Allemande, Romy Schneider est née en 1938 et son enfance sera traversée par un conflit qui conduira ses parents à quitter Vienne et à s’installer, fortuitement, à quelques encablures du nid d’aigle d’Hitler. Ce passé personnel et national la marquera à jamais dans sa vie et dans ses choix professionnels. Rejetant au début des années 1960 l’image passéiste et idéalisée d’une Sissi dans laquelle elle ne se reconnaît pas, elle va alors s’engager dans un cinéma où il est encore question d’histoire, mais surtout question des faits les plus sombres du XXème siècle, et plus particulièrement de la Seconde Guerre mondiale.

Ce dossier qui vous est présenté rassemble des activités corrigées sur l’ensemble des films historiques de Romy Schneider, allant des Années Folles avec La Banquière, jusqu’aux derniers combats de la Seconde Guerre mondiale avec Portrait de groupe avec dame. Les reconstitutions historiques de qualité des films sélectionnés permettent aux extraits utilisés d’illustrer de manière assez juste certains pans des cours de classe, de 3ème pour la grande majorité d’entre eux. Certains thèmes étudiés peuvent se situer à la lisière des Instructions officielles, mais peuvent également constituer une source utile pour un travail plus approfondi ou une éventuelle piste pour répondre aux interrogations que les élèves pourraient se poser. Ces activités ont été constituées dans le but de les rendre les plus insérables possibles, sans que les leçons déjà construites n’en soient troublées.

La Banquière (1980)

Film de Francis Girod, La Banquière narre la fulgurante ascension d’Emma Eckhert (Romy Schneider), issue d’un milieu modeste et qui se trouve à la tête d’une banque et d’un journal financier spécialisé dans l’épargne populaire. Incarnation de la femme libre et insoumise de l’entre-deux-guerres, le personnage est directement inspiré de Marthe Hanau.

La femme libre des Années Folles (de 5min35 à 8min20)

Thème caractéristique de l’après-Première Guerre mondiale, la femme libre des Années Folles se rattache à l’héroïne du roman La Garçonne de Victor Margueritte. Même si elle est devenue la caricature de cette époque, cette image a le mérite d’affirmer l’entrée de la société dans le XXème siècle et de permettre une transition entre le conflit mondial et le krach boursier.

  1. En quelle année se passe la scène ? Comment nomme-t-on cette période ?
  2. A quelle génération appartient l’héroïne ?
  3. Citez deux indices vestimentaires de l’émancipation de la femme à cette époque.
  4. Citez un indice culturel de l’émancipation de la femme à cette époque.
  5. Citez un indice personnel de l’émancipation de la femme à cette époque.
  6. Citez un indice professionnel de l’émancipation de la femme à cette époque.

Corrigé

  1. La scène se passe en 1929. On nomme cette période l’ “entre-deux-guerres” ou les “Années Folles”.
  2. L’héroïne appartient à la génération qui est entrée dans la vie active à la fin de la Grande Guerre. Cette génération veut oublier les horreurs du conflit en vivant pleinement et en s’amusant.
  3. L’héroïne porte les cheveux cours, à la “garçonne”, et s’habille en smoking d’homme.
  4. L’héroïne passe sa nuit dans un dancing à boire et à discuter.
  5. L’héroïne est homosexuelle : elle tient la main de sa compagne.
  6. L’héroïne est la présidente d’une banque qui porte son nom : “Comptoir Epargne Emma Eckhert”.

L’essor du capitalisme (de 8min20 à 13min37 + de 21min51 à 24min19)

Le capitalisme est une notion déjà approchée en 4ème à l’occasion de l’étude de la transformation de la société à l’âge industriel. En 3ème, l’élève doit avoir pris connaissance des rouages de la Bourse à travers l’introduction aux crises des années 1930. De ce fait, cette séquence tente de représenter l’ambiance du Palais Brongniart et surtout d’éclaircir le mode de fonctionnement d’une banque au début du XXème siècle.

  1. Quel est le secteur d’activité de la société de l’héroïne ?
  2. Quelle est la vocation de cette société auprès du grand public ?
  3. Quelle est l’autre activité de cette société ?
  4. Sur quel produit l’héroïne investit-elle ? Pourquoi ce produit ?
  5. D’après l’interview, que lui permet l’augmentation du cours de l’action ?
  6. Pourquoi l’héroïne est-elle jalousée de ses concurrents ?

