alex Garland montre comment le rôle du journaliste devient presque impossible à tenir dans une société où la vérité elle-même est mise en doute, rappelant ainsi que, sans une presse libre et respectée, la démocratie est en péril. Son rôle se résume alors simplement à montrer. À chacun de se faire son opinion.
Et le monde dans tout ça ?
C’est bien un angle d’attaque perturbant pour celles et ceux qui se croient au centre du monde. Dans cette guerre civile, dans cette crise existentielle pour les USA, le monde extérieur est absent. Point d’Européens, de Chinois, de Russes. On imagine allègrement que le désordre qui traverse le pays de l’Oncle Sam rebat complètement les cartes dans le monde entier. Ce n’est pas le propos du film. Tant mieux. Mais cette approche mériterait d’être explorée. Et bien chiche.
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Conclusion pédagogique : utiliser Civil War en cours de HGGSP
Civil War d’Alex Garland constitue un excellent outil pédagogique pour les enseignants de HGGSP, permettant d’aborder avec les élèves des questions contemporaines cruciales et de stimuler leur esprit critique sur des sujets d’actualité politique.
Première, Thème 1 : Comprendre un régime politique : la démocratie
Analyser la démocratie et ses défis
En visionnant des extraits clés de Civil War, les élèves peuvent explorer les défis actuels de la démocratie américaine : polarisation extrême, crise de confiance envers les institutions, et la difficulté du dialogue civique. Cette analyse permettrait de contextualiser ces tensions par rapport aux valeurs démocratiques et de faire des parallèles avec d’autres pays confrontés à des situations similaires.
Étudier les fractures sociales et politiques
Le film peut servir de base à des discussions sur les fractures sociales, en permettant aux élèves de réfléchir aux causes de la polarisation. Ils pourraient analyser des scènes spécifiques, identifier les facteurs de division (économiques, sociaux, identitaires) et débattre des solutions pour une société plus cohésive. Ce travail pourrait être couplé avec une étude de documents sur les clivages dans d’autres contextes géopolitiques, pour élargir la réflexion.
Première, Thème 4 : S’informer : un regard critique sur les sources et modes de communication
Le rôle des médias et des journalistes
Civil War offre également un prisme intéressant pour explorer le rôle des médias dans les démocraties modernes. Les élèves pourraient examiner les dilemmes éthiques rencontrés par les journalistes du film et comparer cette représentation aux standards et déontologies journalistiques. Ils pourraient aussi étudier des articles et enquêtes réels pour réfléchir à l’impact des médias sur l’opinion publique et aux risques de désinformation.
Il serait possible d’exploiter cet excellent podcast où un reporter de guerre, Roland Oliphant, réagit au film. C’est en anglais, l’occasion donc de travailler avec les collègues de langue.
Cliquez pour retrouver le podcast
Travail en projets : simulation d’un débat public
En prolongement, les élèves pourraient participer à une simulation de débat public en s’inspirant des thématiques du film. En prenant des rôles (journalistes, politiciens, militants), ils travaillent des compétences de communication, d’argumentation et de pensée critique, tout en intégrant des notions d’éthique et de dialogue. Ce type d’exercice encourage la prise de recul face aux informations et développe leur capacité à débattre de manière constructive. C’est totalement en phase avec ce thème 4. On pourrait penser à un timing qui coïnciderait avec la semaine de la presse.
Ouverture vers d’autres films et ressources
Pour enrichir cette analyse, il est possible de proposer des extraits de films comme Les hommes du président, Primary colors, ou Les marches du pouvoir, qui abordent également des thèmes de manipulation politique et de responsabilités journalistiques. Ces films sont accessibles pour des lycéens.
All the President’s Men (Alan J. Pakula, 1976) : ce classique du cinéma politique suit les journalistes qui ont révélé le scandale du Watergate, entraînant la démission du président Nixon. En exposant les mensonges et les abus de pouvoir, le film a non seulement marqué la culture populaire, mais il a aussi influencé la perception de la transparence et de la responsabilité des élus. Cette œuvre a renforcé l’importance du rôle des médias dans la surveillance des pouvoirs politiques.
Primary Colors (Mike Nichols, 1998) : inspiré par la campagne présidentielle de Bill Clinton, ce film raconte l’ascension d’un candidat charismatique dont les idéaux se heurtent à des scandales personnels et politiques. Il aborde les compromis et les manipulations qui façonnent souvent les campagnes, et illustre comment l’image publique peut être façonnée ou compromise, influençant la manière dont le public perçoit les candidats.
