ON FILME L’AFRIQUE ET L’AFRIQUE SE FILME est un essai de filmographie pour une exploitation pédagogique dans les classes
Il ne s’agit pas ici de dresser un catalogue exhaustive des films africains ou sur l’Afrique mais de présenter une liste de films utilisables dans les classes.
Dans cette perspective, la médiathèque des trois monde propose dans le cadre institutionnel (collège, lycée, université, association, vidéothèque municipale, CE…) une licence de diffusion à des fins pédagogiques ou non commerciales ; Pour cela et pour toute commande se reporter alors au deuxième prix indiqué « institution » par l’association. La médiathèque des trois monde diffuse ainsi des films d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine. Les sujets traités sont en priorité les rapports nord-sud, l’émigration, l’intégration, les luttes contre le racisme, l’exclusion.
Un centre de documentation sur l’audiovisuel du Sud, celui de l’association des trois mondes, logée à la même adresse, est aussi à la disposition des enseignants qui ne se conteraient pas des films disponibles. D’autres titres, chez d’autres distributeurs, pourront leur être proposés, ainsi que des dossiers pédagogiques, des articles, des critiques…
Pour tout renseignement : www.cine3mondes.fr
L’Afrique entre tradition et modernité : un continent pluriel ?
Abouna de Mahamat-Saleh Haroun, 81 min, 2003, fiction, Tchad
Le père d’Amine et Tahir, huit et quinze ans, a quitté le domicile familial. Les deux frères décident alors de partir à sa recherche. Profondément choqués par cette brusque disparition, ils font l’école buissonnière et fréquentent les salles de cinéma. C’est là qu’un jour, ils leur semblent reconnaître leur père à l’écran…
Ali Farka Toure de Y. Billon et H. Lecomte, 52 min, 2000, Mali
Des concerts à Bamako aux cultes de possession dédiés aux génies du fleuve, en passant par les campements touaregs ou la ville mystérieuse de Tombouctou, nous découvrons, avec le seul commentaire d’Ali lui-même, la région de la boucle du Niger et un personnage remarquable qui concilie une carrière de musicien international et d’entrepreneur dans son village. Il s’y attache à développer une politique d’aide en luttant contre l’avancée du désert.
Dakan de Mohamed Camara, 87 min, 1997, fiction, Guinée
La destinée (Dakan) de deux jeunes hommes de vingt ans qui s’aiment. Manga et Sory doivent faire face aux préjugés de leurs familles et de la société qui n’acceptent pas leur relation ni ne la comprennent. La mère de Manga l’envoie dans la forêt aux bons soins du sorcier. La pression de l’interdit et du tabou reste et la force à une séparation douloureuse. Il faut qu’ils adoptent une vie plus conforme aux normes établies. Ils trouvent chacun une femme et tenteront de fonder une famille. Mais la nature de leur amour est plus forte. Dakan aborde de plein fouet la question délicate de l’homosexualité en Afrique.
Keita, l’héritage du griot de Dani Kouyaté, 94 min, 1994, fiction, Burkina Faso
Mabo, élevé en français, va découvrir avec stupéfaction toute l’histoire de ses ancêtres grâce à la tranquille pédagogie d’un vieux griot qui s’est installé chez lui. Bientôt, l’épopée du fondateur de l’empire du Mandingue, Soundjata Keïta, le fils de la femme-buffle… n’a plus de secret pour lui ! dès 12 ans, un film idéal pour rappeler l’importance de la connaissance de ses origines dans la construction d’une solide identité.
Kirikou et la sorcière de Michel Ocelot, 70 min, 1999, fiction, animation, Afrique
Le minuscule Kirikou vient au monde dans un village sur lequel une sorcière, Karaba, a jeté un terrible sort. Il va délivrer le village de son emprise maléfique et découvrir le secret de sa méchanceté.
