Le réalisateur madrilène Fernando Colomo aborde le thème de la dictature du Général Franco dans son œuvre Los años bárbaros traduit en français Les années volées. Le film plonge alors les spectateurs dans une fiction inspirée par l’histoire vraie de l’écrivain Manuel Lamana et de l’historien Nicolás Sánchez-Albornoz, deux étudiants espagnols condamnés pour leur opposition au régime ayant fui la prison franquiste en s’évadant à l’étranger.

 

 

Synopsis

Madrid 1948. Tomas et Jaime, étudiants, sont également des résistants au régime franquiste. Arrêtés pour un slogan peint sur les murs de leur université, ils sont condamnés à huit ans de prison. Décidés à s’évader, ils demandent leur transfert au camp de travail de Cuelgamuros. Puis ils sollicitent l’aide de Michel, un de leurs amis français engagé dans la résistance espagnole qui vit à Paris. Ce dernier met sur pied un plan audacieux pour libérer les deux prisonniers et leur faire quitter l’Espagne.

 

Inspirés de faits réels, Los años bárbaros met en scène l’atmosphère oppressante de l’Espagne franquiste à la fin des années 1940 alors que la répression atteint son paroxysme. À travers le destin de deux jeunes étudiants madrilènes condamnés pour un acte de résistance, ce film souligne la brutalité d’un régime qui érige la peur et la censure en instruments politiques. Fernando Colomo dépeint une jeunesse prise au piège d’un système politique où la liberté est effacée par la force et muselée par le silence officiel. En suivant l’évasion désespérée des protagonistes vers la France, Los años bárbaros illustre la vision des pays étrangers sur la dictature espagnole ainsi que leur implication dans celle-ci.

 

 

Une immersion dans la répression franquiste  

 

Pour rappel, le Général Francisco Franco impose un régime dictatorial en Espagne en 1939 à la suite d’une période de guerre civile, et ce jusqu’à sa mort en 1975. Le régime franquiste prend majoritairement appui sur l’armée et sur la religion afin d’imposer ses normes par une censure massive et une répression fondée sur l’usage de la force et la généralisation de la peur. La dictature de Franco est considérée comme un exemple de régime autoritaire reposant sur les traditions, la religion catholique et le contrôle de la vie privée des individus.

Los años bárbaros prend place en 1948, une période réputée être l’une des plus dures de la dictature franquiste avec une hausse de la répression et des violences sur les citoyens accusés de résistance et d’opposition au régime. Le film se fait alors l’exemple de la violence utilisée par la dictature sur les étudiants et la jeunesse espagnole. Jaime et Tomas, les deux protagonistes, sont étudiants à Madrid et décident un soir d’inscrire « La Universidad Libre » (l’université libre) sur le mur de leur université. Arrêtés par les hommes de Franco, ils se voient condamnés à une peine de 8 ans de prison pour un simple acte de protestation contre les valeurs du régime. À savoir qu’effectuer une peine de prison durant la dictature entraîne la fin de toute possibilité de carrière professionnelle par la suite avec un processus d’exclusion sociale sur le long terme des individus accusés de résistance. Ces derniers sont alors considérés par la société comme des ennemis de la Nation espagnole.

Los años bárbaros interroge donc sur le statut des prisonniers durant la dictature. La plupart des détenus espagnols en bonne forme physique, à l’image des protagonistes du film, sont condamnés à des travaux forcés. Ils sont alors envoyés dans la Valle de Los Caídos : la vallée de ceux qui sont tombés. Située au Nord-Ouest de Madrid, la Valle de Los Caídos est à cette époque un camp de travail massif où sont réunis plus de 20 000 prisonniers œuvrant à la construction du monument décidé par Franco pour abriter sa sépulture ainsi que les dépouilles de combattants de la Guerre civile. L’idée de Franco était de rendre hommage aux morts de la guerre issus des deux camps afin d’unir la Nation espagnole autour de la dictature. La seule condition pour qu’un républicain soit enterré dans la Valle de los Caídos est son appartenance à la religion catholique, pilier du régime franquiste ayant permis la victoire des nationalistes.

Ce sont près de 33 000 Espagnols qui reposent à cet endroit. Dans ce lieu, les opposants au régime franquiste deviennent alors des outils exploités par la dictature pour servir le projet mégalomane de son chef. À travers ce monument composé d’une croix de 150 mètres de hauteur et d’une basilique souterraine, Franco cherche à faire perdurer son influence après sa mort en faisant de ce chantier un monument au service de la puissance franquiste. Dans le film, les prisonniers sont soumis à des conditions de vie et de travail inhumaines en étant victimes de leurs supérieurs d’une perpétuelle humiliation.

