Clio-Ciné, le site des Clionautes consacré aux usages éducatifs du cinéma est partenaires de l’agence Zéro de conduite. C’est à ce titre que nous avons la chance de présenter en avant-première, avant diffusion dans les salles le 21 octobre 2015, et avant la mise en ligne sur le site Zerodeconduite.net, le dernier film du réalisateur Olivier Hirschbiegel.
Il avait présenté « la chute » consacré aux derniers instants du Führer. Il continue à traiter de cette période de l’histoire de l’Allemagne en évoquant un personnage plutôt obscur, parce que découvert tardivement, de la résistance allemande au nazisme.

Zéro de conduite

Ce commentaire est le résultat d’un visionnage attentif du film, en avant-première, permettant la réalisation d’un dossier pédagogique qui sera présenté par notre partenaire « zéro de conduite».
Le film retrace la trajectoire « d’un héros ordinaire », qui organise tout seul, alors que la guerre vient à peine de commencer, un attentat contre Hitler, le 8 novembre 1939.
Ce film pose différentes questions, la première est celle de l’acceptation par un peuple tout entier du régime national-socialiste. La résistance a été largement minoritaire.

La seconde question est celle de la forme et de la nature de cette résistance.

Le choix de l’attentat individuel, « qui aurait pu changer le cours de l’histoire », car la plupart des hauts dirigeants du régime nazis, se trouvaient dans la salle où la bombe a explosé, 13 minutes après leur départ,n’est pas exceptionnel en soi.
Les nihilistes russes, les anarchistes français et italiens, ont pu croire que la disparition physique de celui qui incarnait le régime honni, pouvait modifier l’ordre des choses.

La troisième pourrait sembler provocatrice, surtout dans le contexte actuel.Georg Elser est un individu isolé, qui construit sa machine infernale à partir de matériaux de récupération, au terme d’un processus de prise de conscience personnel.

Ce n’est pas fondamentalement différent, même si les objectifs n’ont rien à voir, de la trajectoire de ce que l’on appelle aujourd’hui « les loups solitaires ».
Mais Georg Elser est d’abord et avant tout un combattant de la liberté, il considère qu’il a un devoir moral qui est d’éliminer ce qui apparaît comme le mal absolu pour son pays. Sa trajectoire est exceptionnelle parce que, comme on le lira ci-dessous, les projets d’attentats, les tentatives ont davantage été le fait de militaires de la Wehrmacht qui considéraient que la politique du Hitler conduirait à la ruine de l’Allemagne. Était-il des défenseurs de la liberté, alors qu’ils étaient issus d’une caste militariste fort peu attachée à la démocratie ?

Les tentatives d’attentat contre Hitler.

Georg Elser n’a pas été le seul à envisager l’élimination physique de Hitler. Dans la série des attentats projetés et cités ci-dessous on constatera que ce sont des militaires en activité qui étaient les instigateurs de ces projets. Cela peut s’expliquer à la fois pour des raisons d’opportunité, notamment la proximité « physique »avec le dictateur, mais également par cette situation très contradictoire dans laquelle se sont retrouvés les militaires lors de l’accession des nazis au pouvoir. Pour de nombreux cadres de l’armée, et notamment celle de l’armistice, la Reichswehr, une troupe de 100 000 hommes prévue dans les clauses du traité de Versailles, Adolf Hitler était considéré avec un certain mépris.
Traumatisés par la défaite de 1918, et conscients de la fuite en avant dans laquelle le régime s’engageait, jaloux également de la montée en puissance des SS, ces officiers ont pu considérer que l’élimination du Hitler était une solution. Les premiers projets d’attentats ont été conçus à partir de 1938, au moment de la crise des Sudètes à propos de la Tchécoslovaquie. On peut citer par exemple le général Ludwig Beck, cher d’état major de l’armée de terre qui démissionne le 19 août 1938. Éliminer Hitler pouvait constituer une solution pour éviter une guerre contre la France, considérée alors comme une adversaire redoutable. Il ne faut pas oublier non plus, dans cette volonté d’éliminer le dictateur, une motivation plus particulière, celle d’un mépris aristocratique pour celui que le président de la république de Weimar, le maréchal Hindenburg appelait : « le caporal de Bohême ». Toutefois ces initiatives et ces projets d’élimination de Hitler sont restés très minoritaires, la grande majorité des cadres de l’armée préférant la soumission aux ordres.


Sophie Dulac Distribution