Las Trece Rosas, synopsis

Sorti sur les écrans en 2007, « Las Trece Rosas » évoque avec sensibilité le destin tragique de 13 jeunes femmes de 18 à 29 ans, victimes du franquisme, au sortir de la guerre civile. Militantes des Jeunesses Socialistes Unifiées (JSU), elles participent activement à la lutte du camp républicain, mais sans commettre de délits de sang. Arrêtées et emprisonnées à Madrid dans la prison pour femmes de las Ventas après la victoire de Franco, elles sont jugées, condamnées à mort par un tribunal militaire dans un procès expéditif et inique puis fusillées ensemble au matin du 5 août 1939, contre le mur du cimetière madrilène de Almudena.

Las trece rosas, un film historique

“Las trece rosas” est un film du genre historique. Le scénario repose en grande partie sur un sérieux travail d’enquête mené par le journaliste et écrivain Carlos Fonseca publié en 2004 sous le titre “ Trece rosas rojas”. “Film historique”, mais avec toutes les précautions d’usage à rappeler aux élèves! Si la trame des faits est “historique”, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une oeuvre cinématographique qui obéit à la loi du genre: scénarisation de l’histoire; recours à des procédés fictionnels qui relèvent de la liberté du cinéaste. Ce sont ces procédés narratifs qui donnent au film sa cohérence (quand il est réussi…) et son sens.

Rappeler aux élèves ces choses élémentaires permet de mettre une certaine distance entre le film et le spectateur et de créer les conditions d’une analyse filmique selon deux axes complémentaires: que nous apprend le film sur le passé? Que veut nous montrer le cinéaste sur le passé? Cette dernière question est fondamentale pour l’éducation des élèves à l’analyse critique de l’image. Quel est le sens de telle séquence, de tel plan, de tel raccord? Quel message le cinéaste veut- il faire passer au spectateur?

De plus, comme tout film “historique”,Las trece rosas” nous renseigne autant sur le présent de sa réalisation que sur le passé qu’il reconstitue. Sorti sur les écrans en 2007, il s’inscrit dans le courant de récupération de la mémoire républicaine de la guerre civile qui se développe en Espagne dans les années 2000. Le mouvement pour la récupération de la mémoire historique, phénomène politique et social, a aussi une dimension culturelle propre à toucher le grand public. Romans tels “el lapiz del carpintero” de Manuel Rivas en 1998; “la voz dormida” de Dulce Chacón en 2001; films etc…

Pistes pour l’exploitation du film en classe de dnl

J’analyse ce film en classe de dnl première en conclusion de l’étude de la guerre d’Espagne, comme une “respiration” après un thème exigeant pour les élèves. Il permet d’aborder les conséquences de la guerre civile et sert en même temps d’introduction à la question portant soit sur le franquisme, soit sur les mémoires de la guerre civile de 1939 à nos jours , qui sera traitée en classe de terminale. Ce qui implique que les élèves conservent le même cahier en première et terminale.

La trame chronologique du film s’étend sur une période de 6 mois environ, de mars 1939 avec la débâcle du camp républicain et l’entrée des franquistes dans Madrid jusqu’au 5 août 1939, date de l’exécution des 13 “rosas”. Je construis une petite frise chronologique avec les élèves, pour rappeler quelques repères fondamentaux et indiquer la structure narrative du film.

Par la reconstitution réussie de cette époque-charnière, le film permet d’aborder de multiples aspects.

La première séquence permet d’illustrer la dimension de guerre totale de la guerre d’Espagne: armes modernes ( avions), usage de la propagande, mobilisation des civils.

Ensuite, l’analyse peut s’articuler autour de deux thèmes essentiels:
le caractère répressif et arbitraire du régime franquiste à l’égard des vaincus que le film a pour ambition de dénoncer: arrestations; interrogatoires sous la torture; conditions de vie dans des prisons surpeuplées ( sur ce point, le film est sans doute en deça de la réalité…), justice arbitraire et expéditive; exécutions sommaires.
L’ébauche d’une dictature destinée à durer près de quatre décennies: soumission des espagnols aux mots d’ordre et normes imposés par le nouveau régime ( obligation de chanter l’hymne de la Falange,“cara al sol”, le bras levé, par exemple) la surveillance policière; la diffusion de la peur qui pousse la majorité à se soumettre et quelques-uns à dénoncer; la présence invisible mais palpable du pouvoir du dictateur; la participation de l’Eglise ( dans le système carcéral).

Ce film suscite un vif intérêt chez la plupart des élèves. Il permet de mettre des images et de rendre sensibles des notions qu’ils ont parfois du mal à appréhender, parce qu’elles sont à des années-lumière de leur quotidien. Il est utile également de leur rappeler que les examinateurs, lors de l’épreuve orale du baccalauréat, apprécient les références culturelles, qu’elles soient littéraires, artistiques ou cinématographiques…

Y Lettre à Franco-Unamuno et la guerre civile