Corrigé

  1. La société de l’héroïne appartient au secteur bancaire.
  2. Sa société se voit confier l’épargne, c’est-à-dire les économies, du grand public.
  3. L’autre activité de la société est l’activité boursière : elle achète des actions d’entreprises à la Bourse de Paris.
  4. L’héroïne investit sur des actions de pétrole car elle a été discrètement informée que la découverte de nouveaux puits de pétrole allait faire croître le cours de l’action concernée.
  5. L’augmentation du cours de l’action lui permet de faire des bénéfices qu’elle reversera à ses petits épargnants sur un taux d’intérêts oralement assuré de 8% minimum.
  6. Ses concurrents la jalousent car ils ne savent promettre que 1% d’intérêts, 1.5% au mieux.

Le Cardinal (1963)

Film d’Otto Preminger, le Cardinal narre les souvenirs des différentes étapes de la vie d’un homme d’Eglise (Tom Tryon) : son supérieur qui, pour l’éprouver, l’envoie au fin fond du Canada, son retour provisoire à la vie laïque et sa rencontre avec Annemarie (Romy Schneider), ses rapports avec sa sœur qui veut épouser un Juif.

Le racisme au Vatican (de 1h38m00 à 1h44min30)

Cette séquence présente l’émergence implicite des totalitarismes italien et allemand à travers le regard et le discours de l’Eglise, incarnée ici par un cardinal. Annonçant également les lois racistes allemandes, elle serait à placer en amont de l’étude des lois de Nuremberg. Le comportement de son acteur principal reste néanmoins à relativiser et à confronter aux actes d’héroïsme dont ont pu faire preuve certains hommes d’Eglise durant la Seconde Guerre mondiale.

  1. Où et quand se déroule l’extrait ? Quel en est le contexte politique ?
  2. Présentez Monseigneur Fermoyle.
  3. Présentez Père Gillis.
  4. Qui Père Gillis rencontre-t-il ?
  5. Quelles sont les deux raisons pour lesquelles Père Gillis est venu ?
  6. Quelle réponse obtient-il ?
  7. Comment se termine l’entrevue ?
  8. Comment peut-on qualifier l’Eglise face au cas évoqué dans l’extrait ?

Corrigé

  1. L’extrait du film se déroule au Vatican, à Rome, en 1934. A cette époque, l’Italie est dirigée par Benito Mussolini qui a installé un régime fasciste, c’est-à-dire totalitaire. L’Allemagne, elle, est dirigée par Adolf Hitler qui détient les pleins pouvoirs et qui installe un régime totalitaire et raciste.
  2. Monseigneur Fermoyle est conseiller aux affaires américaines auprès du Pape, au Vatican.
  3. Père Gillis est un prêtre noir américain, venu de Lamar, ville de l’état de Géorgie.
  4. Père Gillis rencontre le cardinal Giacobbi, à défaut du Pape.
  5. Père Gillis est venu pour deux raisons : la seule école catholique de sa région n’accepte pas les enfants noirs et son église a été saccagée en représailles de sa ténacité à vouloir établir l’égalité entre Blancs et Noirs.
  6. La réponse du cardinal Giacobbi est assez froide : il reproche à Père Gillis d’avoir provoqué l’incendie de l’Eglise. Par ailleurs, le cardinal Giacobbi ne prône pas particulièrement le régime démocratique.
  7. L’entrevue se termine sans qu’aucune solution concrète n’ait été trouvée pour Père Gillis. Le cardinal Giacobbi se met immédiatement à l’étude d’un autre dossier.
  8. L’Eglise, incarnée par le cardinal Giacobbi, peut être qualifiée de lâche et de raciste : elle ne désire pas s’impliquer dans ce conflit qu’elle considère comme lointain et injustifié et cautionne les pratiques ségrégationnistes observées aux Etats-Unis. Cette attitude va dans le sens des idées racistes défendues par Hitler et qui seront bientôt légalisées en Allemagne.

Le ségrégationnisme aux Etats-Unis (de 1h47min50 à 2h00min40)

Le ségrégationnisme aux Etats-Unis peut avoir deux moments forts dans la scolarité au collège : il peut être étudié dès la classe de 5ème dans le cadre de la partie sur l’égalité en éducation civique, mais il peut également être étudié en classe de 3ème lors de l’évocation de l’histoire de la formation des Etats-Unis ou de la mosaïque ethnique américaine.

