Marie-Noëlle Gairaud-Deschamps propose le compte-rendu d’un projet ambitieux : travailler avec des élèves de troisième sur le thème du « rève américain » à travers 4 films. Cet article propose le 2nd travail, sur le film de Arthur Penn, « Little Big Man« .

Le film

Little Big Man
Little Big Man

Synopsis

Jack Crabb a 121 ans et raconte son histoire à un journaliste venu enregistrer son témoignage à l’hôpital. Il prétend être l’unique survivant de la bataille de Little Big Horn où les troupes du général Custer furent massacrées par les Indiens. En 1860, Jack est un garçon d’une dizaine d’années. Avec ses parents, il part à la conquête de l’Ouest, mais leur convoi est attaqué par les Indiens. Devenu orphelin, il est recueilli, éduqué et protégé par « Grand Father », le chef d’une tribu Cheyenne, qui le surnomme Little Big Man. Il partage alors la vie et la culture de sa nouvelle famille jusqu’au jour où les Cheyennes sont décimés et où il échappe de justesse à la mort. Jack est alors recueilli par un pasteur et sa femme, laquelle est loin d’être un modèle de probité. A vingt-cinq ans, marchand puis tueur professionnel, il rencontre le célèbre Hickok et comprend que le métier de tueur n’est pas fait pour lui.

Fiche technique

– Titre : Little Big Man
– Titre original : Little Big Man, sous-titré en France Les Extravagantes Aventures d’un visage pâle
– Réalisateur : Arthur Penn
– Scénario : Calder Willingham d’après le roman de Thomas Berger
– Musique : John Hammond et John Strauss
– Date de sortie : 1970
– Film américain
– Durée : 134 min

Distribution

– Dustin Hoffman : Jack Crabb, « Little Big Man »
– Faye Dunaway : Mrs Pendrake
– Chef Dan George : Old Lodge Skins
– Martin Balsam : Allardyce T. Merriweather
– Richard Mulligan : General George A. Custer
– Jeff Corey : Wild Bill Hickok
– Amy Eccles : Sunshine

Arthur Penn : biographie

Arthur Penn est né le 27 septembre 1922 à Philadelphie (Pennsylvanie), d’un père horloger et d’une mère infirmière. Lorsqu’ils divorcent en 1925, l’enfant vit d’abord à New York avec sa mère et son frère aîné Irving, qui deviendra un célèbre photographe ; puis, à partir de 1936, à Philadelphie avec son père Harry. Au lycée, il s’initie au théâtre. Acteur dans une troupe de théâtre pendant la Deuxième Guerre Mondiale, Arthur Penn entre à la chaîne de télévision américaine NBC à la fin des années 40.

Ses débuts de metteur en scène pour le cinéma, Arthur Penn les effectue en 1958 avec Le Gaucher (Histoire revue de la légende de . Billy the kid, interprété par Paul Newman). Quatre plus tard, le cinéaste aborde pour la première fois les thèmes récurrents de son œuvre : la faillite du mythe américain et la place des exclus dans la société. Dans Miracle en Alabama (1962), c’est une jeune fille aveugle, sourde et muette qui tente désespérément de communiquer avec son entourage.

Arthur Penn filme encore l’Amérique malade, sous l’angle du polar cette fois, dans La Poursuite impitoyable (1965), chasse à l’homme dans l’Amérique négative de la ségrégation, des lynchages et de la violence. La majorité silencieuse du Texas et ses honorables vilenies sont vues sarcastiquement par A. Penn. Deux ans plus tard, le talent et la vision du cinéaste éclatent dans Bonnie and Clyde. Odyssée ultra-violente et désabusée sur fond de grande dépression, tirée d’une histoire vraie, Bonie and Clyde marque critiques et public par sa noirceur et propulse ses deux comédiens, Warren Beatty et Faye Dunaway, dans la légende du septième art. En 1970, c’est Dustin Hoffman qui illustre à sa manière l’Amérique malade dans Little Big Man, en membre vieillissant d’une communauté indienne laissée à l’abandon par une nation incapable de l’accepter.

Peu prolifique (16 films en près de 50 ans de carrière), Arthur Penn laisse poindre son angoisse de la Guerre du Vietnam dans le polar désenchanté La Fugue (1975). En 1980, le réalisateur écorne une fois de plus le mythe de l’american way of life à travers les yeux d’un jeune immigré yougoslave fraîchement débarqué aux Etats-Unis dans Georgia. Dans les années 80, Arthur Penn se tourne vers un cinéma plus commercial, comme les thrillers Target (1985) ou Froid comme la mort (1986).

