Deuxième journée de réflexion autour de l’école pour la Décade : un tableau des réalités vécues par les jeunes et les enseignants.


Envoyé spécial

Pour sa deuxième journée, la Décade Cinéma et Société a choisi de se centrer sur les jeunes plutôt que sur les enseignants.
Si la première journée de cette Décade proposait une réflexion sur l’institution scolaire et son fonctionnement, la deuxième sort de l’école pour rappeler que les élèves ont aussi une vie après les cours.

L’apprenti, immersion dans le monde de l’apprentissage

L’apprenti est un documentaire datant de 2003 qui raconte la vie compliquée de Mathieu, une jeune élève en BEP Agriculture. Ayant grandi avec un père inexistant, le jeune garçon trouvera finalement un père de substitution en son maître de stage, un fermier ayant lui aussi perdu son fils. En pleine crise d’adolescence, Mathieu vit des relations compliquées sur le plan familial et amoureux. Loin d’être bête, il n’obtient pas de résultats au lycée. Pourtant, à la ferme, qui représente une échappatoire, il apprend vite et met du cœur à l’ouvrage. L’école, qui numérise tout, lui refusera finalement son diplôme. Dans ce film, Samuel Collardey tente de montrer la réalité de l’apprentissage, bien loin des réalités de l’école.

Distinctions

Festival international du film francophone de Namur – 2008

  • Bayard d’or de la meilleure première oeuvre
    Prix du jury
    Festival longs et courts métrages

  • Mostra internationale de cinéma de Venise – 2008
  • Prix de la Semaine de la Critique : Samuel Collardey
    Type : Festival longs et courts métrages

La force d’un enseignant contre l’échec scolaire

Les Héritiers co-écrit, co-produit et réalisé par Marie-Castille Mention-Schaar, est sorti en 2014.

Dans le second film, Les Héritiers, un(e) professeur(e) d’Histoire et de Géographie interprétée par Ariane Ascaride, se retrouve face à une classe ingérable. Alors que leurs résultats et leur comportement sont plus que médiocres, elle décide contre l’avis de tous d’inscrire sa classe au concours national d’Histoire de la Résistance, sur le thème « Les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi ». Peu à peu, cette expérience va transformer les élèves qui se retrouveront dans les portraits de jeunes déportés.
La rencontre avec Léon Zyguel est particulièrement émouvante et transformera les élèves en « héritiers » de la parole du génocide, pour que l’histoire ne se répète jamais. Tiré d’une histoire vraie, le film montre aussi comment la force d’un professeur qui ne sous-estime pas ses élèves arrive à les responsabiliser. Avec un sujet aussi universel que la Shoah, elle parviendra finalement à les rapprocher malgré leurs différences.

Le C.O.D. et le coquelicot, une immersion vécue par des instituteurs

Le C.O.D. et le coquelicot, réalisé par : Cécile Rousset et Jeanne Paturle
Année : 2013 raconte l’histoire de cinq jeunes instituteurs dans une école difficile du 18ème arrondissement de Paris. Le film, ni défaitiste, ni optimiste, propose la parole de ces instituteurs, leurs sentiments, leurs réflexions, leurs expériences avec beaucoup de poésie.
Dans un passage particulièrement beau, un enseignant se questionne : « Ça m’affecte énormément que personne dans ma classe ne sache ce qu’est un coquelicot. Ça m’affecte énormément. J’en viens à douter des priorités, à douter de ce dont je ne devrais pas douter : à quoi va leur servir de savoir ce qu’est un C.O.D., s’ils ne savent pas ce qu’est un coquelicot ? ». En effet, à quoi bon savoir résoudre une équation, si l’on ne sait rien de la vie réelle ?

L’esquive, un récit de vie en banlieue

L’esquive, d’Abdellatif Kechiche est une fiction racontant l’histoire de jeunes de banlieue, tout simplement, leur vie, leurs amours et leurs problèmes. Pour échapper à leur quotidien souvent violent et vulgaire, certains font du théâtre. Et quelle pièce est plus appropriée pour parler des luttes de classes sociales, sinon Le jeu de l’amour et du hasard de Marivaux ? Cette pièce résonne comme une mise en abîme de la condition de ces jeunes de banlieue.
La dure mission enseignante

A la fin de cette deuxième journée, on comprend que le lien qui unit tous ces films, c’est la vie privée des élèves, très liée à leur vie publique, à l’école. Le professeur, n’y peut rien mais doit tout de même essayer de composer avec ces situations parfois compliquées. Plus, il doit essayer d’élever ses élèves pour les aider à sortir de ces situations. Une tâche difficile mais belle, au centre des réflexions sur l’École avec un grand E.

Par Paul-Arnaud Boudou