Présentation

Le cadre

– Étude de cas : L’immigration clandestine en France et en Europe.
– Étude d’un film qui crée la polémique : Welcome de Philippe Lioret
– Place dans les programmes : 1ère L,ES, étude possible en quatrième.
– Thème : la mobilité des hommes : À l’échelle de l’Union européenne et de la France, on étudie les migrations à caractère économique ou politique, internes et externes (tourisme exclu).
– Ici l’étude traite uniquement les migrations à caractère économique et politique externes. Les migrations internes sont étudiées dans un deuxième temps.
– Durée : 1h50

Déroulement

Pendant le film les élèves traitent les questions de la première page. Le reste du travail est à faire pour la séance suivante. Le film est ensuite visionné dans son intégralité. Ce choix est effectué pour montrer la dimension émotionnelle du film qui est ensuite discutée dans l’étude de cas. Les élèves peuvent ainsi relever les moyens mis en place pour créer l’émotion. Cela permet également d’envisager la complexité de la situation : jeu d’acteurs (population calaisienne, rôle de la police, rôle des bénévoles, des passeurs etc.) De plus, la polémique née du film est ainsi plus compréhensible. Autre argument : l’étude de la carte nécessite d’étudier la fin du film pour montrer les décès liés à l’immigration. Dernier argument : la majorité de l’étude de cas est réalisé à la maison ce qui compense partiellement la perte de temps liée au visionnage.
Toutefois un montage est sans doute possible pour traiter ce travail en une heure.
Pour le cours suivant ils doivent ensuite répondre à toutes les questions de l’étude de cas. A cette occasion le professeur effectue la reprise avec les élèves. Les élèves doivent bien discerné ce qui relève de la fiction et ce qui peut relever d’une réalité géographique.

Démarche

Ce film permet d’observer toutes les thématiques liées à l’immigration clandestine ainsi que le rôle des différents acteurs. Il permet ainsi de montrer que le sujet des migrations est un sujet d’actualité que la géographie permet de mieux comprendre. Le retour en classe et l’étude de document permettent une démarche distanciée à l’égard de l’engagement politique du film. Les élèves doivent pour cela observer avec détail tous les moyens scénaristiques ou techniques mis en place par le réalisateur pour défendre son propos.
L’étude doit également permettre de développer l’esprit critique des élèves en mettant en perspective le propos du film avec ceux des acteurs de la société (journaliste, sénateurs, ministres, géographes.) La synthèse de l’étude de cas permet en fin d’activité d’insister sur les enjeux géographiques de l’étude de ce film. Dans une généralisation les élèves étudieront une carte des flux migratoires européens.

Le questionnaire sur le film

Étude de cas : L’immigration clandestine en France et en Europe.

Étude d’un film qui crée la polémique. : Welcome de Philippe Lioret

– Relevez les raisons du voyage de Bilal. Pourquoi est-il attiré par l’Europe ?

– Relevez son trajet et les difficultés de son voyage avant d’arriver à Calais.

– Quels sont les moyens possibles pour parvenir en Angleterre ? Quels en sont les risques ?

– Relevez les différents rôles joués par la police ? Le réalisateur présente-t-il une vision positive de leurs actions ?

– Qu’est-ce qu’un passeur ? Pourquoi son action est-elle souvent condamnée ?

– Pour quelles raisons tant d’immigrés échouent à Calais ?

– Quels sont les arguments favorables à la limitation de l’immigration clandestine ?

– Quels problèmes l’installation de clandestins créent à Calais ?

– Comment réagit la population calaisienne vis-à-vis des clandestins ?

– Quels sont les problèmes quotidiens des clandestins à Calais ?

– Pourquoi le maître nageur est-il menacé ? Quelle loi est particulièrement dénoncée dans ce film ?

– Quel pourrait être le message général de ce film ?

– Ce film a été très critiqué par une partie de la classe politique française. On lui a notamment reproché de chercher à émouvoir le spectateur pour faire passer un message politique (sentimentalisme). Relevez les moyens utilisés par le réalisateur pour nous attendrir (bande son, scénario, image, plan etc…)