  1. Pourquoi Monseigneur Fermoyle rend-il visite à Père Gillis ?
  2. Quelle est l’attitude de Monseigneur Whittle et du Sheriff Dubrow envers Père Gillis ?
  3. Quelle manifestation a lieu sur la place de la ville ?
  4. Comment Monseigneur Fermoyle est-il accueilli à l’hôtel ? Que lui reproche-t-on ?
  5. Quel type de discours adoptent les Blancs de l’hôtel ?
  6. Quelles sont les activités nocturnes de ces Blancs ?
  7. Cherchez à quelle organisation ils appartiennent. Quel adjectif pourrait qualifier cette organisation ?

Corrigé

  1. Monseigneur Fermoyle rend visite à Père Gillis car l’église de ce dernier a été incendiée. Il encourage Père Gillis à témoigner lors de l’audience du lendemain suite à la plainte qu’il a déposée.
  2. L’attitude de Monseigneur Whittle et du Sheriff Dubrow envers Père Gillis est méprisante : ces deux personnages le nomment “Gillis”, “ce garçon”, “ce père Gillis”. Ces indices de familiarité excessive laissent supposer leurs opinions racistes envers les Noirs.
  3. Sur la place de la ville a lieu une manifestation de Blancs catholiques pratiquants qui défendent la ségrégation raciale. On peut lire sur une pancarte : “La ségrégation est la loi de Dieu”.
  4. Monseigneur Fermoyle est mal accueilli à l’hôtel : on prétend qu’il n’y a plus de chambre disponible et on lui reproche de faire disperser la manifestation en faveur de la ségrégation.
  5. Les Blancs de l’hôtel ont un discours raciste explicite : “y’a un certain nègre qui veut faire des embêtements aux Blancs”, “un prêtre nègre”, “un prêtre catholique nègre”, “ça serait difficile de trouver au-dessous de ça”, “le quartier nègre”, “une petite roulure moricaude”.
  6. Les activités nocturnes de ces Blancs sont des tortures, en l’occurrence celle d’abord d’un Noir ensanglanté jeté d’une voiture, celle ensuite de Monseigneur Fermoyle qui tentait de secourir la victime. Monseigneur Fermoyle est emmené près d’une croix enflammée où il lui est demandé de cracher sur un crucifix. Refusant de s’exécuter, il est fouetté. Il se réveille ensanglanté le lendemain matin.
  7. Ces personnages appartiennent à l’organisation du Ku Klux Klan qui défend la supériorité de la race blanche à travers des actions de terreur. Leur costume blanc participe à la peur qu’ils procurent auprès de leurs victimes noires.

La persécution des Juifs en Allemagne (de 2h17min28 à 2h20min54)

Point essentiel de la barbarie nazie, la persécution des Juifs en Allemagne illustre la politique raciste du IIIème Reich en mettant en scène les théories contenues dans Mein Kampf d’Adolf Hitler. Etudiée dès la leçon sur l’Allemagne nazie, cette séquence peut aussi faire l’objet d’une introduction aux camps de concentration et d’extermination étudiés dans la leçon sur la Seconde Guerre mondiale.

  1. Quelle est l’opinion de Annemarie von Hartman sur la politique d’Adolf Hitler ? Citez deux exemples.
  2. Quelle est l’opinion de Kurt von Hartman sur la politique d’Adolf Hitler ? Citez deux exemples.
  3. Qui arrive à l’improviste chez le couple von Hartman ? Rappelez son rôle.
  4. Que provoque cette arrivée impromptue ?
  5. D’après les dires de Annemarie von Hartman, quelle en est la raison ?

Corrigé

  1. L’opinion de Annemarie von Hartman sur la politique d’Adolf Hitler est positive et optimiste. Elle considère que l’Allemagne va enfin entrer dans une phase de modernisme, est désormais un grand pays puissant, et elle se réjouit de savoir que la paix est le rêve d’Hitler.
  2. L’opinion de Kurt von Hartman sur la politique d’Adolf Hitler est plus mitigée : il pense que les Nazis vont se développer ou s’effondrer, vont mener l’Allemagne vers la guerre et il leur reproche leur brutalité.
  3. La Gestapo arrive à l’improviste chez le couple von Hartman. La Gestapo est la police secrète du IIIème Reich : elle va surveiller, arrêter, torturer ou exécuter les opposants au régime nazi.
  4. Cette arrivée impromptue provoque le suicide de Kurt von Hartman : il se défenestre.
  5. D’après les dires de Annemarie von Hartman, son mari s’est suicidé car sa grand-mère paternelle était juive. Les Nazis le savaient et Kurt von Hartman vivait dès lors dans un délire de persécution.