La noire de… de Sembene Ousmane, 60 min, N et B, 1966, Sénégal
Une jeune bonne sénégalaise suit ses patrons français, des coopérants, retournant dans leur pays à Antibes. Le plaisir de la découverte de ce nouveau monde se transforme vite en profonde déconvenue. Isolement, mépris des patrons, racisme ambiant, tâches ménagères incessantes…la poussent au suicide.
Le mandat de Sembene Ousmane, 105 min, 1968, fiction, Sénégal
A Dakar, Ibrahim Dieng, un bon musulman sénégalais, vit avec ses deux femmes et leurs sept enfants tranquillement sans travail. Alors qu’il est chez le coiffeur, ses femmes reçoivent un mandat d’Abdou, un neveu parti en France. Tout le quartier est au courant de l’aubaine. C’est le désordre total. Ses femmes achètent des provisions à crédit, certains essaient de lui extorquer de l’argent, d’autres profitent de son ignorance pour le voler et pour l’endetter. Ce morceau de papier, au lieu d’apporter richesse et reconnaissance, devient le symbole de la honte et la déchéance : une peinture drôle et sans concession de la société au temps de l’indépendance.
Ma femme est yere de R. Lobry, J. Roullier et S. Vauguin, 55 min, 2003, Afrique de l’ouest
Une expression ivoirienne qui signifie : « la femme africaine d’aujourd’hui n’est plus soumise, elle a un esprit ouvert ! ». Rencontre avec des femmes de cinq pays d’Afrique de l’Ouest (Mali, Burkina Faso, Bénin, Togo et Côte d’Ivoire) qui se battent pour leur émancipation, autour de thèmes tels que l’éducation, l’économie, la politique, la santé et le droit. Elles viennent de la brousse comme de la ville, elles sont vendeuse de fruits, agricultrice, étudiante, animatrice-radio ou ministre. Des portraits et des tranches de vie de ces femmes qui font bouger leur pays chacune à leur manière par le micro-crédit, les tontines, l’alphabétisation, l’accès à la santé, entre autre.
Moi et mon blanc de Pierre Yameogo, 90 min, 2000, fiction, Burkina Faso
Un jeune étudiant, Mamady, venu terminer ses études en France ne reçoit plus l’argent de sa bourse venant de son pays. Il se voit contraint de travailler pour pouvoir renouveler sa carte de séjour. Dans l’entreprise où il est gardien de nuit, il s’occupe du parking et y trouve une importante quantité de drogue. Avec son collègue et ami Franck, il décide de la garder. Pour échapper aux poursuites, ils partent ensemble au Burkina Faso. Là-bas, les rôles s’inversent. Humour et légèreté sont au rendez-vous.
Peuples et cultures du Mali de Christophe Fraipont, 90 min, 2001, Mali
Entre désert et ville, Islam et croyances traditionnelles, le Mali offre une grande diversité culturelle. Différents peuples se mêlent : Dogons, Peuls, Touaregs… et apportent leurs cultures et leurs musiques. C’est au son des djembés, des balafons ou des koras que les villageois dansent et se rencontrent.
Sia, le rêve du python de Dani Kouyaté, 96 min, 2001, fiction, Burkina Faso
L’empire de Wagadu est guetté par la famine. Pour retrouver la prospérité, l’empereur demande aux prêtres de pratiquer un sacrifice humain au Dieu-Python. Sia, la jeune vierge désignée se rebelle et s’enfuit. Mais les prêtres la rattrapent. Fou de colère, Mamadi, son fiancé, se dresse contre l’empereur et le destitue. Il sauve Sia, mais celle-ci a été violée par les prêtres…
Sotigui Kouyaté, un griot moderne de Mahamat Saleh Haroun, 52 min, 1996
Entre l’Afrique et l’Europe, la découverte de multiples facettes de Sotigui Kouyaté, comédien, acteur (notamment dans Keita, l’héritage du griot, Sia, le rêve du python et Little Sénégal) musicien et conteur.