Filmographie (extraits)

– 1957 The Left-Handed Gun (Le Gaucher)
– 1962 The Miracle Worker (Miracle en Alabama)
– 1964 Mickey One (Mickey One)
– 1965 The Chase (La Poursuite impitoyable)
– 1967 Bonnie and Clyde (Bonnie and Clyde)
– 1969 Alice’s Restaurant (Alice’s Restaurant)
– 1970 Little Big Man (Little Big Man ou Les Extravagantes Aventures d’un visage pâle)
– 1975 Night Moves (La Fugue)
– 1976 The Missouri Breaks (Missouri Breaks)
– 1981 Four Friends (Georgia)
– 1985 Target (Target)
– 1987 Dead of Winter (Froid comme la mort)
– 1993 The portrait (TV)
– 1995 Un épisode de Lumière et compagnie
– 1996 Inside
– 2001 Un épisode de « 100 Centre Street »

QUESTIONNAIRE SUR LE FILM


I La structure du film et la mise en place du récit.

  1. Le film se divise en trois parties, essayez de retrouver ces trois parties (quand débute-t-elle, quand s’achève-t-elle ?) et donnez un titre à chacune d’entre elles.
  2. Comment se fait toute la narration du film ?
  3. Sur quel procédé cinématographique le film est-il construit ?
  4. La séquence d’ouverture présente le personnage principal, comment se nomme-t-il ?
  5. Comment le journaliste perçoit-il le personnage principal au début de l’interview ? Une fois que vous avez vu l’intégralité du film, qu’en est-il en réalité ?
  6. Sur quel tableau le récit du personnage s’ouvre-t-il ?
  7. A quel mot utilisé et expliqué par le journaliste cette scène renvoie-t-elle ?

II Du mythe de l’Ouest à la réalité présentée par Arthur Penn dans le film

  1. Que signifie le terme « mythe » ?
  2. Citez quelques exemples de héros « mythiques » ou « de la légende du Far West »
  3. Retrouvez l’un de ces exemples présenté dans le film d’A. Penn. Comment le réalisateur le dépeint-il ? (Pour vous aider, vous pouvez remplir le tableau ci-dessous).
  4. Comment appelle-t-on le procédé consistant à « briser le mythe » au profit de la réalité ?

|Vision traditionnelle du Far West|Comment ce film présente ces éléments|
|Violences voire cruauté des Indiens à l’égard des Blancs|-|
|Communauté blanche très attachée à la religion|-|
|Charlatan + goudrons/plumes|-|
|Héroïne féminine : Calamity Jane ou Mrs. Pendrake|-|
|Pistolero/ Wild Billy Hicock|-|
|La figure du général Custer|-|
|L’américain moyen = le commerçant|-|
|La maison close|-|
|Buffalo Bill|-|
|L’ivrogne du bar|-|
|La charge de cavalerie|-|

Ce qui dit l’Histoire (voir fiches jointes ci-dessous)

III Autres thématiques : Dérision/Tragédie

|Moments de dérision|Tragédie qui suit immédiatement après|
|-|-|

Présentation progressive du massacre

|Blancs victimes|Indiens victimes|
|Le camp de la famille de Jack Crabb|-|
|Une attaque rapide : la diligence|-|
|Une attaque sur le temps long : Little Big Horne|-|

IV Les valeurs américaines et leur remise en cause

|Valeurs établies|Valeurs sous le regard ironique du film|
|Famille|-|
|Religion, morale|-|
|Droit de se défendre|-|
|Libéralisme, entreprise individuelle|-|
|Conquête des grands espaces (Fronteer), esprit expansionniste|-|
|Héros, le « self-made man »|-|

Fiches annexes

LITTLE BIGHORN

Au matin du 25 juin 1876, le général américain George Armstrong Custer tombe dans une embuscade tendue par 2500 guerriers sioux aux ordres du chef Sitting Bull. Celui-ci n’était pas présent sur le champ de bataille mais il avait convaincu ses hommes de l’opportunité de l’attaque après avoir lui-même exécuté une danse extatique. Les 285 hommes du détachement de cavalerie se font proprement massacrer par les Indiens près de la rivière de Little Bighorn, dans le Montana.

Les guerres indiennes

Plusieurs années auparavant, le gouvernement américain avait promis aux Indiens de leur laisser la Prairie «aussi longtemps que les arbres croîtraient et que les eaux couleraient». Mais à la fin des années 1860, sous la pression des spéculateurs, le gouvernement cède une grande partie des terres aux compagnies de chemin de fer.

Rendus disponibles par la fin de la guerre de Sécession, les généraux Sherman et Sheridan brisent avec brutalité les révoltes indiennes. Mais les guerres sont relancées en 1875 par la découverte de l’or dans les Black Hills (Dakota du Sud). Les Sioux et les Cheyennes se soulèvent une nouvelle fois contre les aventuriers qui pénètrent au cœur de leurs dernières terres. Les massacres de malheureux colons isolés indignent l’opinion américaine.
Le général Custer participe à la répression des soulèvements. Quelques années plus tôt, en 1868, sur l’ordre du général Sheridan, il a attaqué un camp cheyenne, au bord de la rivière Washita.. Le camp ayant été abandonné par les guerriers, le général Custer n’a trouvé à massacrer qu’une cinquantaine de femmes et d’enfants, ce qui lui a valu une réputation de tueur d’Indiens.