La Passante du Sans Souci (1982)

Film de Jacques Rouffio, la Passante du Sans Souci met en scène l’assassinat de l’ambassadeur du Paraguay par Max Baumstein (Michel Piccoli) qui se constitue immédiatement prisonnier. La victime était un ancien officier nazi responsable de la mort des parents adoptifs de Max, Michel (Helmut Griem) et Elsa Wiener (Romy Schneider)

Les crimes nazis et leur vengeance (de 0h14min48 à 0h26min29)

Autre image de la persécution des Juifs en Allemagne, cette séquence présente en supplément non négligeable le regard du présent sur le passé, le traumatisme d’un enfant qui ne s’efface pas avec le temps. La vengeance froide et tardive de Max Baumstein n’est pas sans rappeler un fait postérieur : le meurtre de René Bousquet. L’extrait permet ainsi une discussion sur la vie des Nazis survivants après la Seconde Guerre mondiale, telle que celle d’Adolf Eichmann en Argentique jusqu’en 1960.

  1. Dans quel but Max Baumstein est-il venu rencontrer Frederico Lego, l’ambassadeur du Paraguay ?
  2. Quelle était l’identité et la fonction de l’ambassadeur dans le passé ?
  3. A quelle période et en quel lieu se situe le flash-back ?
  4. Que met en scène ce flash-back ?
  5. De ce fait, à votre avis, pourquoi Max Baumstein a-t-il assassiné l’ambassadeur ?

Corrigé

  1. Max Baumstein est venu rencontrer Frederico Lego, l’ambassadeur du Paraguay, dans le but de faire libérer une personne. Il est président fondateur de l’association “Solidarité Internationale”.
  2. L’ambassadeur s’appelait Ruppert von Leggaert et était attaché d’ambassade à Paris en 1933.
  3. Le flash-back se situe en mars 1933 à Berlin. A cette époque, Hitler est chancelier et vient d’obtenir les pleins pouvoirs. Il met déjà en œuvre sa politique dictatoriale en incendiant le Reichstag afin d’arrêter les communistes et de limiter la liberté de la presse.
  4. Ce flash-back met en scène Max et son père dans une rue de Berlin. Ils sont empoignés par des policiers nazis. Max assiste à la torture et à la mort de son père qui est tué d’un coup de revolver. Une des jambes de Max est fracassée contre un arbre. Celle que Max nommera ensuite Elsa Wiener vient le secourir en tentant de l’écarter des policiers qui le maltraitent. Ces persécutions laissent entendre que Max et son père sont juifs.
  5. Max n’a pas assassiné l’ambassadeur pour cette persécution précise car ce dernier était en fonction à Paris, et non à Berlin. En revanche, les références à Elsa et Michel Wiener en fin d’extrait laissent supposer qu’il s’agit de rendre vengeance au couple. Michel Wiener étant présenté comme un éditeur, il aurait souffert de la répression nazie à l’encontre des intellectuels et aurait été déporté et tué avec sa femme, sur ordre de l’ambassadeur, alors appelé Ruppert von Leggaert.

La dictature nazie (de 1h06min10 à 1h11min50)

Dès son arrivée au pouvoir, Hitler impose sa dictature en limitant la liberté de la presse à la suite de l’incendie du Reichstag, en février 1933. En mars, il obtient du Reichstag les pleins pouvoirs et interdit peu après les syndicats et les partis politiques non nazis. C’est ce que nous laisse voir cet extrait, qui développe également les arrestations, les tortures et les exécutions des opposants et des Juifs.

  1. Où et quand se passe la scène ?
  2. Comment est représentée la discrimination raciale ?
  3. Comment est représentée la terreur des Juifs allemands ?
  4. Qu’est-il arrivé à Maître Hellwig ?
  5. Que représente la rue calme et propre vue de la fenêtre ?
  6. Comment monsieur Bouillard est-il vu par madame Hellwig ?
  7. Que veut montrer le dernier plan de l’extrait ?

