Une affaire d’honneur sort le 27 décembre prochain. Dans le cadre de notre partenariat avec l’agence Approche et grâce à Gaumont, que je remercie vivement, j’ai eu la chance de pouvoir découvrir ce film en avant première pour les Clionautes.

Synopsis

Paris 1887. À cette époque, seul le duel fait foi pour défendre son honneur. 

Clément Lacaze, charismatique maître d’armes, se retrouve happé dans une spirale de violence destructrice. Il rencontre Marie-Rose Astié, féministe en avance sur son époque, et décide de lui révéler l’art complexe du duel. Ils vont faire face aux provocations et s’allier pour défendre leur honneur respectif.

 

Le film de Vincent Pérez est une très belle découverte. En explorant le monde du duel, à la fin du XIXè siècle, Une affaire d’honneur parvient à dépasser le strict cadre des combats d’escrime, pour nous proposer une réflexion percutante sur une société en pleine ébullition.

 

 

Bien que certains personnages soient fictifs, à l’image du principal protagoniste, le maître d’armes Clément Lacaze, que les faits rapportés soient le fruit d’une construction basée sur diverses histoires tirées de l’Annuaire du duel 1880-1889, Vincent Pérez et Karine Silla ont réussi, avec brio, à inclure les destins de personnages réels, à l’image de la militante féministe Marie-Rose Astié de Valsayre. Mieux, au-delà des destins de ces personnages, c’est toute une époque qui est reconstituée avec justesse.

Le Paris de cette fin de XIXè siècle voit la Tour Eiffel se dresser, les lumières s’installer progressivement dans les rues, tandis que le souvenir douloureux de 1870 reste prégnant. Les journaux s’imposent petit à petit dans le quotidien de chacun et parmi eux le Petit Journal, dont Damien Bonnard, incarnant Ferdinand Massat, rédacteur en chef, offre un portrait saisissant de vérité et de vanité.

Face à la modernité qui s’installe, les duels, avec leurs codes éculés, leurs rituels, sont autant de moments étranges, telles des bulles suspendues dans une réalité qui change vite, trop vite pour certains.

L’affaire d’honneur dont il est question, la gifle qui demande réparation par le sang, s’écrase contre les demandes de reconnaissance des femmes, contre la question d’un pantalon, contre la volonté d’une jeunesse de s’émanciper, par amour, sans parvenir à réellement couper le lien avec des codes séculaires. Roschdy Zem incarne avec justesse Clément Lacaze, maitre d’arme ravagé par la guerre et une forme de culpabilité. Les silences, les regards, les gros plans imposent le respect ; Roschdy Zem  est l’incarnation de la guerre, de la défaite de 1870, mais aussi d’une forme de quête perpétuelle d’honneur. Tout aussi convaincante, Doria Tillier offre à la mémoire de Marie-Rose Astié de Valsayre une performance remarquable, engagée, percutante, vibrante. Quant à Vincent Pérez, il fait du colonel Berchère l’un de ces personnages que l’on adore détester, là où Guillaume Gallienne, en propriétaire du Cercle d’escrime, apporte son humanité à ce monde cruel des duels.

 

Si la reconstitution d’époque est de grande qualité, le casting est au diapason

 

Les combats, les duels, sont reconstitués avec force. Sans dévoiler ce qui doit rester l’apanage du plaisir de la découverte, les échanges de coups, les chorégraphies mortelles, les souffles, cris, crispations des âmes à travers des visages marqués par la peur et la tension nerveuse, sont autant de moments qui restent longtemps dans les esprits.

Nos partenaires de l’agence Approche ont travaillé avec Gaumont pour offrir un support pédagogique d’une grande qualité. Si le film est en apparence avant tout exploitable pour les collègues de lettres, le dossier pédagogique proposé permet d’exploiter cet excellent film au collège comme au lycée.

 

Avant de découvrir dans les salles cette œuvre, il est possible de prendre son mal en patience en écoutant Vincent Pérez qui avait donné une interview fort instructive au festival du film francophone d’Angoulême, à la fin de l’été dernier.

J’aurai l’occasion de revenir plus avant sur le film au moment de sa sortie, afin de montrer comment il pourrait être exploité en questionnant par exemple les mémoires de la guerre de 1870. Mais, en attendant, réservez une date pour les vacances de Noël. Une affaire d’honneur est un très bon film, ambitieux et réussi, porté par une réalisation et un casting sans fautes.