The Ides of March (Georges Clooney, 2011) : dans ce drame politique, les coulisses des campagnes électorales sont dépeintes comme un champ de bataille où les ambitions personnelles et les dilemmes éthiques se heurtent. Georges Clooney explore les conflits internes, les trahisons et les jeux de pouvoir qui animent les campagnes. À travers le regard de l’équipe de campagne, il met en lumière la complexité morale des décisions politiques et les compromis que doivent faire les candidats et leurs conseillers.
Pour les plus audacieux
Exploiter le livre de Stephen King, adapté au cinéma en 1983 par David Cronenberg, Dead Zone.
Un accident. Un président charismatique (le toujours génial Martin Sheen). Un homme ordinaire capable de voir le futur (L’immense Christopher Walken). Et si nous étions certains que le président élu allait plonger le monde dans le chaos ? Que ferions-nous ? Un doute ? Donnons la parole au Maître.
Si vraiment vous êtes très audacieux, alors chiche. Relevons le gant
Consigne pour les élèves :
Imaginez le monde dans un contexte où les États-Unis sont plongés dans une guerre civile prolongée. Vous allez explorer comment les grandes puissances et régions géopolitiques (Europe, Russie, Chine, Moyen-Orient) réagissent et ajustent leurs stratégies. Rédigez une uchronie décrivant ces répercussions.
Directives :
=> Analyser la situation aux États-Unis :
Décrivez brièvement l’état des États-Unis : factions en présence, principaux enjeux internes, fragilité des institutions.
=> Identifier les réactions des grandes puissances :
Europe : Comment les pays européens réagissent-ils ? Y a-t-il des divisions au sein de l’UE concernant la politique à adopter ?
Russie : En quoi cette situation affaiblit-elle ou renforce-t-elle la position de la Russie sur la scène internationale ?
Chine : Profite-t-elle du recul des États-Unis pour renforcer sa propre influence en Asie et au-delà ?
Moyen-Orient : Quelles sont les répercussions sur les équilibres de cette région dépendante de l’implication américaine ?
=> Explorer les impacts économiques, militaires et politiques :
Analysez les changements dans le commerce mondial, la réorientation des alliances militaires, ou les nouvelles tensions qui pourraient surgir.
Voici quelques scénarios d’évolution géopolitique possibles pour vous aider (ces scénarios peuvent être donnés dans un second temps pour laisser les élèves réfléchir).
Une Europe divisée qui se prépare au pire
Sans l’influence stabilisatrice des États-Unis, les pays de l’UE pourraient être divisés entre ceux favorisant une politique d’indépendance militaire et ceux qui restent neutres ou cherchent de nouveaux partenaires.
Le réarmement en Europe, dans un contexte de montée de l’influence russe, pourrait aussi devenir un axe central, et ce d’autant que l’OTAN ne serait plus qu’une coquille bien faible sans les USA.
Russie : interventionnisme accru
La Russie d’un Poutine (au hasard) pourrait saisir cette occasion pour étendre son influence, notamment en Europe de l’Est et en Asie centrale, en exploitant l’absence d’intervention américaine. Des actions pourraient inclure une nouvelle campagne d’influence en Europe centrale, un écrasement de l’Ukraine, une poussée dans les États baltes ou en Scandinavie.
Chine l’occasion rêvée d’une montée en puissance générale
La Chine pourrait consolider son contrôle en mer de Chine méridionale et renforcer son rôle dans les organisations internationales pour combler le vide américain, attirant à elle de nouveaux partenaires dans les pays en développement et en Afrique.
Les tensions pourraient croître avec Taïwan et le Japon, incitant la Chine à poursuivre ses ambitions territoriales plus ouvertement.
Moyen-Orient entre déstabilisation et redistribution des alliances
Sans un engagement américain, les pays du Golfe pourraient se tourner davantage encore vers d’autres alliés, comme la Russie ou la Chine, pour des accords de sécurité, réorientant les exportations énergétiques.
De nouveaux conflits internes pourraient émerger, la Turquie ou l’Iran cherchant à combler le vide en devenant des puissances régionales dominantes.
Quid d’Israël dans cette perspective ???
Ces éléments pourraient guider les élèves dans la création de leurs uchronies et favoriser une compréhension approfondie des conséquences géopolitiques de l’instabilité aux États-Unis. Ceci irait de pair avec un travail annuel sur la démocratie, les médias, les puissances.
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Interview quelques semaines après avoir vu le film, avec Léa Peigne pour sa chaine Géopolitique is coming