Le Document 1, Éric Besson et le film Welcome

Au cœur de l’intense promotion menée tambour battant par l’équipe du film Welcome, de Philippe Lioret, le tout nouveau ministre de l’immigration et de l’identité nationale, Eric Besson, s’est invité dans le débat. Chez Frédéric Taddeï (Ce soir (ou jamais !), France 3), le 2 mars ; quelques jours plus tard sur Europe 1, il a notamment affirmé que le film évoque des « choses fausses », et reproché à Philippe Lioret un « dérapage volontaire » – celui-ci avait émis une comparaison entre la situation des Français de 1943 qui aidaient des Juifs et ceux de 2009 qui portent assistance aux migrants de Calais, malgré l’interdiction légale.« Suggérer que la police française, c’est la police de Vichy (…), c’est insupportable », s’indigne notre ministre, transfuge du PS, également promu récemment secrétaire général adjoint de l’UMP.En s’insurgeant, la main sur le cœur, contre un amalgame suggéré dans Welcome, Eric Besson évite habilement de discuter vraiment le fond du sujet. En attaquant ainsi le film, il contourne les critiques dont lui-même peut faire l’objet, notamment à propos de sa politique de rendement assumée sur les reconduites à la frontière, ou sa récente proposition de titres de séjour de dix ans pour les clandestins qui dénoncent leurs passeurs…

Eric Besson affirme également que la loi qui punit l’aide à personne en situation irrégulière n’est jamais utilisée contre des bénévoles, mais uniquement contre des passeurs. Pourtant, plusieurs exemples existent d’arrestations et de gardes à vue à l’encontre de bénévoles, ou de gaz lacrymogènes projetés par les CRS lors des distributions de nourriture. Jean-Claude Lenoir, vice-président de l’association Salam, qui distribue en moyenne 600 repas chauds quotidiens aux migrants, a été condamné sur la base de cette loi. « Il a été dispensé de peine », rétorque Besson. C’est vrai. Mais il a passé un an et demi mis en examen, sans carte d’identité, sans pouvoir quitter le territoire français : cette loi est utilisée pour dissuader les Calaisiens d’aider les migrants. Etre condamné n’est pas rien, même si l’on effectue pas sa peine. A Calais, à l’issue de la projection du film en avant première, un jeune spectateur, très ému, a demandé : « Est-il acceptable de vivre dans un pays dont la loi interdit à des êtres humains de nourrir, vêtir, aider d’autres êtres humains ? »C’est la question citoyenne que pose Welcome, hors de la démagogie et du sentimentalisme. N’en déplaise à Monsieur le Ministre.

Juliette Bénabent, http://www.telerama.fr/cinema/welcome-eric-besson-en-croisade,40447.php

  1. Quels reproches le ministre de l’immigration fait au réalisateur ?
  2. La journaliste exprime–t-elle son point de vue sur la polémique ? Justifiez.

Document 2 : Les clandestins de la « jungle » de Calais ont été évacués, d’autres démantèlements sont annoncés

Vue aérienne de l’évacuation mardi 12 septembre au matin de la « jungle » de Calais (La Mauvinière/AP).

« En deux heures, le principal camp de clandestins près de Calais a été vidé de ses occupants. Éric Besson annonce d’autres opérations

Les CRS sont arrivés un peu avant 7 h 30, mardi 22 septembre, ont encerclé le campement de Calais et arrêté tous ses occupants. Deux heures plus tard, la zone était complètement évacuée. Une deuxième phase de l’opération commença alors, le déblaiement à l’aide de tronçonneuses et bulldozers de toutes les installations de fortune. Le périmètre retournait à son état initial de friche.
Ce camp de fortune s’était constitué peu à peu, après la fermeture du centre de Sangatte en 2002. Il abritait principalement des réfugiés afghans de l’ethnie pachtoune en attente d’un passage en Angleterre. Installé sur la zone industrielle des Dunes, dans des sous-bois jouxtant les parkings de camions embarquant sur les ferrys, ce village de cabanes a abrité jusqu’à 800 personnes, dans des conditions d’hygiène de plus en plus difficiles.
Mardi matin, ils n’étaient plus que 276, dont la moitié de mineurs, à l’arrivée des policiers. Les autres avaient préféré fuir après l’annonce, mercredi dernier, par le ministre de l’immigration Éric Besson de son intention de détruire le camp pour « casser le principal outil de travail des filières clandestines ».

L’Afghanistan considéré par les autorités comme un pays pacifié

Lorsque les CRS sont arrivés à l’aube, les migrants n’ont opposé aucune résistance ; 80 militants altermondialistes, membres de l’organisation No Border, ont en revanche tenté de s’interposer. L’un d’entre eux a été interpellé.
Les 135 mineurs isolés ont été conduits vers cinq centres d’hébergement, les adultes vers une destination tenue secrète par la préfecture du Pas-de-Calais. « Ils vont être entendus pour des auditions individuelles. Ceux qui refusent toutes nos propositions seront placés en centres de rétention », a indiqué Éric Besson, présent sur les lieux.
Ces propositions tiennent en une alternative : une demande d’asile ou un retour au pays, volontaire ou imposé. L’expulsion vers le pays d’origine est en principe interdite par la convention de Genève pour les migrants ayant fui un pays en guerre. Mais l’Afghanistan, d’où est issue la majorité des interpellés, est considéré par les autorités françaises comme un pays pacifié.