Corrigé

  1. La scène se passe en Allemagne durant les années 1930, alors qu’Hitler est au pouvoir.
  2. La discrimination raciale est représentée par une croix de David accrochée à la porte de l’appartement dans laquelle est inscrite Jude.
  3. La terreur des Juifs allemands est représentée par l’attitude craintive persistante de madame Hellwig. Cette dernière tient sa porte fermée un long moment avant de faire entrer monsieur Bouillard car elle craignait que ce soit la Gestapo. Elle évoque les coups de téléphone nocturnes de cette dernière, ses menaces dans les rues, ses injures.
  4. Maître Hellwig avait disparu deux mois auparavant et son épouse a reçu ses cendres dans une urne il y a trois semaines.
  5. La rue calme et propre vue de la fenêtre représente la dictature nazie : Hitler a “tout nettoyé”, “tout est net”. Il n’y a plus de musiciens, de syndicalistes, d’avocats, d’opposants.
  6. Monsieur Bouillard est vu de différentes façons par madame Hellwig : comme un inconscient qui ne peut comprendre les atrocités des Nazis faites aux Juifs et qui prend madame Hellwig pour une folle, comme un complice des Nazis en leur vendant du champagne, comme une présence masculine qui la rassure.
  7. Le dernier plan de l’extrait présente un drapeau nazi en face des fenêtres de l’appartement du couple Hellwig. Ce drapeau veut montrer l’omniprésence du régime nazi dans la vie quotidienne des Allemands, et plus particulièrement des Juifs. Il participe à la persécution psychologique que subit madame Hellwig.

Le Train (1973)

Film de Pierre Granier-Deferre, le Train est directement inspiré du livre de Georges Simenon. Il peint l’exode de 1940 à travers le voyage d’un homme (Jean-Louis Trintignant), séparé de sa femme et sa fille, qui fait la connaissance d’Anna (Romy Schneider), une jeune Allemande juive.

L’exode (de 0min00 à 11min15)

Premier moment dans l’étude de la Seconde Guerre mondiale, la visualisation de l’exode des civils en mai-juin 1940 permet de se pencher sur la vie quotidienne des Français à cette époque, tout comme elle sera observée lors de l’occupation allemande avec les restrictions qu’elle engendre. L’extrait choisi complète la lecture de la carte des victoires allemandes de 1939-1940 et la notion de “guerre-éclair”. Il a le mérite de réunir toutes les classes sociales et de faire ressentir l’atmosphère tendue et précipitée du moment.

  1. Décrivez la ville durant le générique.
  2. Quelle en est la cause ?
  3. Présentez la famille filmée.
  4. Comment quitte-t-elle sa maison ? Comment voyage-t-elle ensuite ?
  5. Décrivez les abords de la gare.
  6. Pourquoi la famille est-elle séparée ?
  7. Présentez trois personnes différentes qui voyagent avec le personnage central.

Corrigé

  1. La ville semble déserte : les seules présences humaines sont celles de quelques soldats français et des foyers qui fuient en voiture.
  2. Nous sommes en 1940. Les images d’archives, qui font suite au générique, rappellent qu’il s’agit de la période de l’invasion des Allemands aux Pays-Bas, en Belgique et bientôt en France. Suite à l’écoute des actualités radiophoniques, le père de famille dit clairement : “Ca y est, ils foncent sur nous !”
  3. Le père de famille s’appelle Jean Maroyeur, il est réparateur de TSF. Il est marié et a une fille. Sa femme attend un deuxième enfant.
  4. La famille quitte sa maison en emportant quelques valises qu’elle transporte à l’aide d’une charrette. Elle ne possède pas de voiture. Elle se dirige donc vers la gare : elle va emprunter le chemin de fer.
  5. Les abords de la gare sont très animés : y circulent des charrettes et des voitures très remplies, allant jusqu’à transporter des matelas. Des habitants s’affairent à charger leur véhicule. Une partie de la population de la ville prend la même direction que celle de la famille : celle de la gare.
  6. La famille est séparée car tous les wagons ne sont pas du même type. De ce fait, les wagons à voyageurs sont destinés aux femmes, aux enfants et aux vieillards, selon la loi. Les wagons à bestiaux et à marchandises sont destinés aux hommes.
  7. Le personnage central voyage avec un ancien combattant de la Grande Guerre (qui ressemble étrangement à Philippe Pétain), un déserteur et une femme aux mœurs en apparence légères qui préfère voyager avec les hommes.

L’Assassinat de Trotsky (1971)

Film de Joseph Losey, L’Assassinat de Trotsky est une reconstitution fidèle de l’assassinat du rival de Staline (Richard Burton) par Franck Jackson (Alain Delon) qui, par l’intermédiaire de Gita (Romy Schneider), réussit à gagner sa confiance. Le personnage de Franck Jackson est directement inspiré du véritable assassin, Ramon Mercader.

