Ce documentaire dont la sortie est prévue le 4 octobre raconte le combat d’une mère de soldat pour se reconstruire après la mort de son fils, assassiné en mars 2012 par Mohammed Mérah.
Les circonstances de cet assassinat, perpétré par un djihadiste « isolé », sont tout de même spécifiques. Piégé par une demande de contact, pour vendre une moto, le maréchal des logis-chef Imad, a bien été tué parce qu’il était un soldat français. Devant son meurtrier, la vidéo filmée par la caméra de son assassin, montre son courage. Il refuse en effet de se coucher pour attendre son exécution.
Quand le parachutiste Imad Ibn Ziaten refusait de se coucher devant Merah
On retrouve ce courage dans la tranquille sérénité de sa mère qui est devenue, après sa mort, une sorte de commis-voyageur de l’anti radicalisation. La présentation de la production raconte bien cette trajectoire, de jeune femme, venue du Maroc à 17 ans, qui fonde une famille avec cinq enfants. C’est d’ailleurs les images probablement les plus émouvantes du documentaire, qui montrent une famille, parfaitement intégrée, au pied de la tour Eiffel, à l’occasion de vacances sans doute, où sous un parasol, sur le fond de mer. Cette mère de famille arbore un beau sourire, la fierté sans doute de voir ses enfants autour d’elle, heureux, épanouis.
Lorsque son univers bascule, avec la mort de son fils, Latifa réagit en s’engageant. Elle crée une association, http://association-imad.fr/v2/pourquoi-une-association/ et cherche à promouvoir la lutte contre les dérives dans les quartiers sensibles qui sont, pour partie, les lieux où se développe cette radicalisation mortifère.
La tonalité de ses interventions dans les collèges comme dans les lycées se veut apaisante, ouverte. On retrouve évidemment des points qui peuvent faire débat, lorsqu’elle affirme : « ce n’est pas l’islam », en parlant de ce terrorisme qui lui a enlevé son fils. Elle fait preuve aussi de la même détermination, lorsque à la suite d’une commission parlementaire sur la laïcité, elle tient tête à une personne qui lui explique le caractère « spécifique de l’islam », en matière de tolérance, ou plutôt d’intolérance.
Comment percevoir ce film, et surtout comment le présenter dans une classe par exemple ?
Il faut avoir sans doute une grille de lecture spécifique, pour aller au-delà de l’émotion, toujours présente. C’est une mère qui prend dans ses bras des adolescents, émus par son récit. C’est une éducatrice qui explique à ces jeunes, dont beaucoup sont en échec scolaire la nécessité de redresser la tête, et de se battre pour s’en sortir.
On ne trouvera pas dans ce documentaire d’analyse du phénomène de radicalisation, ni, ce qui peut parfois manquer, de réponse théologique à cette diffusion du salafisme qui est considéré comme la matrice idéologique de la radicalisation, et du passage à l’acte djihadiste.
Le documentaire est évidemment centré sur Latifa, et bien entendu sur la dimension émotionnelle, largement présentes, lorsque la mère se rend au Maroc, là où son fils avait souhaité être inhumé. On sent d’ailleurs à ce propos à regret. Peut-être Latifa aurait-elle préféré que son fils repose dans le pays qu’il a vu naître, sous le drapeau qu’il a servi, comme d’autres de ses frères d’armes.
Ce choix d’être ramené à ses origines, suscite question. Mais il est présenté comme celui de Imad.
La démarche de Latifa s’inscrit dans le témoignage, et elle ne saurait se substituer un véritable combat contre cette dérive sectaire qui peu à peu s’impose comme « l’islam authentique », à toute une communauté. C’est bien là le problème, celui d’un combat idéologique qui doit être mené, par les musulmans eux-mêmes. Latifa s’inscrit bien dans le combat républicain, et par effet de génération, elle a pu, il y a plus de 30 ans, trouver sa place dans la société française. « Même en passant la serpillière,» rappelle-t-elle. La situation est sensiblement différente aujourd’hui, et les raisons de ce que nous pouvons qualifier, de déficit intégration, ne sont pas simplement socio-économiques.
Ce film ouvre un débat, il ne permet évidemment pas de le clore. Le registre émotionnel dans lequel s’inscrit l’écriture filmique est une approche qui permet sans doute de toucher celles et ceux que l’on souhaite atteindre. Ces jeunes que l’on appelle improprement « des quartiers », ces collégiens, ces adolescents, qui s’interrogent sur leur identité, sur leur place dans le pays qui les a vu naître, pourront sans doute trouver en Latifa l’image de leur mère, peut-être en substitution. Car la question qui est également évoquée, et sur laquelle il convient d’ailleurs de s’interroger, est bien celle de la référence familiale. Les familles issues de l’immigration connaissent également les phénomènes d’atomisation, de recomposition, la monoparentalité, l’absence de références. Et dans ce cas, la rue, « le quartier », l’Imam autoproclamé deviennent alors une sorte de refuge, propice à bien des dérives. Cela ne fait pas pour autant de Mohammed Mérah, et de ses sinistres imitateurs, de janvier 2015, des victimes ; Latifa est d’ailleurs très claire sur ce point. Et c’est donc en termes de conseil, de guide, de référence qu’elle inscrit son engagement. Il n’est pas exclusif, n’apporte pas forcément de solution globale, mais sans doute participe de cette idée que l’on peut se faire du vivre ensemble.
Présentation de la production
L’histoire de Latifa Ibn Ziaten, c’est celle d’une jeune fille de Tétouan, pleine de rêves, qui traverse la Méditerranée à la fin des années 70 pour vivre en France.
Trente ans plus tard, son fils Imad, militaire français, est assassiné par Mohammed Merah. Deux jeunes hommes nés en France de parents immigrés, tous deux musulmans, mais aux destins contraires : Imad est mort parce qu’il représentait la France et une intégration réussie, tandis que Merah s’y sentait exclu et cherchait à la détruire.
Pour Latifa tout s’effondre brutalement : sa vie, son idéal de vivre ensemble et sa vision de la société française.
Pourtant, plutôt que de renoncer à croire, Latifa décide d’aller réanimer ce rêve en dépassant sa douleur de mère. Elle part à la rencontre des autres, en France, au Maroc, pour les convaincre que ce rêve a encore un sens et qu’il les concerne tous.
Donner de l’amour en réponse à la haine.
Le 11 mars 2012, la vie de Latifa Ibn Ziaten bascule : son fils Imad, militaire français engagé dans les parachutistes, tombe sous les balles d’un tueur encore inconnu : Mohammed Merah.
Le 22 mars, Merah est finalement tué dans l’assaut de son appartement par le GIGN. Entretemps il aura assassiné deux autres militaires à Montauban, puis trois jeunes enfants et un père dans la cour d’une école juive de Toulouse.
Merah était un produit d’une nouvelle génération du jihadisme, Imad, le fils de Latifa en fut la première victime.
L’histoire de Latifa Ibn Ziaten est celle d’une mère devenue activiste. Quand son fils Imad est assassiné par un terroriste, Mohamed Merah, son monde bascule. Pourtant elle refuse de perdre espoir, et parcourt les villes de France dans un seul but : défendre la jeunesse des quartiers et combattre la haine avec la tolérance et l’écoute. Elle transforme ainsi chaque jour son destin singulier en un combat universel.
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