Cette fois, le général Custer, qui a des ambitions présidentielles, veut à tout prix un succès militaire. Sans attendre de renforts, il se jette dans le défilé de Little Bighorn avec le projet de détruire un nouveau camp indien. Sa carrière n’ira pas plus loin. L’opinion américaine est une nouvelle fois indignée par le massacre. Les Sioux sont définitivement écrasés et Sitting Bull s’enfuit au Canada. Les guerres indiennes s’achèveront avec la défaite de Geronimo et de ses Apaches, au Nouveau-Mexique, dix ans plus tard, en 1886.

LE MASSACRE DE LA « WASHITA RIVER »

Les Indiens rescapés de Sand Creek campaient à 60 km du Fort Cobb. avec d’autres tribus Les chefs indiens étaient allés demander la protection américaine, car ils sentaient leur camp dangereusement menacé. On leur refusa l’autorisation de s’installer au pied du fort ; ils furent renvoyés avec un peu de nourriture et des paroles apaisantes. Quelques jours après leur retour au campement, les soldats arrivèrent et l’horreur recommença. C’est le « massacre de Washita ». Moyennant quoi, le Colorado est débarrassé de ses Indiens et l’État est tranquille.

Après le massacre de Washita, les rescapés se traînèrent au Fort Cobb; ils se présentèrent devant le général américain en disant, dans un anglais approximatif, « Nous sommes de bons Indiens ». Et ils s’attirèrent cette réponse :

« Les seuls bons Indiens que j’ai connus étaient des Indiens morts ».

D’où la phrase qui est restée dans l’Histoire : « Il n’est de bon Indien qu’un Indien mort »

WILD BILL HICKOK

Le plus célèbre, le plus rapide et le plus impitoyable des tueurs professionnels de l’Ouest fut sans doute James Butler « Wild Bill » Hickock. Né dans l’Illinois, il combattit en 1857 dans le « Bleeding Kansas », puis servit comme espion et éclaireur dans les rangs de l’Union pendant la guerre de Sécession.
Joueur impénitent, mais aussi excellent tireur et tueur de sang-froid, il fut élu shérif du comté d’Ellis en 1869, mais un meurtre inexpliqué lui coûta sa réélection, et il reprit sa route aventureuse, semant les morts derrière lui et acquérant peu à peu une formidable réputation, qui lui valut d’être arrêté en 1870 à Topeka, puis d’être nommé marshal d’Abilene en 1871.

Tout en continuant d’être un pilier de tripot, il débarrassa la région de quelques-uns de ses desperados les plus célèbres, mais, avec son obsession de tirer d’abord et de discuter ensuite, il abattit un jour par erreur un de ses adjoints, et il fut bientôt démis de ses fonctions.

En 1872 et 1873, il se produisit en public dans le « Wild West Show » de Buffalo Bill, puis, en 1876, il suivit la ruée vers l’or des Black Hills et s’établit à Deadwood Gulch, dans le Dakota de Sud où il « prospecta » à sa manière en hantant les tripots où les mineurs venaient perdre leur poussière d’or. Il avait, à cette époque, tué entre 35 et 85 personnes, et les parents, les amis ou les complices de ses victimes représentaient un nombre d’ennemis considérable; aussi vécut-il les derniers mois de sa vie rongé par la paranoïa, dormant avec ses deux revolvers dans une chambre au sol recouvert d’objets métalliques et de boules de papier, afin que nul ne puisse s’approcher de lui sans faire de bruit. Le 2 août 1876, un habitant de la ville dont les motivations n’ont jamais été clairement élucidées l’abattit d’une balle dans la nuque. Il avait 39 ans, et sa mort ne fut sans doute pas celle qu’avaient espérée les lecteurs de la presse à sensation, mais cela n’empêcha pas ses admirateurs de démonter son tombeau et la grille qui l’entourait pour conserver un souvenir impérissable de ce grand tueur.

CALAMITY JANE

La vie de Calamity Jane semble avoir été plus remarquable que sa légende. À une époque très puritaine, où une femme ne se mettait jamais en pantalon, ne fumait ni ne buvait d’alcool, Calamity Jane menait une vie tout à fait scandaleuse : chercheuse d’or, poseuse de rails, éclaireuse pour l’armée, conductrice de diligence, voire serveuse de saloon.

À 21 ans, elle mit au monde une petite fille à la suite de sa liaison avec une autre légende de l’Ouest du nom de “Wild Bill”. Mais estimant que son style de vie ne lui permettrait pas de l’éduquer correctement, elle décida d’abandonner son enfant.

La fiche pour les élèves
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