Tilai de Idrissa Ouedraogo, 81 min, 1990, fiction, Burkina Faso
Dans cette histoire d’amour et d’honneur, c’est la transgression de la coutume au nom de la liberté et du bonheur individuel qui est en cause. Saga revient au village après deux ans d’absence. Découvrant les derniers évènements, il n’accepte pas le remariage de son père avec sa fiancée Nogma qu’il aime toujours. Transgressant les lois, Saga revoit Nogma en cachette.
Xala de Sembene Ousmane, 128 min, 1974, wolof st, fiction, Sénégal
El hadji Abdou Kader Beye, homme d’affaires sénégalais quinquagénaire, prend une troisième épouse, signe de réussite sociale et économique surtout. Selon la tradition musulmane, il a les moyens financiers pour assurer un train de vie luxueux à ses trois femmes, chacune a sa villa. Le soir, impossible de consommer son union, il est frappé d’impuissance. Il se croit victime d’une malédiction, le xala, lancée par un paysan qu’il avait autrefois ruiné. El Hadji, humilié, consulte les marabouts.
Le poids du passé : un patrimoine africain fragile et fragilisé
Camp de Thiaroye de Sembene Ousmane, 148 min, 1988, vf/Wolof st, fiction, Sénégal
Un épisode sanglant peu glorieux de l’histoire. Au Sénégal en 1944, un bataillon de tirailleurs arrive au camp de transit de Thiaroye. Ces hommes ont été enrôlés de force, certains depuis 1940, dans l’armée coloniale française pour se battre en France contre les allemands. Ils attendent, parqués dans le camp, leur démobilisation et leur pécule. La fierté fait bientôt place à la désillusion devant les promesses non tenues et le racisme de la hiérarchie militaire, les tirailleurs sénégalais se mutinent. On dénombrera vingt-cinq morts et de nombreux blessés d’autres seront emprisonnés.
Dans les tranchées l’Afrique de Florida Sadki, 52 min, 2004, France-colonies-Allemagne
A partir d’un témoignage émouvant, celui de Jean-Pierre Koita qui évoque la mémoire de son père Demba Koita, venu du Sénégal, à l’âge de 16 ans, pour participer aux quatre années de la grande Guerre : l’histoire des tirailleurs dits sénégalais au près des poilus.
En 1914, pour la première fois, soldats français et soldats coloniaux se côtoient dans la dure réalité des tranchées. 130000 africains vont être recrutés pour combattre sur tous les fronts de cette guerre. Trente mille soit un sur cinq, n’en sont jamais revenus. Ces sacrifiés ne le furent ni plus ni moins que leurs frères d’armes, les fantassins de la métropole. Cependant, la question de leur présence dans une guerre qui ne les concernaient pas, se pose. Elle est étudiée par des historiens : Marc Michel parle de leur recrutement, Jean-Yves le Naour et Eric Deroo de la campagne raciale déclenchée par les extrémistes allemands, tandis que Philippe Dewitte aborde leur démobilisation et les promesses non-tenues par la France. Une ethnologue, Evelyne Desbois, par ailleurs, met l’accent sur les relations entre les soldats.
Emitai de Sembene Ousmane, 71 min, 1971, fiction, Sénégal
En 1942, pendant la seconde guerre mondiale, dans un village du Casamance au Sénégal, les diolas refusent l’intervention extérieure. Une partie des hommes du village ont été envoyée, de force, sur le front franco-allemand. Le colonel Armand et son armée coloniale doivent réquisitionner du riz pour l’envoyer aux troupes. En France De Gaulle succède à Pétain, mais pour l’Afrique rien n’a changé. Responsables des récoltes, les femmes décident cette fois de résister et de cacher le riz.
Ceddo de Sembene Ousmane, 120 min, 1976, fiction
Le film se situe au XVIIième siècle au moment où l’islam et le christianisme pénètre en Afrique de l’ouest. Pour les deux religions, tous les moyens sont bons pour remplir la mosquée et l’église : armes à feu, alcool et pacotille de toute sorte. L’imam, après avoir converti la famille royale et les grands dignitaires, se heurte au refus des « ceddos », le peuple. Pour eux, adhérer à une religion étrangère, c’est renoncer au spiritualisme africain.