Trotsky exilé et surveillé (de 0h00min00 à 0h11min26 + de 0h30min28 à 0h34min03)

En marge du programme officiel du cours d’histoire de 3ème, l’épisode de l’exil et de la surveillance de Trotsky par Staline illustre néanmoins très justement le régime de terreur qu’impose le dictateur russe envers ses opposants politiques. Même si l’extrait met en scène Trotsky au Mexique en 1940, il peut parfaitement être inséré dans le leçon dédiée à l’URSS de Staline, et non dans la leçon sur la Seconde Guerre mondiale.

  1. Rappelez brièvement qui est Trotsky d’après vos recherches préliminaires.
  2. Pourquoi est-il en exil de 1907 à 1917 ?
  3. Par qui est-il exilé à partir de 1929 ?
  4. Où et quand a lieu la séquence ?
  5. Pourquoi ce jour est-il particulier ? Précisez grâce aux images et aux dialogues.
  6. Quelle est l’opinion politique de Gita ?
  7. Quel incident a lieu ?
  8. Que Trotsky reproche-t-il à Staline ?
  9. Qu’est-ce que le “cancer de la contre-révolution” ?
  10. Comment ce “cancer” se concrétise-t-il ?
  11. Comment Trotsky se protège-t-il ?

Corrigé

  1. Trotsky est né en Ukraine en 1879. Il porte des idées révolutionnaires, ce qui lui vaut d’être exilé à différentes reprises. En Russie en 1917, il rallie les bolcheviks et est l’un des organisateurs de la révolution d’Octobre. Il crée l’Armée Rouge et dénonce le pouvoir grandissant de Staline, successeur de Lénine. Expulsé du territoire soviétique, il finit sa vie au Mexique où il est assassiné en 1940.
  2. De 1907 à 1917, la Russie est un empire dirigé par le tsar Nicolas II. Ce dernier s’oppose fermement aux idées révolutionnaires et exile donc Trotsky.
  3. A partir de 1929, Trotsky est exilé par Staline, le successeur de Lénine à la tête de l’URSS.
  4. La séquence a lieu à Mexico en 1940, plus précisément le 1er mai, appelé ici “May Day”.
  5. Le 1er mai est un jour particulier car c’est un jour férié pour de très nombreux pays du monde : c’est la fête du travail, donnant lieu à des manifestations. La séquence montre le défilé des ouvriers avec leurs banderolles et le chant de l’Internationale scandé au loin. Gita précise à Franck que les banques sont fermées.
  6. Gita est communiste car Franck le lui dit. Elle s’approche du défilé et crie “Viva Trotsky”. Elle fait partie du comité de soutien de Trotsky à Mexico.
  7. La manifestation est perturbée par des heurts entre les trotskystes et les opposants à Trotsky. Ces derniers brandissent une caricature du visage de Trotsky et on distingue sur leurs banderoles les mots “contra Trotsky”.
  8. Trotsky reproche à Staline de faire cause commune avec “les impérialistes, les fascistes, les bureaucrates de Wall Street”. Il lui reproche également sa politique étrangère dans un contexte de guerre mondiale.
  9. Le “cancer de la contre-révolution” est cette intrusion des pro-Staline, appelés les “vautours”, soutenant la contre-révolution, sur le territoire de Trotsky au Mexique qui défend la révolution.
  10. Ce “cancer” se concrétise par une tentative d’assassinat de Trotsky, commanditée par Staline. Cet attentat est fidèle à la politique d’élimination des opposants politiques menée par Staline depuis son arrivée au pouvoir en URSS.
  11. Trotsky se protège en vivant dans une maison constamment surveillée par des gardes américains.

Le Vieux Fusil (1975)

Film de Robert Enrico, le Vieux Fusil raconte la vengeance d’un homme (Philippe Noiret), victime de la débâcle des Allemands. Les occupants, sentant la défaite approcher, ont tué sa femme (Romy Schneider) et sa fille, ainsi que la population du bourg où il possède un vieux château. Succès populaire et César du meilleur film 1975, le Vieux Fusil marque les esprits par la violence des personnages qu’il met en scène.

L’occupation allemande (de 2min35 à 21min15)

De l’occupation allemande, de très nombreux réalisateurs dans le monde se sont attelés à sa mise en scène. L’extrait choisi n’est peut-être donc pas le meilleur car il ne tend pas vers l’exhaustivité des aspects à étudier en classe, mais il a la caractéristique de vouloir témoigner d’un moment critique, celui du déclin de la présence militaire allemande en France et des incertitudes des officiers.