 

L’université comme foyer de la résistance

 Les premières scènes de Los años bárbaros mettent en scène Jaime et Tomas réalisant l’acte pour lequel ils iront en prison. Durant la nuit, ils inscrivent avec de la peinture sur le mur de l’Université Complutense de Madrid la phrase « Universidad libre ». L’idée ici est de reconquérir d’une certaine manière l’espace public par les mots en opposition au silence imposé par la dictature. La Complutense est une des universités historiques de Madrid par laquelle est notamment passé l’écrivain Federico Garcia Lorca, symbole lui aussi de la lutte pour la liberté dans cette époque de grave crise pour la liberté. Pour le régime de Franco, les universités sont des lieux stratégiques à contrôler et surveiller de façon intense car elles représentent le centre de création et de diffusion d’idées sociales et politiques pouvant mettre en péril la dictature. Dans le film, les hommes de Franco sont présents au sein de l’université et arrêtent les étudiants en train de commettre cet acte de protestation, considéré comme un crime par le régime où la liberté d’expression est inexistante.

Ici, le film démontre clairement l’emprise du régime politique sur les lieux d’éducation de la jeunesse, comme les universités. Contrôler l’éducation correspond, en effet, à un axe majeur garantissant la stabilité du régime grâce à l’endoctrinement des jeunes pour permettre l’intériorisation des normes et valeurs promues par la dictature. L’image de l’éducation sous la dictature peinte dans Los años bárbaros peut être mise en totale opposition à l’éducation défendue par la République espagnole avant la guerre civile. Cette éducation se veut ouverte et libre afin de développer chez les élèves un esprit critique et transmettre des valeurs comme la liberté d’expression ou encore les idéaux républicains.

Le film La lengua de las mariposas (La langue des papillons)LEGROUX, Gilles. «La lengua de las mariposas: el discurso del maestro », Clionautes, 2018 :  https://lycee.clionautes.org/la-lengua-de-las-mariposas-discurso-maestro.html de José Luis Cuerda met en scène cette forme d’éducation qui est entièrement balayée par les événements de la Guerre civile espagnole dès 1936.

 

Bande annonce La lengua de las mariposas

 

 

Le film dresse aussi une construction par opposition des villes universitaires que sont Madrid et Barcelone. Les universités madrilènes, comme le démontre l’arrestation des protagonistes, sont entièrement placées sous le contrôle de Franco. Madrid dans son ensemble est présentée comme la prison à ciel ouvert de la dictature, avec des décors peu chaleureux accompagnés par des musiques oppressantes. Los años bárbaros dresse un tout autre portrait de la seconde ville du pays : Barcelone. Celle-ci est le centre économique de l’Espagne, elle échappe donc partiellement à l’autarcie imposée par le régime franquiste en restant en contact avec les autres villes européennes. Lors du passage des protagonistes à Barcelone, l’université est présentée comme un lieu de contestation et de résistance à la dictature. Une scène se déroule lors d’une manifestation étudiante contre les hommes de Franco. À Barcelone, les manifestations et protestations contre le régime franquiste sont durement réprimées mais perdurent dans le temps en se multipliant et gagnant en intensité. Barcelone est alors présentée comme la voie de la résistance vers la liberté que Jaime et Tomas cherchent à regagner. Durant la dictature de Franco, les mouvements de résistance sont majoritairement issus de Catalogne et des Pays basques, communautés autonomes espagnoles privées de leur identité régionale avec l’interdiction par le régime de parler leurs dialectes et d’avoir des coutumes propres. Dans les Pays basques espagnols cela se traduit par la montée en puissance dans les années 1960 du groupe terroriste ETA qui revendique la défense de l’identité basque et l’indépendance de ce territoire par des attentats violents ciblés.

 

L’écriture comme arme de résistance

 

Les protagonistes du film sont arrêtés pour avoir écrit le mot « liberté » sur le mur de leur université, démontrant ainsi que le simple acte d’écrire est une arme de résistance contre le pouvoir politique. Symboliquement, les étudiants ont écrit sur le mur les noms d’intellectuels devenus des figures de la lutte en faveur de la liberté à cette époque. Parmi eux se trouvent les noms d’écrivains célèbres du XXe siècle comme Federico Garcia Lorca ou encore Miguel Hernandez. À travers le symbole qu’incarnent les intellectuels, c’est la liberté d’expression et d’éducation qui est revendiquée par les protagonistes. Après la prise du pouvoir par Franco, les intellectuels espagnols sont lourdement réprimés par le régime. Ces derniers sont considérés comme des opposants à la dictature par le simple fait de retranscrire dans leurs œuvres leurs sentiments et leurs libertés, considérés comme des ennemis pour la stabilité du régime.