L’opération a été saluée par Londres

Quant au droit d’asile, il fait l’objet de nombreuses restrictions. « Il s’agit d’un marché de dupes, dénonce Marc Boulnois, maire sans étiquette de Norrent-Fontes (Pas-de-Calais), commune qui abrite un camp d’Érythréens. Car l’État français oblige les réfugiés à déposer leur demande d’asile dans le premier pays d’arrivée. Pour les Érythréens, c’est l’Italie, pays dont on connaît les conditions d’entrée draconiennes. »

Que vont devenir les réfugiés vietnamiens, kurdes, éthiopiens ou afghans qui refuseront l’alternative offerte par l’État français ? Afin d’échapper aux arrestations, beaucoup vont sans doute entrer un peu plus dans la clandestinité. Éric Besson a en effet annoncé d’autres opérations : « L’intervention d’aujourd’hui concerne le camp principal. Mais il y aura d’autres démantèlements dans les jours à venir. »

L’opération a été saluée par Londres et, en France, par l’UMP, qui s’est félicitée de voir que le gouvernement « porte le fer contre les filières d’immigration clandestine ». Les associations, elles, s’insurgent, de même que la première secrétaire du PS. Martine Aubry a qualifié l’opération de mardi d’« acte totalement inhumain qui ne réglera pas le problème ». « 

Florence QUILLE, à Lille,
http://www.la-croix.com/Les-clandestins-de-jungle-Calais-ont-ete-evacues/article/2394168/788

  1. Pourquoi cette action a-t-elle lieu selon Eric Besson ?
  2. Pourquoi « Londres » salue-t-il cette opération ?
  3. En quoi ce problème nécessite-t-il une coopération européenne ?
  4. Que dénoncent les opposants à cette intervention ?

Document 3 : combien d’immigrés clandestins en France ?

« Les sénateurs veulent « connaître, prévenir et traiter » le problème de l’immigration clandestine. (Source : www.senat.fr)

La Commission d’enquête du Sénat français a formulé jeudi 54 recommandations pour fournir une réponse ferme, juste et humaine au phénomène de l’immigration clandestine. Ce problème agite régulièrement l’opinion publique française. Mais on ignore exactement quelles sont les véritables dimensions du flux de clandestins.

La commission d’enquête considère que l’immigration clandestine est « une réalité inacceptable » qui exige une réponse « ferme, juste et humaine ». Pour cela, 45 recommandations ont été formulées qui prévoient, notamment, la mise en place d’outils statistiques pour évaluer l’importance du phénomène des « sans papiers ». Le communiqué qui a été distribué lors de la conférence de presse au Palais du Luxembourg souligne que l’effort doit porter en premier lieu sur la réduction des flux d’immigrés irréguliers ce qui permettra aussi de lutter contre le développement d’une nouvelle criminalité de passeurs néo-esclavagistes.

La Commission considère qu’il faut « connaître, prévenir et traiter » cette délicate question, tout en soulignant que l’immigration clandestine, dont les immigrés eux mêmes sont les premières victimes, nuit à l’intégration des étrangers en situation régulière et comporte des risques de déstabilisation économique et sociale, notamment dans les Départements et territoires d’outre-mer, tels que la Guyane, la Guadeloupe et Mayotte. Cette commission, présidée par le sénateur radical de Guyane Georges Othily fut crée en octobre 2005, suite aux événements dramatiques de Ceuta et Melilla et suite aux incidents survenus à Mayotte.

Développer les pays fournisseurs de clandestins pour enrayer le flux

Pour la commission d’enquête, la seule solution de fond au problème passe par le développement des pays sources de l’immigration, ce qui va exiger un approfondissement et une plus grande coordination des politiques de coopération européenne, nationale et locale. Le communiqué signale, aussi, qu’il faut intensifier la lutte contre le séjour irrégulier, ce qui va exiger l’établissement de nouveaux type de visas et des mesures pour prévenir le détournement de la procédure d’asile. La Commission s’est aussi prononcée sur l’éloignement des étrangers en situation irrégulière «dans de brefs délais ».