  1. Citez un élément de l’occupation allemande la nuit.
  2. Présentez le personnage principal du film.
  3. Quelles sont les contraintes de son métier à cette époque ?
  4. Qui vient lui rendre visite ? Pour quelle raison ?
  5. Pourquoi peut-on dire que le personnage central n’est pas un collaborateur ?
  6. Quelle menace subit-il ? Quelle en est la conséquence ?
  7. Citez deux contraintes de l’occupation allemande concernant l’énergie.
  8. Citez une contrainte de l’occupation allemande concernant la circulation.
  9. Quel indice nous fait dire que nous approchons du recul allemand ?

Corrigé

  1. L’occupation allemande se manifeste la nuit par le bruit des tirs, des bombardements et des bottes des soldats.
  2. Le personnage principal du film est le chirurgien d’un hôpital de province. Il est marié et a une fille.
  3. Il ne peut pas travailler dans de bonnes conditions. L’hôpital est rempli de malades : il y a des lits jusque dans les couloirs et une aile du bâtiment est réservée aux Allemands. Il y a une pénurie évidente de médicaments, tels que les sulfamides.
  4. C’est la milice française qui vient lui rendre visite, une organisation paramilitaire luttant contre la résistance. Elle vient y chercher un “communiste saboteur” qui a tué deux miliciens.
  5. Le chirurgien n’est un pas un collaborateur. Même s’il prétend ne pas faire de politique en soignant les blessés, quels qu’ils soient, il tente de protéger des résistants en en cachant un à la chaufferie par exemple.
  6. Il lui est rappelé qu’il pourrait être emmené à la Gestapo afin d’y être fusillé. Il lui est également rappelé qu’il a une famille qui pourrait avoir à souffrir de sa résistance face à l’occupant. De ce fait, il va envoyer sa femme et sa fille à la campagne, dans un bourg où il possède une demeure, afin de les protéger de toute menace.
  7. L’électricité devient interdite d’usage et rare : les rues ne sont plus éclairées et les coupures dans les domiciles sont nombreuses. On s’éclaire donc le plus souvent à la bougie ou à la lampe à pétrole. L’essence aussi devient rare car elle est réquisitionnée : on adapte donc les véhicules existants à des énergies de substitution telles que le charbon de bois pour le gazogène.
  8. Il est interdit de circuler la nuit durant la période du couvre-feu. Le chirurgien a un laissez-passer, du fait de sa profession.
  9. Le personnage principal dit clairement : “Ils se rendent compte que c’est foutu, alors ils deviennent de plus en plus fous”.

Portrait de groupe avec dame (1977)

Film d’Aleksandar Petrovic, Portrait de groupe avec dame raconte quarante ans de la vie d’une femme, Leni (Romy Schneider), que la Seconde Guerre a marqué à jamais dans son esprit. Trop méconnu en France, ce film a pourtant permis à Romy Schneider de remporter le Prix d’or d’interprétation féminine aux Prix du Cinéma Germanique.

Les derniers combats : Allemands contre Russes (de 55min08 à 1h09min00)

Phase finale de la guerre en Europe, les tout derniers combats en Allemagne ont provoqué d’immenses destructions et ont fini de mettre la capitale en ruines, paysage dévoilé par Roberto Rossellini dans son film Allemagne année zéro. Cet extrait permet de voir ces ruines, reconstituées, mais surtout de s’imprégner de l’atmosphère à la fois désertique et désolée de l’endroit, et du traumatisme des derniers habitants.

  1. Quelle est la nationalité des prisonniers ?
  2. Que leur arrive-t-il ?
  3. Dans quel paysage déambulent-ils ?
  4. Que laisse supposer ce paysage ?
  5. Qui est “Simon” ?
  6. Comment le réalisateur représente-t-il la violence des derniers combats ?
  7. Comment le réalisateur représente-t-il l’angoisse de Leni ?