Cette génération d’intellectuels espagnols est célèbre sous le nom de La Génération de 27. Composée en partie d’écrivains et poètes, la plupart d’entre eux sont forcés à l’exil en Europe ou en Amérique, à l’image de Lorca, parti à New York et à Cuba avant d’être assassiné par la dictature à son retour en Espagne. L’exil n’est cependant possible que pour les personnalités issues des classes aisées disposant des moyens financiers pour partir hors d’Espagne. Depuis leurs terres d’exil, ces intellectuels construisent les bases idéologiques de la lutte pour la liberté. Néanmoins, leur engagement est limité car peu d’entre eux transforment leurs écrits en réelles prises de position et la majorité de ces intellectuels ne revient pas en Espagne une fois la dictature tombée.

Seul Miguel Hernandez peut être érigé au rang de martyr pour la liberté du pays, expliquant pourquoi son nom occupe une place importante dans le film du fait des références utilisées par les personnages. Hernandez est considéré comme le « poète du peuple » car il n’est pas issu d’un milieu social favorisé comme d’autres intellectuels espagnols. Lorsque Franco prend le pouvoir, il ne peut pas partir en exil. Il est alors emprisonné et passera l’ensemble de sa vie derrière les barreaux. Depuis sa cellule, Miguel Hernandez a enfreint les règles de la dictature en continuant à promouvoir la liberté dans ses écrits et en éduquant les autres prisonniers aux valeurs républicaines.

Los años bárbaros fait de l’écriture, à travers le crayon, le symbole absolu de la résilience de la culture sur la répression imposée par la dictature. En effet, cet objet est conservé tout au long de l’histoire par les protagonistes et occupe un rôle symbolique. Lors d’une course poursuite avec les hommes de Franco, Jaime et Tomas utilisent leur crayon pour arrêter les gardes qui tentent de les assassiner lorsqu’ils cherchent à s’enfuir hors d’Espagne. Ici, le réalisateur introduit la morale que la liberté d’expression et la culture finissent par vaincre la violence.

 

L’exil comme horizon de liberté

À l’image de la Génération de 27, Jaime et Tomas trouvent dans l’exil la seule issue afin d’échapper au sort que leur réserve la dictature franquiste. Les protagonistes parviennent à s’échapper de leur camp de détention dans la campagne madrilène grâce à l’aide de Kathy et Susan, deux touristes américaines envoyées par Michel, un Français engagé contre la dictature. Ainsi, nos deux personnages préfèrent risquer leur vie en choisissant la fuite plutôt que de demeurer sous la domination d’un régime autoritaire. C’est alors qu’ils engagent un voyage en voiture, reconnaissable à sa couleur rouge symbole de la résistance, vers la France. Pour ce faire, ils doivent traverser la frontière naturelle qui sépare l’Espagne de la France : la chaîne des Pyrénées. Cette scène représente un moment critique dans le film car les protagonistes sont poursuivis par les hommes armés de Franco et sont alors contraints de traverser la montagne à pied. La frontière symbolise ici un lieu de transit entre deux systèmes politiques où la liberté est érigée au rang de quête ultime. Le film souligne l’importance que joue la frontière franco-espagnole durant la dictature en étant non pas un lieu de fermeture mais un lieu d’échange et d’entraide rendues possibles par l’implication des habitants du Pays-Basque français.

Los años bárbaros invite alors à une réflexion philosophique sur la liberté : faut-il partir pour être libre ? Dans un régime comme la dictature franquiste la liberté est érigée comme ennemi premier du système en faisant alors l’objet d’une répression absolue. Les individus, comme les protagonistes, qui expriment leur liberté sont emprisonnés ou exterminés par le régime afin de ne pas rendre possible un mouvement collectif qui entraînerait la chute de la dictature. Partir hors d’Espagne demeure alors la seule façon de rencontrer la liberté. Cependant, l’exil est synonyme de déracinement et de sacrifice. Les protagonistes du film laissent derrière eux leurs anciennes vies, leurs familles, avec l’espoir d’un jour revenir sur leurs terres où la liberté règnera de nouveau.