Il est, pour le moment, absolument impossible d’avoir une idée exacte de l’importance numérique du phénomène migratoire clandestin en France. La Commission sénatoriale préconise ainsi la réalisation d’une enquête qui devra être confiée à l’INSEE, l’Institut national de la statistique et des études économiques. Cette étude devra être placé sous l’égide d’un Observatoire statistique de l’immigration et de l’intégration. On prévoit aussi une interconnexion des différents fichiers administratifs sur les étrangers.

Clandestins et demandeurs d’asile

Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy considère qu’entre 200 000 et 400 000 clandestins seraient présents sur le territoire et entre 80 000 et 100 000 supplémentaires y entreraient chaque année. La question des clandestins a commencé à se manifester en 1974, lors du premier choc pétrolier, peu de temps après l’élection du président Giscard d’Estaing. Depuis cette date, l’immigration clandestine est donc devenue un constante de la vie politique et sociale française, sans parler des problèmes humains graves que se sont manifestés et qui ont souvent conduit à des manifestations et à des grèves de la faim des sans papiers.
Lors de l’élection du président socialiste François Mitterrand, en 1981, le gouvernement a permis la régularisation d’environ 130 000 clandestins. En 1991, le gouvernement de gauche de Mme Edith Cresson a autorisé la régularisation de 15 000 demandeurs d’asile. Et, en 1998, le gouvernement de Lionel Jospin (gauche plurielle) permit que 80 000 étrangers en situation illégale puissent avoir aussi des documents.

Demandes d’asile en baisse

Les organisations d’aide aux travailleurs étrangers, telles que le GISTI, pensent que le nombre de clandestins vivant en France correspond au double du nombre de demandeurs d’asile. L’Office français de protection des réfugies et apatrides a signalé mercredi, dans son rapport annuel, que la demande d’asile globale s’est élevée en 2005 à 59 221 dossiers. Ces chiffres montrent qu’il y a eu une baisse de 9,7% par rapport aux demandes enregistrées en 2004. Les africains (Congolais, Ivoiriens, Guinéens et Nigériens) sont les plus nombreux dans cette liste, avec environ 13 000 demandes d’asile. Les asiatiques ( Chine, Bangladesh, Pakistan et Sri Lanka) ont présenté 11 000 dossiers selon l’OFPRA. Il faut noter que huit sénateurs socialistes, communistes et verts se sont désolidarisés du rapport de la Commission d’enquête du Sénat sur l’immigration clandestine. Ils contestent notamment la « suspicion généralisée frappant les demandeurs d’asile » et ils soupçonnent la commission d’enquête d’être au service d’une formation politique. Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy vient d‘élaborer un projet de loi visant à privilégier une immigration « choisie » et non plus « subie », durcissant les règles d’entrée des étrangers en France. Ce projet va être débattu à l’Assemblée nationale à partir du 2 mai prochain. Les organisations de soutien aux immigrés considèrent que le rapport de la commission sénatoriale pourra être utile au ministre mais que son projet va augmenter le nombre de sans papiers.

Antonio Garcia, Article publié le 13/04/2006 http://www.rfi.fr/actufr/articles/076/article_43041.asp

  1. Quels sont les arguments des sénateurs défavorables à l’immigration clandestine.
  2. Quelles solutions proposent-t-ils pour enrayer l’immigration clandestine ?
  3. Pourquoi peut-on dire que ce film a déclenché une polémique ?

Document 4 : une carte établie par Olivier Clochard, géographe à l’université de Poitiers et Philippe Rekacewicz.

Plusieurs associations tiennent à jour la liste des victimes, immigrés et réfugiés, de la « forteresse Europe ». Se fondant sur des rapports de presse et des signalements effectués par des organisations locales, elles tentent d’en établir une comptablilité aussi précise que possible. Seuls les décès précisément documentés – plus de 4 000 entre la mi-1992 et décembre 2003 – figurent donc sur cette carte, représentation a minima d’une hécatombe ignorée.

  1. Où se situent les décès les plus nombreux ?
  2. Quelles sont les causes les plus fréquentes de décès ?
  3. Rappelez ce qu’est l’espace Schengen ?
  4. En quoi l’exemple présenté dans le film Welcome s’appuie sur des éléments géographiques réels.
  5. Pourquoi certains observateurs qualifient-ils l’Europe de « forteresse » ?
  6. Où et pourquoi la France est-elle concernée par l’immigration clandestine ?

Synthèse

A l’aide de ces documents et du film montrez que la lutte contre l’immigration clandestine est un problème géographique observable à l’échelle locale, nationale, européenne et internationale.