Corrigé

  1. Les prisonniers sont russes. On devine leur nationalité à la langue des dialogues sous-titrés, au fond sonore chanté et au mot “camarades”.
  2. Ils ont été abandonnés par les soldats allemands qu’ils nomment les “camarades fascistes”. Ils se retrouvent donc seuls, livrés à eux-mêmes, à la recherche de nourriture.
  3. Ils déambulent dans un paysage désolé et vide. Tout n’est que ruines fumantes. Les immeubles ont été détruits et il n’y a plus aucune population à part eux.
  4. Ce paysage laisse supposer que des combats très violents ont récemment eu lieu à cet endroit : il s’agit de l’arrivée des Russes et des derniers moments de résistance des soldats nazis. Ces derniers sont très rares mais restent traqués.
  5. “Simon”, comme le nomme le soldat russe, est un soldat allemand égaré au milieu des ruines. Il est hébété de la violence des derniers combats et de l’échec de l’armée allemande. Le soldat russe le qualifie d’enfant et rappelle que la fin de la guerre est annoncée quand les personnes les plus jeunes sont appelées à faire office d’armée (cf les derniers combats à Berlin avec des adolescents venus rejoindre les rangs nazis).
  6. Le réalisateur utilise à la fois l’image et le son pour représenter la violence des derniers combats : des immeubles s’effondrent tout entiers, des nuages de fumée obscurcissent le lieu, des sirènes amplifient l’angoisse des personnages qui courent désespérément et trébuchent, des véhicules traversent des espaces enflammés.
  7. Le réalisateur représente l’angoisse de Leni à travers ses prières incessantes (“Sainte Marie, mère de Dieu, aie pitié de nous !”), ses mains qui enserrent sa tête, ses larmes, ses cris et son appel (“Boris, ich habe Angst !”). L’attitude terrorisée des autres personnages dans le souterrain ajoute un degré d’angoisse à cette scène.

L’opportunisme dans la guerre (de 1h13min38 à 1h18min10)

Alors que des hommes et des femmes pleurent leurs proches disparus, d’autres pensent déjà à profiter du malheur pour en faire une fortune personnelle, à l’image du personnage opportuniste de cet extrait. C’est un profil peu valorisant qui nous est montré, mais qui rappelle certains écrits des soldats du précédent conflit mondial sur les profiteurs de l’arrière.

  1. Qui est le visiteur ? Que désire-t-il ? Pourquoi ?
  2. Pourquoi peut-on dire que son interlocuteur est un opportuniste ?
  3. Comment ce personnage opportuniste profite-t-il des destructions ?
  4. Curieusement, qui emploie-t-il sur son chantier ?

Corrigé

  1. Le visiteur est un soldat allemand habillé en civil. Il désire emprunter une moto afin de s’enfuir car il se sent poursuivi par les Américains.
  2. Son interlocuteur est un opportuniste pour deux raisons. D’une part, il était adhérent au parti nazi mais a rendu sa carte une semaine avant l’entrée des Américains dans le pays, sentant la chute du IIIème Reich proche. Il prétend d’ailleurs prouver l’officialisation de ce changement de position par un justificatif. D’autre part, il veut vendre sa moto au prix maximal. Il veut faire de l’argent sur la fuite du visiteur allemand en en tirant 10 000 marks.
  3. Ce personnage opportuniste compte récupérer les débris d’acier des immeubles effondrés afin de les revendre lors de la reconstruction de la ville. Il considère l’acier présent dans les ruines comme de “l’or pur” qu’il suffit de ramasser.
  4. Il emploie sur son chantier Alfred Bullhorst, un russe emprisonné par les Nazis pendant la guerre. Ce dernier aurait du profiter de la libération du pays pour retrouver ses droits mais il reste sous la tutelle de l’entrepreneur allemand.

Conclusion

Utiliser la filmographie de Romy Schneider dans les cours d’histoire au collège permet donc l’étude d’une grande diversité de concepts. Les séquences ici choisies et développées ne sont qu’une suggestion et peuvent permettre d’entrouvrir des travaux sur d’autres séquences. On pourrait uniquement reprocher à cette filmographie historique de ne se concentrer que sur la Seconde Guerre mondiale. Néanmoins, la diversité des réalisateurs et des sujets traités permet de varier les points de vue et l’utilisation que l’on peut en faire d’année en année.

L’utilisation d’extraits des films Triple Cross (1967) de Terence Young et Une Femme à sa fenêtre (1976) de Pierre Granier-Deferre semble malaisée du fait que ces deux longs métrages évoquent des destins trop personnels pour que le contexte historique puisse être interrogé en classe. Quant au film Les Vainqueurs (1963) de Carl Foreman, il développe un rythme trop lent pour pouvoir en extraire une séquence efficace. Néanmoins, la sévère remise en cause de la grandeur américaine lors du recul allemand des années 1944 et 1945 qu’exprime ce film peut lui donner une place de choix dans l’étude de la mémoire de la guerre au cinéma en classe de Terminale.