 

Regards étrangers dictature espagnole : entre fascination et désillusion

 Le film démontre également comment les étrangers perçoivent la dictature espagnole de cette époque avec une multitude de personnages issus d’autres pays comme la France, les États-Unis ou encore le Canada. Effectivement, c’est Michel, un Français, qui rend possible l’évasion de Jaime et Tomas de leur camp de travail. Celui-ci incarne une vision romantisée de l’Espagne de Franco où la résistance à un régime oppressif doit nécessairement être défendue et généralisée. Les deux touristes américaines qui font s’évader les protagonistes se perçoivent comme des héros sauvant des étudiants prisonniers des griffes de la répression franquiste sans réellement comprendre comment ils ont pu être arrêtés pour un acte si peu révolutionnaire. Comme le souligne le film, les étrangers ont une vision éloignée de la dictature car ils ne vivent pas directement sous la répression d’un tel régime et cela aboutit à une certaine désillusion en constatant que le peuple espagnol n’est pas un groupe de résistants unis cherchant à révolutionner le système pour retrouver la liberté. Franco ne rend possible la venue de touristes sur le sol espagnol que tardivement afin de répondre à une crise économique qui touche le pays et la nécessité de sortir progressivement de l’autarcie en vue de sa succession.

Dans Los años bárbaros, le réalisateur met en lumière l’idée que les États-Unis, puissance mondiale défendant la liberté, se doivent d’opérer cette mission quasi civilisatrice d’éduquer le peuple espagnol à la liberté et à la résistance. Cette idée de supériorité des États-Unis sur des pays comme l’Espagne est intériorisée par les hommes de Franco eux-mêmes qui, dans le film, laissent les touristes américaines faire ce qu’elles souhaitent sans s’opposer à leur volonté. Néanmoins, il faut souligner que les États-Unis ont eux-mêmes soutenu la dictature de Franco durant la Guerre froide. En 1953, les accords de Madrid témoignent d’une alliance politique et économique entre la puissance étasunienne et le régime franquiste. En même temps qu’ils défendent la liberté, les États-Unis se rapprochent politiquement de Franco afin de lutter par proxy contre l’URSS soutenant les communistes espagnols majoritairement à la tête de la résistance contre la dictature.

 

Entre mémoire et oubli : scénariser la dictature à l’heure de la démocratie

 Fernando Colomo est considéré comme un grand réalisateur pour le cinéma de la transition espagnole. Celui-ci s’inscrit dans la période de transition politique et sociale que vit l’Espagne dans les décennies suivant la mort du Général Franco. Ce courant cinématographique a pour volonté de représenter l’Espagne depuis les événements de la Guerre civile. Le passé est alors scénarisé, ainsi que toutes les thématiques qui étaient censurées sous la dictature, comme la sensibilité ou encore la question des droits sociaux.

 

Los años bárbaros sort en Espagne en 1998 dans un contexte politique complexe. La démocratie espagnole, qui s’est construite depuis 1975, peine à réparer les blessures du passé. Depuis 1977 et encore aujourd’hui, la loi d’amnistie espagnole régule les questions mémorielles. Cette loi a permis la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés mais garantit l’impunité des individus ayant participé activement à la répression et aux crimes de la dictature et de la guerre civile. Les traumatismes du passé sont alors passés sous silence, la Nation faisant le choix de l’oubli plutôt que de la reconnaissance afin de retrouver une certaine unité nationale. À noter qu’encore aujourd’hui, dans des communautés autonomes comme celle de Madrid, le souvenir de la dictature reste un sujet sensible comme en témoigne le fait que le Musée d’Histoire de la Ville de Madrid ne dispose pas d’une exposition sur les événements de la Guerre civile et de la dictature.

 

Des œuvres comme Los años bárbaros, et les témoignages dont elle s’inspire, cherchent à retranscrire les événements traumatiques du passé afin de témoigner des violences subies en faisant le choix du souvenir par le récit. Manuel Lamana écrit en 1956 sa nouvelle Otros hombres (LAMANA, Manuel. Otros hombres, 1956) où il raconte ce qu’ils ont vécu avec Nicolás Sánchez-Albornoz. Arrêtés en 1947 pour des activités militantes au sein dun syndicat étudiant, les deux hommes parviennent à s’évader de la Valle de Los Caídos en 1948 avec laide de Barbara Mailer, l’écrivaine Barbara Probst et de lanthropologue Paco Benet. Après avoir regagné la France, ils s’exilent en Argentine où Manuel Lamana finira sa vie.

