(FINDING VIVIAN MAIER)
Film documentaire de
Charlie SISKEL et John MALOOF USA 2014 1h25 VOSTF
avec John Maloof… et les sublimes photos de Vivian Maier…
Ce fil est actuellement diffusé dans le réseau Utopia.
Il a retenu notre attention car l’ouvrage de John Maloof, Vivian Maier, street photographer est présenté sur la Cliothèque. Il mérite le détour.
La présentation sur la Cliothèque
http://clio-cr.clionautes.org/vivian-maier-street-photographer.html#.U8qKULGrYvI
On ne dira jamais assez combien la fréquentation assidue des ventes aux enchères publiques peut favoriser une certaine prise de conscience quant à la relativité des choses. Voir ainsi adjugés, pour quelques euros, de gros cartons remplis de mille choses inutiles accumulées au long d’une existence de consommateur compulsif aide à prendre conscience de l’imbécillité d’une vie perdue à vouloir la gagner. A contrario, cela s’est vu, une plongée dans les petits papiers d’une vie finissante réserve parfois des surprises. Par exemple l’émergence en pleine lumière d’un talent, voire même d’un génie gardé secret. C’est un stock de partitions musicales grignotées largement par les souris, bradées pour cinq euros, qui fait l’objet à la surprise générale d’une foire d’empoigne homérique entre deux acheteurs, lesquels avaient, seuls dans leur bulle, découvert avant la vente, que ce fatras poussiéreux recelait un trésor inconnu…
C’est au récit d’une histoire un peu semblable que vous convie ce très étonnant A la recherche de Vivian Maier, à la différence près qu’il est question, dans cette aventure-là, de photographie et de cinéma. En 2007, confronté à la difficulté de trouver des documents photographiques à un prix raisonnable pour illustrer un bouquin sur Chicago, un certain John Maloof a un jour l’idée originale de tenter sa chance dans une vente aux enchères. De vieilles cartes ‘postales, des photos de famille, de faits divers et de réunions syndicales font alors son bonheur. S’ajoute aussi, au hasard des lots constitués par le commissaire priseur, une grosse boite pleine de négatifs. Tout à son bouquin, notre homme ignore alors les négatifs et ce n’est qu’un an après qu’il entreprend, poussé par la curiosité, d’en numériser un certain nombre. Des images qu’il trouve magnifiques, et dont il veut alors percer le mystère. Après quelques recherches, notre ami John découvre que ce lot énorme de négatifs appartenait à une femme nommée Vivian Maier. Endossant le rôle d’un véritable détective, il retrouve alors une ancienne voisine de Vivian qui le met sur la piste d’un garde meuble scellé pour loyers impayés. Le gage levé, il pénètre alors dans une véritable caverne d’Ali Baba, bourrée de livres, de coupures de presse, de films et de photos…
Qui était cette mystérieuse inconnue,morte dans le dénuement et l’anony-
mat le 21 avril 2009 à Chicago et reconnue aujourd’hui comme l’une des plus grandes photographes du xx° siècle ? Le film nous l’apprend magistralement, en nous faisant voyager entre photos et films d’époque pris par elle-même, entre stupeur et attachement pour cette artiste invisible, inséparable de son Rolleiflex, qui prit tout au long de son existence plus de cent mille photos au hasard des rues, ou à l’occasion de garde d’enfants auprès de familles aisées, sans jamais les montrer à personne, pour être libre, peut-être, d’exercer sa passion sans in-
fluence et sans contraintes. Une invisible, bien sûr, mais aussi une observatrice lucide à l’oeil aiguisé, capable de saisir l’Amérique dans son envers, en témoignant d’une réelle empathie pour les marges et les cabossés de la vie. Une excentrique aussi, qui protégea farouchement toute sa vie son intimité, face aux valeurs bourgeoises des familles qui l’employaient. On ne peut que vous inviter chaleureusement à faire sa connaissance.