Lumumba de Raoul Peck, 116 min, 2001, fiction, RDC
Patrice Lumumba participa à l’indépendance de son pays au début des années 60. Devenu premier ministre, son intransigeance et son honnêteté lui vaudront d’être trahi par ses pairs, notamment par Mobutu, soutenu par les ex-colonisateurs belges et les Etats-Unis.
Tasuma, le feu de Kollo Daniel Sanou, 85 min, 2003, fiction, Burkina Faso
Après de longues années d’attente, un ancien tirailleur qui a combattu dans les rangs de l’armée française durant les guerres d’Indochine et d’Algérie est convaincu qu’il va toucher enfin sa pension. Pressé de rendre service aux femmes du village, il s’endette auprès d’un commerçant libanais et achète un moulin à mil. Mais rien n’arrive : hors de lui, armé d’un fusil, il prend le préfet en otage et lui dicte une lettre au Général de Gaulle. Une analyse très bien interprétée, des douloureuses situations imposées par les atermoiements de l’ancienne puissance coloniale.
Le poids de la démographie : des territoires en mutations rapides
Colobane express de Khady Sylla, 52 min, 2000, Sénégal
Yoff, Colobane, Thiaroye, Dakar-Fourrière… La journée d’un chauffeur et de son apprenti dans un car rapide desservant la capitale et sa périphérie. Un regard unique sur la vie trépidante, faite de rencontres, incidents et altercations d’une grande ville d’Afrique.
La petite vendeuse de soleil/Le franc de Djribril
Diop-Mambety, 2 fois 45 min, 1998, 1994, fiction, Sénégal
Sont ici réunis les deux derniers films de Djibril appartenant à une trilogie qu’il voulait consacrer aux « petites gens » et qu’il n’aura pas pu mener à bien.
Macadam tribu de José Laplaine, 90 min, 1996, fiction, RDC
Les deux frères Mike et Kapa courent les rues, les bars et les salles de boxe d’une grande ville africaine exubérante et charmeuse. Le soir, tout le monde se retrouve dans le bar de Papa Sandu pour commenter les évènements de la journée, ceux de la rue et ceux de la télé.
Quartier Mozart de Jean-Pierre Bekolo, 80 min, 1992, fiction, Cameroun
Une comédie moderne se déroulant dans un quartier populaire : le quartier mozart. Une fillette, chef de clan, un peut trop curieuse, est transformée en jeune homme par une sorcière qui veut lui faire comprendre ce qui se passe dans la tête des machos africains. C’est ainsi que commence les mésaventures de Toch et de ses comparses : Chien méchant, Atango « bonbon des jeunes filles » et Envoyé spécial.
l’Afrique face aux risques : un continent en crise ?
Le cauchemar de Darwin de Hubert Sauper, 107 min, 2005, Tanzanie
Les rives du plus grand lac tropical du monde, considéré comme le berceau de l’humanité, sont aujourd’hui le théâtre du pire cauchemar de la mondialisation. L’introduction de la perche du Nil dans le lac Victoria a été à l’origine d’une catastrophe écologique, mais aussi d’une industrie fructueuse et a initié un drame dont les conséquences dépassent les frontières du pays. Une enquête effarante et passionnante sur le drame de l’Afrique et le dilemme posé par la globalisation.
Les rituels de survie de José Ainouz, 52 min, 2004, Mali
Sécheresse, invasion de criquets, destruction des récoltes… Quelles stratégies les villageois de Guénébana vont-ils mettre en œuvre pour survivre à la famine qui menace ?
C’est à la vie dans ce village dogon que s’intéresse le réalisateur. Puiser l’eau, tisser, piler les rares épis de mil : les actes du quotidien rythment le temps et assurent une survie précaire. Au delà, toute action porte une valeur rituelle et symbolique : ainsi le tissage, omniprésent, est aussi une représentation de la parole. Tisser, c’est construire la parole, l’articuler, créer le sens.