Nicolás Sánchez-Albornoz, devenu un historien réputé, fait le choix de rentrer en Espagne à la mort de Franco. Il devient alors le premier directeur de l’Institut Cervantes et membre de l’Académie Royale d’Histoire. L’historien milite activement pour la mémoire des victimes du franquisme notamment en revendiquant le retrait de l’espace public des symboles de la dictature de Franco. En 2012, il décide aussi de raconter son histoire personnelle dans son autobiographie intitulée Cárceles y exilios (SÁNCHEZ-ALBORNOZ, Nicolás. Cárceles y exilios, 2012). À noter qu’en 2019 la Cour Suprême espagnole a autorisé l’exhumation de la dépouille du Général Franco afin de déplacer sa sépulture, qui était depuis 1975 au cœur de la basilique de la Valle de los CaídosMOREL, Sandrine. « Nicolás Sánchez-Albornoz, l’évadé des camps de Franco lutte contre les symboles de la dictature », Le Monde, 2023 : https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/03/04/nicolas-sanchez-albornoz-l-evade-des-camps-de-franco-lutte-contre-les-symboles-de-la-dictature_6164108_4500055.html.

 

Interview de Nicolás Sánchez-Albornoz

Dimension pédagogique de l’œuvre

 

Pour la spécialité HGGSP

Comprendre un régime politique, la démocratie (classe de Première) : Los años bárbaros permet une immersion au cœur du système répressif de la dictature espagnole qui se veut être un régime en opposition aux valeurs démocratiques prônant la liberté. De plus, il est possible d’utiliser le film pour analyser la transition politique et sociale d’une société post dictature et le rôle que jouent les outils culturels comme le cinéma dans cette évolution.

Étudier les divisions politiques du monde, les frontières (classe de Première) : la notion de frontière occupe une place centrale dans l’œuvre et y trouve une définition multiple. En effet, la frontière est tout d’abord présentée dans sa forme physique lorsque les protagonistes traversent la chaîne montagneuse des Pyrénées, frontière naturelle entre la France et l’Espagne. Aussi, la frontière revêt une dimension symbolique en étant un élément intangible séparant deux idéologies politiques : celle de la dictature où les libertés sont censurées et celle de la République prônant la démocratie. Ici, le film démontre la richesse de la notion de frontière en un même exemple concret.

Histoire et mémoire (classe de Terminale) : le film offre un parfait exemple de la manière dont le cinéma permet de raconter le passé en le mettant en scène. Los años bárbaros prend appui sur le témoignage de l’historien Nicolás Sánchez-Albornoz amenant à étudier la place de l’histoire orale et de la culture dans la construction d’une mémoire collective. Avec cette œuvre, il est aussi possible de revenir sur la gestion politique, en Espagne, des questions mémorielles rattachées à la dictature et la Guerre civile.

Identifier, protéger et valoriser le patrimoine, enjeux géopolitiques (classe de Terminale) : enfin, Los años bárbaros démontre comment le patrimoine est instrumentalisé pour servir la dictature de Franco. En effet, de nombreuses scènes mettent en avant la construction de la tombe de Franco par les prisonniers qui sont alors transformés en outil du régime contre lequel ils luttent. De plus, le film permet d’étudier les enjeux mémoriaux autour des traces de la dictature présentes dans l’espace public, à l’image de la Valle de los Caídos.

Pour l’Histoire

Les régimes totalitaires (classe de Terminale) : l’œuvre peut être mobilisée lors du point de passage sur les événements de la Guerre civile espagnole conduisant à l’instauration de la dictature franquiste en 1939. Les éléments présents dans le film permettent d’analyser la répression instaurée par le régime et de voir les disparités présentes notamment entre Madrid et Barcelone. Aussi, Los años bárbaros amène à étudier la vision qu’ont les pays étrangers de la dictature espagnole et d’analyser le rôle joué par les acteurs étrangers.

Pour la spécialité LLCE et la langue espagnole

 

Dominations et insoumissions (LLCE) : le film peut être utilisé dans le cadre de la spécialité LLCE afin de traiter des thématiques de la répression et de la liberté dans leurs représentations culturelles. Los años bárbaros représente la dictature franquiste et la quête de liberté par des étudiants soumis à un système autoritaire. Aussi, l’œuvre s’inscrit dans le cinéma de la transition espagnole et permet d’analyser la manière dont le réalisateur cherche à présenter les événements du passé.

 

Territoire et mémoire (classe de Terminale) : Los años bárbaros peut être utilisé afin de démontrer les enjeux mémoriaux autour de la période de la dictature espagnole, en étudiant notamment le rôle du cinéma dans la représentation du passé.